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samedi 3 décembre 2016

Préparez vos Mouchoirs de Bertrand Blier (1978)



Un bistrot. Raoul est assis face à Solange sa compagne. Il est dépité car depuis un certain temps, il trouve son épouse lasse. Solange ne sourit plus, a l'air malheureuse et ne semble s'intéresser à rien d'autre qu'au tricot. Afin de trouver un moyen de rendre le sourire à sa femme, Raoul demande à un inconnu de l'aider. Cet inconnu, c'est Stéphane. Raoul lui « offre » Solange. D'abord réfractaire, Stéphane accepte finalement de suivre ce couple étrange. Passionné par Mozart et ayant constitué une collection de poche de cinq mille ouvrages, ce dernier peine pourtant à faire retrouver le sourire à Solange. Lui et Raoul ont beau tout essayer, mais rien ne marche.
Les deux hommes finissent par accepter un emploi de moniteurs lors d'une colonie de vacances à laquelle participe également Solange. Là, la jeune femme va faire la connaissance de Christian Beloeil, jeune surdoué au quotient intellectuel évalué à 158, qui très vite va tomber amoureux de la jolie monitrice. D'ailleurs, elle aussi semble éprouver des sentiments pour le jeune garçon. 


Et ô miracle, Solange sourit à nouveau. Mais bientôt, les vacances se terminent et Christian va devoir retourner chez ses parents. Solange et lui ne veulent pas être séparés mais alors qu'elle va tenter plus tard de retrouver la trace de son jeune « amant », Solange va bénéficier de l'aide d'un voisin qui auprès de la mère de Christian, apprendra que celui-ci a été envoyé en pension. « Kidnappé » par Raoul, Stéphane et la jeune femme, celle-ci et Christian vont pouvoir enfin vivre leur passion...

Un grand, un immense long-métrage que celui du cinéaste français Bertrand Blier. Sans doute parmi l'un des trois ou quatre meilleurs du réalisateur. Au delà de l'habituelle absurdité de certains aspects de son œuvre, Préparez vos Mouchoirs est une véritable leçon de cinéma, osant braver des interdits qui de nos jours demeureraient inconcevables au cinéma. Quatre ans après Les Valseuses, Bertrand Blier réunis à nouveau l'excellent duo que formèrent en 1974 Gérard Depardieu et Patrick Dewaere. Jean-Claude avait un fort ascendant sur Pierrot, ordre « hiérarchique » que les nouveaux Raoul et Stéphane ont quelque peu conservé. Le premier possède une hargne et une force de persuasion stupéfiante quand le second, plus réservé, fait preuve d'abord de distance, avançant beaucoup plus prudemment que son acolyte, lui, plus aventureux. Très vite, il transpire de ces deux personnages fort attachants, des limites intellectuelles davantage encore mises à mal lors du teste de Q.I organisé par le jeune Christian. Riton Leibman qui débutait là, sa carrière d'acteur au cinéma, est extraordinaire de justesse et campe un personnage qui touche immédiatement par le désespoir que revêt son existence de fils de PDG d'une entreprise incapable de se fondre au milieu de fils d'ouvriers.

Solange quant à elle est personnifiée par la délicieuse actrice québécoise Carole Laure qui l'année précédente tournait pour Alain Corneau dans La Menace (cinéaste qui offrira d'ailleurs à Patrick Dewaere l'un de ses plus sombres rôles avec Série Noire). Plus encore que l'exceptionnelle écriture de Bertrand Blier, sublimée par ses interprètes, la musique du compositeur Georges Delerue (lui, mais également les œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart et Franz Schubert dont on entend certains extraits) rend grâce à un sujet traité avec la plus grande finesse. L'amour impossible entre une adulte et un enfant (sujet de l'excellent La Petite Sirène avec Philippe Léotard, malheureusement devenu introuvable) est ici magnifié. Bertrand Blier offre des travellings lents, des scènes d'une très grande beauté auréolées d'une poésie qui évite toujours de sombrer dans le scabreux.
Préparez vos Mouchoirs est beau, touchant, bouleversant même, extraordinairement mis en scène et parfaitement interprété. Bertrand Blier y démontre une grande sensibilité et prouve qu'au delà du cynisme qui colle à la peau de son exceptionnelle œuvre de cinéaste, il est capable d'émotion. Un chef-d’œuvre...

1 commentaire:

  1. "J'en ai rien à foutre de votre Mozart, je l'connais pas c'mec-là... J'l'emmerde ! Ou alors qu'il me prête du pognon pour payer mes traites." :-)

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