Si cette affiche, là, au
dessus de cet article ne vous pique pas les yeux, c'est bon, vous
êtes aptes à regarder The Night Flier.
Pour les autres, cela risque d'être un peu plus compliqué. Non, en
fait, j'exagère un peu. Parce qu'au fond, le film de Mark Pavia vaut
bien ceux de Mick Garris, Ralph S. Singleton ou Daniel Atlas déjà
chroniqués en ces pages. Tout d'abord parce que le cinéaste choisit
de mettre en scène l'acteur Miguel Ferrer, qui, qu'on le veuille ou
non, n'a jamais vraiment bénéficié de rôles importants. A moins
que je ne me trompe, évidemment. Ce type que l'on a d'abord
découvert dans le rôle d'un cadre ambitieux de l'excellent Robocop
de
Paul Verhoeven, habitué (?) des personnages véreux, antipathiques
et opportunistes, est reconnaissable entre tous. Une gueule, quoi. Et
surtout, le fils de l'acteur José Ferrer que les plus anciens
connaissent forcément, et que ceux qui n'avaient pas fait le lien
entre les deux hommes doivent peut-être se dire désormais :
« Ah oui, effectivement, il y a une ressemblance... ».
Quand un cinéaste offre le premier rôle à un acteur de cette
envergure, les fans ne peuvent que se réjouir et se précipiter sur
la marchandise sans même regarder au préalable son contenu.
Et
pourtant à la lecture du synopsis et devant cette affiche d'une
exceptionnelle laideur, il y a de quoi se faire du soucis. D'autant
plus qu'ici, contrairement à beaucoup d'autres, celle-ci n'essaie
même pas de nous aiguiller sur une mauvaise voie et ose afficher sa
créature telle qu'elle apparaît à l'écran. Enfin, lorsqu'elle
daigne nous gratifier de sa présence parce qu'en la matière, Mark
Pavia choisit de concentrer son récit autour du personnage incarné
par Miguel Ferrer plus qu'autour du tueur en série supposé dont
chaque victime est retrouvée littéralement massacrée et portant au
cou, une morsure de chaque côté de la gorge. Richard Dees est un
journaliste travaillant pour une feuille de chou spécialisée dans
les faits-divers. Et plus c'est sordide, et plus cela correspond à
la vision de son patron Merton Morrison, atrocement interprété par
l'acteur canadien Dan Monathan (l'un des principaux interprètes de
la saga Porky's
de Bob Clark). Contrairement à la nouvelle de Stephen King éditée
pour la première fois aux États-Unis en 1988 dans l'anthologie
Prime Evil,
le film inclut un personnage féminin incarné par l'actrice
Katherine Blair. Un rôle qui se révèle au final tout à fait
dispensable puisque sa participation n'offre aucune alternative
intéressante à un sujet ne tournant de toute manière qu'autour de
son principal interprète Miguel Ferrer. Chez nous, la nouvelle
sortira une première fois sous le titre L'Oiseau
de Nuit
(une appellation qui sera reprise dans le long-métrage) avant que
Stephen King ne la réécrive et l'intègre dans le recueil
Nightmares & Dreamscapes.
Bien
que ne possédant aucune des qualités d'un The
Dead Zone,
d'un Stand By Me
ou d'un Dolores Claiborne,
The Night Flier
se révèle agréable. Le récit se penche d'abord sur le personnage
incarné par Miguel Ferrer. Sa carrière, ses turpitudes. Avant de
véritablement plonger son héros dans un récit où fantastique et
horreur font assez bon ménage. En matière de gore, si le scénario
est plutôt sommaire, les amateurs pourront se réjouir de quelques
scènes sanglantes relativement bien menées. De jolies têtes
coupées, et un final en vue subjective carrément délirant. Si la
bête du récit connue sous le nom de Dwight Renfield (l'acteur
Michael H. Moss) apparaît grotesque dans son accoutrement hautement
caricatural, et si sa gueule en latex renvoyant parfois aux pires
nanars est pathétique, The Night Flier agit
cependant de manière positive, on ne sait par quel miracle. A moins
qu'à elle seule, la présence de Miguel Ferrer ne justifie que l'on
daigne sacrifier une heure trente de son existence devant une œuvre
mi-figue, mi-raisin... ?
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