Claire Rousset,
professeur de français, rend visite à son ex-mari Pierre qui vit
seul dans un minuscule village dans la région lyonnaise. Lorsqu'elle
arrive, il n'y trouve pas âme qui vive. Pierre, lui, ne se sent pas
très bien. D'ailleurs, si Claire avait bien regardé lorsqu'elle est
arrivée, elle aurait sans doute remarqué le chien étendu sur le
sol à l'entrée du village. Et peut-être même ces dizaines de
cadavres de grenouilles qui tapissent les pavés. Pierre en
témoigne : les autres habitants eux aussi sont malades. Comme
le dira plus tard Claire, le village a l'air d'être mort. Sur ses
propres conseils elle ordonne à Pierre d'aller se coucher. Le corps
parcouru de pustules, Pierre ne le sait pas encore, mais il est
condamné.
Alors que Claire prend
une douche, l'eau froide est coupée. Quelques minutes passent et
dehors, il se met à pleuvoir. Mais pas de l'eau. De l'essence. La
demeure de Pierre prend feu, ainsi que le village tout entier. Claire
parvient à fuir l'enfer qui a pris possession des lieux mais pas
Pierre qui lui, meurt dans l'incendie. Lorsqu'elle monte à bord de
son véhicule, elle remarque la présence d'un homme habillé d'une
étrange combinaison. Le pare-brise arrière de sa voiture explose et
la jeune femme abandonne alors le village sous les flammes...
Réalisé en 1986 par le
cinéaste français Robert Enrico, Zone Rouge est une
critique féroce mettant à l'honneur mensonges et manipulations.
Claire Rousset, c'est l'actrice Sabine Azéma, qui l'année
précédente tournait auprès d'Alain Resnais dans L'Amour à
Mort et l'année suivante dans Mélo du même
auteur. Après Pialat et Police, Richard Anconina
rejoint donc l'actrice française dans ce film diabolique dans lequel
toute recherche de la vérité de la part de son héroïne va se
révéler infructueuse. Anconina, lui, est d'abord une petite
vermine, responsable du recouvrement dans une grande entreprise. Bien
que son supérieur lui indique de laisser tomber l'affaire en cours
(et qui concerne Pierre, l'époux de Claire), Jeff comme Richard
Anconina se nomme dans Zone Rouge va
pourtant outrepasser ses droits et tenter de se faire un peu
« d'argent de poche ». C'est ainsi que les deux
personnages se rencontrent. D'abord sur un fâcheux malentendu, ils
vont ensuite collaborer pour tenter de savoir pourquoi « on »
a incendié tout un village.
Transport
de produits hautement toxiques, manipulation des témoins,
falsifications de preuves, tout y est pour cacher la vérité. Entre
un Jean Bouise qui préfère toucher 300 000 mille francs plutôt que
rechercher la vérité et une Sabine Azéma qui ira jusqu'au bout,
quitte à mettre sa vie en danger, le torchon brûle. Le petit escroc
tenu par Anconina finit par s'affranchir et devient d'une aide
miraculeuse. Robert Enrico ne ménage pas ses personnages, quitte à
en sacrifier certains, mêmes parmi les fondamentaux. Comme durant
cette fin pessimiste qui nous promet malheureusement hors intrigue,
une enquête beaucoup plus sérieuse menée de la part du commissaire
Mercier, l'excellent Jean-Pierre Bisson. Le cinéaste cultive
l’ambiguïté de ses personnages sans que l'on ne sache réellement
sur lequel Claire va pouvoir compter.
Zone Rouge est
une vision réaliste et plutôt glaçante des médias et des
différentes autorités. Le village ayant servi de décor au film est
celui du hameau de Celle sur le lac du Salagou dans le département
de l'Hérault. D 'ailleurs, le village en a gardé des séquelles
puisque l'on peut y voir des traces d'incendie marquant les murs des
différentes bâtisses. A noter les présences au générique
d'Hélène Surgère (dans le rôle de la mère de Claire), de Jacques
Nolot (Pierre), ou encore de Jean Reno qui l'année précédent le
tournage de Zone Rouge
jouait dans l'excellent Subway
de son ami Luc Besson...
A force de nous faire croire que notre monde et que l'humanité sont belles, j'en suis arrivé à préférer les films pessimistes... si je tombe sur celui-ci, je me le visionnerais volontiers.
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