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mardi 11 juillet 2017

Kollektivet de Thomas Vinterberg (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Seize ans après Festen, le cinéaste danois Thomas Vinterberg revient sur l'épineux problème relationnel qui peut exister entre divers personnages avec Kollektivet. Cette fois-ci, le réalisateur abandonne les restrictions techniques imposée par le « sulfureux » Dogme95 même si la pratique consistant à filmer ses personnages caméra portée à l'épaule demeure. Vinterberg abandonne également le cercle familial pour se diriger vers une communauté constituée d'amis proches du couple formé par la journaliste de télévision Anna et par Erik, professeur d'architecture. Autour d'eux, et de leur fille Freja gravitent bientôt un couple et leur enfant atteint d'une maladie du cœur, les célibataire Ole et Mona, et l'immigré turc Allon. Mais aussi et surtout très bientôt Emma, jeune étudiante attirée par son professeur d'architecture qui n'est autre qu'Erik. Le quinquagénaire se laisse bientôt séduire par cette jolie jeune femme de vingt-quatre au point de l'intégrer dans le groupe sur demande d'Anna qui plutôt que de voir l'homme qu'elle aime s'enfuir, préfère encore que sa maîtresse dorme sous le même toit qu'elle.
Kollektivet est une fable réaliste, drôle mais aussi cruelle sur la condition d'une femme que les années n'ont pas épargnée. Un constat redoutable porté par l'admirable composition de l'actrice Trine Dyrholm qui offre une interprétation toute en justesse du personnage d'Anna. Un récit s'inscrivant dans un esprit communautaire très « peace and love » que les personnages du film de Thomas Vinterberg tentent de prolonger au cœur des années soixante-dix. Un cadre recréé pour l'occasion. Un Danemark version « seventies », avec ses cols roulés, ses cheveux longs et son esprit communautaire où la sexualité est exprimée sans tabous. D'où l'arrivée d'Emma, la maîtresse. Celle qui va chambouler l'existence paisible d'Anna et Erik et de leurs colocataires. Un cadre peu ordinaire et des comportements que d'aucun jugera d'inenvisageable. Comment expliquer l'accoutumance presque immédiate des membres de la communauté pour cette jeune femme qui nuit de part sa présence à l'intégrité physique et morale d'Anna ? Avec une froideur terrible, Thomas Vinterberg impose un rythme souvent léthargique et assommant, jetant quelques fulgurances aux moments critiques, retenant ainsi le public qui espère encore retrouver la rage de Festen.

Les humeurs passagères et l'attitude de soumission d'Anna, la froideur d'Erik, l'immobilisme de Freja, et l'acceptation presque immédiate des autres pour la nouvelle venue, Emma, gênent forcément. Thomas Vinterberg nous jette à la gueule son récit sans même tenter de nous émouvoir. Durant une première partie assez ennuyeuse et forcément académique en comparaison du film qui le rendit célèbre. Pourtant, la suite va nous prouver le contraire. Le cinéaste concentre son attention sur son actrice principale. Pour elle, c'est la dégringolade. Alors qu'on la croyait jusqu'à maintenant capable de gérer une situation aussi grotesque que tragique, on comprend mieux les dessous des décisions qu'elle prend lors du repas d'anniversaire qu'elle partage avec Erik. C'est pour ne pas le perdre qu'elle dit oui à tout. Qu'elle accepte le pire pour, pourquoi pas, cultiver cet amour qui au contact d'Emma devient de plus en plus fragile jusqu'à n'être plus qu'un lointain souvenir.



Thomas Vinterberg préfère nous laisser prévoir la tournure qu'auraient pu prendre les événements. Comme si l'issue favorable à laquelle nous aspirions tous pour Anna devait s'exprimer à travers l'imaginaire des spectateurs. Chacun se faisant ainsi son propre film sur l'issue de cette histoire qui ménage quelques moments bouleversants. En invoquant les années soixante-dix, Thomas Vinterberg n'est certainement pas passé « à côté du féminisme et de la politique » comme a pu bêtement l'affirmer un critique de Télérama. Le danois a juste voulu nous raconter une histoire simple. Pari réussi...

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