Le plus ardu avec Aldo
Maccione est de deviner parmi les nombreux films auxquels il a
participé, lesquels valent vraiment le coup que l'on cesse tout
autre activité pour les regarder. Car de la soixantaine de films
(séries télévisées et téléfilms compris) auxquels il a
collaboré, peu sont véritablement restés dans les annales du
septième art. Du moins, cela dépend-il encore de l'ouverture
d'esprit du spectateur. Pour l'individu moyen, capable d'encaisser la
majeure partie des comédies françaises d'hier et d'aujourd'hui sans
broncher ni sourciller, on peut considérer que l'acteur italien a
versé durant toute sa carrière dans trois types de comédies. Des
plus remarquables (L'Aventure, c'est l'Aventure
de Claude Lelouch en 1972), en passant par les plus sympathiques
(Mais où est donc Passée la Septième Compagnie
de Robert Lamoureux en 1973), et jusqu'aux purges les plus infâmes
(Plus moche que Frankenstein tu meurs
d'Armando Crispino en 1975). Alors qu'en parcourant le net je suis
tombé tout à fait par hasard sur le site ''Necropedia.org''
dans lequel un demeuré consacre un article annonçant le décès
anticipé d'Aldo Maccione pour demain (!!!), ce nouvel article
consacré à la franchouillarde filmographie de Philippe Clair évoque
justement la présence d'Aldo Maccione en tant que principal
interprète.
Reconnaissons
que ça commence plutôt mal. Le titre ! Tais-toi
quand tu Parles...
Le genre d'astuce comico-antinomique qui révèle généralement le
seul élément véritablement amusant du film en question. Ensuite,
l'affiche. Ne nous formalisons pas mais il y a tout de même très
peu de chance pour que le contenu du long-métrage soit comparable
aux films consacrés au célèbre Agent
007,
James Bond.
Tais-toi quand tu Parles
révèle Aldo Maccione en costume trois pièces, entouré d'une
ribambelle de très jolies femmes lorsqu'il échoue dans une piscine,
se réveillant pour constater que tout ceci n'était qu'un rêve
(l'acteur italien arborant alors un pyjama trempé comme s'il était
réellement tombé à l'eau). Comme à son habitude, Philippe Clair
impose à son acteur un type d'interprétation qui ne dénote
absolument pas avec celle d'un Michel Galabru, d'un Claude Melki,
d'un Pierre Doris ou de Charlots ayant antérieurement accepté de
donner vie à ses délires. D'où un Aldo Maccione qui dans le rôle
de Giaccomo, en fait des caisses. Chômeur et fasciné par le
personnage créé près de trente ans en arrière par Ian Fleming,
Giaccomo s'avère être suivi de près par des agents secrets qui le
confondent avec un espion français se dissimulant sous une fausse
identité. Celle de Giaccomo, justement.
Des
affiches de son héros de fiction préféré plein les murs de son
appartement, harcelé par sa mère au téléphone, son père en
prison, propriétaire d'une 4l orange cabossée et sans pare-brise,
Giaccomo ne se dépare pas de son charisme et de son bagou si
particuliers même s'il est transparent aux yeux des autre et surtout
des femmes qu'il tente de séduire mais sans y parvenir. Se réfugiant
dans l'espoir d'incarner l'alter ego de James Bond, Giaccomo croit
rêver lorsqu'il se retrouve propulsé en Tunisie... Je ne pensais
pas un jour pouvoir le dire, mais pour un film signé Philippe Clair,
Tais-toi quand tu Parles
se regarde. C'est évidemment très léger, totalement grotesque,
interprété une fois de plus à la truelle, mais Philippe Clair
semble maîtriser son œuvre et tient les commandes mieux que jamais.
Ce qui ne veut pas dire que l'on tient là un classique de la comédie
française. Mais Tais-toi quand tu Parles
est l'évolution logique d'une œuvre dédiée tout entière à la
comédie franchouillarde. En témoigne la présence de Philippe Clair
lui-même dans le rôle d'Ahmed ou de Clement Haraki dans celui du
scientifique.
L'occasion
de retrouver le toujours épatant Jacques François dans le rôle de
Diafoirus (Ahhhhhh, ces noms typiquement ''Philippeclairiens''...).
Plus étonnante mais non moins séduisante, la présence de la
sublime actrice française naturalisée italienne Edwige Fenech qui
dans les années soixante et soixante-dix fut l'une des grandes
interprètes du genre''Giallo''
en Italie avant de se retrouver au générique de Tais-toi
quand tu Parles.
Une fois de plus, le film de Philippe Clair est pour son héros
l'occasion de quitter le territoire français pour l'étranger. Après
l'Inde avec Le Grand Fanfaron,
voici désormais le héros foulant le sol de la Tunisie. Après la
piteuse parodie du mythe de Frankenstein par Armando Crispino,
Philippe Clair offre donc à Aldo Maccione d'incarner un succédané
clownesque de James Bond. Le résultat lui étant très largement
supérieur, Tais-toi quand tu Parles
n'est
pas l'indigence que laissaient craindre le titre et le nom de son
réalisateur. À regarder... avec modération...
Excellent...Je découvre ce site, est-ce qu'il existe un lien de téléchargement ? Merci...
RépondreSupprimerDis donc attention, se faire tous les Philippe Clair à la suite ça peut devenir dangereux. Merci d'en parler, c'est tellement rare.
RépondreSupprimertop !
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