L'expérience que je
m'apprête à vivre aujourd'hui est... suicidaire. En effet, alors
que j'avais le choix entre d'innombrables films de qualité, j'ai
décidé de passer la journée devant une tripotée de longs-métrages
réalisés par Philippe Clair. Et pour celles et ceux qui ne
connaissent pas le bonhomme, disons qu'il s'agit de l'un des pires
réalisateurs français. Certains diront, spécialiste des comédies
populaires, d'autres des comédies franchouillardes et quant à moi,
ben.... je ne sais pas vraiment où situer sa filmographie. Disons,
entre le moyen, le mauvais, et le nullissime. En tout cas, l'un des
plus brillants représentants du genre nanar...
Allez, on s'fait la main sur Le Führer en Folie.
Cinquième long-métrage de Philippe Clair après, entre autres, La
Grande Java
avec les Charlots et Francis Blanche et La
Brigade en Folie
avec Jacques Dufilho, Sim et Patrick Topaloff !!! Vu la gueule
des castings de ces deux-là, on pourrait croire que je tente
d'échapper au pire. Que nenni car dans Le Führer
en Folie aussi,
il y a des moments de bravoure. Et puis, si les Charlots, Dufilho et
Francis Blanche en sont absents, Patrick Topaloff y est, LUI. Et pas
tout seul puisqu'à ses côtés, on retrouve Henri Tisot dans le rôle
d'Adolf Hitler, Alice Sapritch dans celui d'Eva Braun et Michel
Galabru en Monsieur Achtung. Un casting ''enrichi'' par les présences
de Luis Rego, Maurice Risch, Venantino Venantini (oui, oui), Pierre
Doris, Georges de Caunes et le réalisateur lui-même...
Bon
ne rêvons pas. Ça n'est pas parce qu'il y a du führer dans le
titre et dans le casting qu'on va avoir droit à du grand cinéma
façon Steven Spielberg ou Roman Polanski. Non, plutôt de la comédie
bas, voire même, très bas de gamme plus proche de Jean Girault
période La Soupe aux Choux
et Le Gendarme et les Gendarmettes,
Bernard Launois et son Touch' pas à mon Biniou
ou Robert Thomas et Mon Curé chez les
Thaïlandaises.
Il est complètement fou de constater le nombre de ces pépites
signées par des réalisateurs français dont l'un des seuls charmes
se situe au niveau des titres. Parce qu'une fois ouverte la boite de
pandore, le parfum qui s'en dégage généralement est celui d'un
camembert qui a eu tout le temps de fermenter au soleil. Bon, avant
toute chose, si vous ne voulez pas passer pour un demeuré, pensez
tout d'abord à baisser le son pour que vos voisins n'entendent
SURTOUT PAS l'affligeante chanson qui accompagne le générique du
début. Un titre signé par Patrick Topaloff en collaboration avec
Carlo Rustichelli, ''Ballon,
Ballon'',
qui laisse immédiatement entrevoir le niveau du film auquel nous
allons assister.
Allez,
on se retrouve dans une heure et dix-sept minutes, le temps d'ingérer
la chose et d'en vomir subséquemment la suite de cet article...
Bon,
ça y est, l'épreuve vient de s'achever. Et comme je m'en doutais,
Le Führer en Folie est
vraiment PI-TO-YA-BLE. Il fait partie de ces indigestions
cinématographiques qu'on regarde soit par accident, soit par
masochisme, ou sans avoir pris connaissance au préalable de sa
médiocre réputation. Avec son charisme de phacochère, le Führer
de Philippe Clair a pris quelques kilos en trop. D'après les
souvenirs d'un Monsieur Achtung invité sur un plateau télé à
parler de la biographie qu'il a consacrée à Adolf Hitler, le Führer
propose à l'ennemi de jouer la victoire de la seconde guerre
mondiale lors d'un match de football contre l'équipe française.
Parmi les soldats français entraînés pour ce match, trois manquent
d'assiduité : Harry, Toto et Johnny. Le colonel chargé de les
entraîner s'en débarrasse en les envoyant sur le front. Une section
allemande à la tête de laquelle se trouve Hitler les découvre dans
un champ. Mis aux arrêts, il échappent au peloton d'exécution
lorsque le Führer croit voir en eux, trois champions du football
français. Convaincu que l'Allemagne peut et doit gagner le match, et
donc la guerre, il décide d'intégrer les trois hommes à l'équipe
de football de son équipe...Hitler en entraîneur de football.
Hitler en peintre... deux exemples du traitement qu'inflige au
célèbre dictateur le réalisateur Philippe Clair.
Quant
à Alice Sapritch, la pauvre tente tant bien que mal (et surtout mal)
de faire illusion en Eva Braun. On l'aura compris, Le
Führer en Folie est
une parodie de film de guerre ne situant pas son intrigue à une
période très précise. Fustigeant toute crédibilité, nos trois
valeureux héros incarnés par Patrick Topaloff , Luis Rego et
Maurice Risch
n'arborent
pas la coiffure conventionnelle des soldats de l'armée française
mais une coupe atteignant leurs frêles épaules. De même qu'ils
débarquent sur le champ de bataille affublés de pyjamas. Le
premier, tout en bleu, le second, tout en blanc, quant au
troisième... enfin, vous avez compris ! Le
Führer en Folie propose
un spectacle où la gaudriole et le cabotinage vont bon train.
Rarement le cinéma français aura-t-il autant repoussé les limites
du ridicule tout en n'étant jamais drôle. Les interprètes sont
tous aussi pathétiques les uns que les autres. Entre un trio de
têtes louchant pour éviter l'exécution sur le peloton de tir et un Führer hurlant chaque fois que l'occasion se présente, le film de
Philippe Clair offre surtout à Henri Tisot, l'occasion de s'exprimer
dans un charabia inaudible rendu plus difficile encore par la piètre
qualité sonore d'un film ayant survécu tant bien que mal aux
outrages du temps. Fort logiquement, l'aventure se termine par le
match de foot en question. Une compétition absolument délirante. En
témoignent notamment les stock-shots empruntés à des images
d'archives d'une congrégation de moines bouddhistes sans rapport
aucun avec le contenu du film ! C'est à se demander ce que
Philippe Clair et et le scénariste Victor Béniard ont consommé
avant d'en écrire l'histoire. Affligeant !
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