Après avoir frôlé
l'AVC avec Le Führer en Folie,
j'ai bien failli remettre en question mon projet de passer une
journée entière devant la filmographie de Philippe Clair. C'est
donc ainsi que j'ai décidé d'étalonner les projections sur deux
jours. Pour ne pas m'approcher sur une trop longue durée successive
de ces Graals du nanar à la désastreuse réputation. Deuxième
long-métrage à avoir les honneurs de pourrir mon week-end : Le
Grand Fanfaron,
également connu sous le titre original Les
Bidasses en Cavale.
Original, mais aussi peu en accord avec le contenu du film. Ici,
inutile d'espérer voir ici des miliatires tentant d'échapper à
leur devoir auprès de l'armée française comme dans Comment
se faire Réformer (1977)
et Les Réformés se portent Bien
(1978). Non, ici, Philippe Clair nous propose un récit tout à fait
original qui aurait pu donner lieu à une comédie fort sympathique
si la réalisation et l'interprétation n'étaient pas
systématiquement sapées par l'incompétence de Philippe Clair et
par le jeu absolument lénifiant de ses divers interprètes. Dans le
rôle principal, on retrouve l'acteur Michel Galabru quatre ans après
La Grande Maffia
et deux après Le Führer en Folie.
Il incarne dans Le Grand Fanfaron
le rôle du lieutenant Gilles Castelet, ancien militaire qui connaît
face aux femmes, désillusion après désillusion. Persuadé d'avoir
été ''envoûté''
par son ex-compagne, la colonelle Popoti, de retour à la vie civile
il fuit la France en compagnie de l'un de ses anciens subalternes
Charlie Caponi qui accepte de lui venir en aide afin de le
débarrasser du sortilège qui l'empêche de trouver chaussure à son
pied.
Mais
c'était sans compter sur l'imagination du maître ''es'' gaudrioles
Philippe Clair qui dans un style ''araignée au plafond'' et ''en
roue libre'' semble avoir donné quelques indications à ses
interprètes tout en leur laissant faire tout et n'importe quoi.
Déjà, artistiquement, Le Grand Fanfaron arbore
des qualités techniques déplorables : entre un cadreur borgne,
un monteur aveugle et un preneur de son atteint de surdité, le
spectateur n'est pas sorti de l'auberge. Alors quand Philippe Clair
et ses acteurs recouvrent tout ça d'une couche épaisse et grasse
d'inaptitudes dans leur domaine respectif, imaginez donc l'effort
intense dont il faut faire preuve pour supporter la chose durant
quatre-vingt dix minutes ! Après la cécité et la surdité
dont semblent victimes certains techniciens, ajoutons à cela le
mutisme d'un Claude Melki qui, allez savoir pourquoi, est doublé en
post-synchronisation par Philippe Clair, lui offrant un pénible
accent qui de nous jours aurait peut-être bien du mal à être
accepté par la communauté des pieds noirs. L'un des rares intérêts
du long-métrage Philippe Clair s'avère être la présence à
l'image de Micheline Dax.
Un
nom qui ne parlera évidemment pas du tout aux nouvelles générations
de cinéphiles (à moins d'être un inconditionnel de Philippe Clair)
mais qui pourtant, entre 1948 et 2011 la verra apparaître dans une
centaine de longs-métrages, séries télévisées et pièces de
théâtre. Doubleuse au cinéma (Flash Gordon
de Mike Hodges, Meurtre au Soleil
de Guy Hamilton où elle double l'actrice Sylvia Miles), Micheline
Dax fut également connue pour ses talents de siffleuse. Dans Le
Grand Fanfaron,
elle incarne la Colonelle qui harcèle Michel Galabru jusqu'en Inde
où elle le retrouve tout à fait par hasard alors que son personnage
vient rejoindre sa fille Carole Isabelle Popoti interprétée par
l'actrice Carole Chauvet qui à part une poignée de films (Le
Sexe à la Barre
de Georges Cachoux en 1975 ou Caresses
Bourgeoises d'
Eriprando Visconti qui contrairement au titre n'est pas un film
pornographique) n'a pas fait de grande carrière au cinéma. Comme la
plupart des longs-métrages signés par Philippe Clair, Le
Grand Fanfaron
est un Objet
Filmique
Non
Identifié.
Du
grand n'importe quoi tellement débile qu'il pourra au mieux,
arracher quelques sourires et au pire, laisser le spectateur
totalement dépité. Michel Galabru et Claude Melki passent leur
temps à faire les singes. Le premier hurlant chaque fois qu'il croit
voir la Colonelle et le second se la jouant séducteur ringard. Le
Grand Fanfaron propose
des séquences absolument délirantes. Tel Claude Melki à genou sur
un char orné d'un cercueil tiré sur la plage par des nymphettes en
maillots de bain et coiffées de voiles de mariées. Nos deux beaufs
voyagent en Indes, font bronzette, dînent au restaurant, plongent
dans une piscine et dans l'océan, jouent au tennis (grand moment
d'hilarité toute contenue!), et partent même pour un long périple
afin de trouver un faux sorcier qui désenvoûtera le lieutenant en
lui vendant un collier serti d'un coquillage. On aurait pu craindre
le pire mais Micheline Dax s'avère relativement posée, nos deux
singes mâles faisant très bien le boulot sans elle. On ressort de
la projection avec le sentiment d'avoir vécu un grand moment de
solitude cinématographique. Le vide absolu en matière de mise en
scène et de scénario. Une comédie anarchique et foutraque qui
comblera les amateurs de nanars franchouillards mais fera fuir la
plupart des spectateurs...
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