Soixante ans au compteur,
et des dizaines de films à son actif, Lloyd Kaufman en a encore sous
la chaussure en cette année 2006. Vingt-deux ans après les
premières aventures de Toxie et deux décennies après la sortie de
premier Class of Nuke'Em High,
le sexagénaire ne semble pas s'être assagi. Bien au contraire, il
repousse avec Poultrygeist: Night of the Chicken
Dead
les limites du (non)raisonnable en réalisant ce qui demeurera comme
l'une de ses meilleures créations. En tout cas, l'une des plus
subversives et dégoulinantes. Critique crades et sanguinolente d'une
Amérique marchant sur les terres d'indiens dont ils ont massacré
nombre d'individus par le passé, le film de Lloyd Kaufman cogne dans
le tas et n'hésite pas un seul instant à s'en prendre à certaines
grandes identités de la nation qui l'a vu naître le 30 décembre
1945. Mac Donald en première ligne... auteur d'une trentaine de
longs-métrages parmi lesquels quelques fleurons du gore et du
mauvais goût dont Poultrygeist: Night of the
Chicken Dead se
révèle l'exemple le plus outrancier. Première chose à savoir :
même si le titre laisse envisager un mix parodique entre le
Poltergeist
de Tobe Hooper et Steven Spielberg et le Night of
the Living Dead de
George A. Romero, le film de Lloyd Kaufman n'entretient que de vagues
rapports avec le second et pas un seul avec le premier. Pas d'esprits frappeurs donc, mais des
manifestants plantés devant un restaurant d'une chaîne de fast-food
érigé depuis peu sur un cimetière indien (dont on n'a pas trouvé
mieux que de jeter les restes dans de grandes bennes à ordures). Des
manifestants qui vont bientôt connaître un sort peu enviable après
avoir ingurgité des plats servis dans le dit restaurant. Possédés
par un démon indien, ils vont tour à tour se transformer en
zombies-poulets et s'en prendre à Arbie, Wendy ainsi qu'aux employés
de American Chiken Bunker.
A l'intérieur, c'est le chaos. Alors que certains font la queue
devant les toilettes, pris d'horribles crampes d'estomacs, d'autres
ont déjà subit d'affreuses transformations et s'attaquent à nos
deux héros et leurs compagnons d'infortune. Aidés de Humus, une
cuisinière musulmane vêtue d'une burqa, Arbie et Wendy décident de
tenir un siège et de combattre la horde de zombies-poulets avant
qu'ils ne s'en prennent au reste du pays...
Dans
sa catégorie, Poultrygeist: Night of the Chicken
Dead
n'est rien moins qu'un chef-d’œuvre. L'aboutissement d'une œuvre
consacrée à la débauche dans tous ses aspects. Sexualité
débridée, hémoglobine déversée par containers, exutoire
sociologique, Lloyd Kaufman signe presque un testament qu'il sera
bien difficile de modifier, d'arranger, d'améliorer tant le cinéaste
semble avoir mis tout ce qu'il a dans les tripes, de talent et de
budget dans son film. Une comédie musicale horrifique jamais
effrayante mais incroyablement gore. Lloyd Kaufman (aidé de son
épouse) et Michael Herz mettent leurs billes en jeu. 500 000 milles
dollars. Un petit budget pour un résultat, à l'écran, fort
honorable, qui s'explique sans doute par la participation de
volontaires du monde entier après que des annonces aient été
transmises sur Internet afin de trouver des figurants acceptant de
participer au tournage. Quant aux effets-spéciaux, si Lloyd Kaufman
a pu se permettre de tourner autant de séquences gore, c'est sans
doute grâce à la générosité de plusieurs studios
d'effets-spéciaux qui lui ont offert gracieusement des masques ainsi
que divers accessoires. D'où un film absolument vertigineux en
matière d'hémoglobine. Parfois vraiment dégueu, Poultrygeist:
Night of the Chicken Dead
n'est pas avare en la matière et nombreuses sont les séquences
durant lesquelles membres arrachés, éventrations, explosions et
autres joyeusetés encore moins ragoutantes font le bonheur des
amateurs du genre. Un feu d'artifices pratiquement ininterrompu.
Totalement jubilatoire !!!
Une
œuvre typique de l'univers Troma
même si à aucun moment, contrairement à bon nombre d'autres
longs-métrages de la célèbre firme, n'est faite la moindre
référence envers tel ou tel long-métrage. Tout juste le héros
arbore-t-il un tee-shirt sur lequel on peut vaguement identifier
Toxie. Les plus attentifs seront peut-être étonnés de retrouver
l'une des cascades de Sgt. Kabukiman NYPD et
que le cinéaste s'amuse à réemployer sur chacun de ses films en
forme de running gag. Tout fan de l'univers Troma
se doit de voir au moins une fois Poultrygeist:
Night of the Chicken Dead.
Quant aux néophytes, s'ils ne doivent en découvrir qu'un seul,
autant qu'il s'agisse de celui-là...
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