Après les fictions que
furent La Vie sexuelle des Belges 1950-78 en 1994 et
Camping Cosmos en 1996 et le documentaire qui suivit en
1998 Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde,
le quatrième volet de l'hexalogie consacrée à la vie sexuelle des
belges, La Jouissance des Hystériques,
prend
une tournure qui hésite entre les deux approches que prirent les
trois précédents épisodes. C'est ainsi que l'on ne sait pas
vraiment comment différencier la pure interprétation des moments
pris sur le vif. Après avoir consacré le troisième volet aux
ouvriers de l'usine Renault de Vilvorde, il choisit cette fois-ci de
se concentrer sur sa propre personne mais en gardant toujours en tête
les mêmes références, entre révolution et sexualité. Le
réalisateur belge Jan Bucquoy évoque le tournage d'un long-métrage
qui se veut tout aussi imaginaire que porteur des idées véhiculées
par le roman de Lucien Israël, La
Jouissance de l'Hystérique.
Constitué de deux parties distinctes, La
Jouissance des Hystérique,
Jan Bucquoy continue donc d'y imposer son éternelle obsession du
rapport aux femmes, ce quatrième volet prenant parfois les allures
d'un fallacieux prétexte pour y séduire les futures interprètes
féminines de son nouveau projet cinématographique.
Faisant
fi du ridicule qu'arbore cette approche inefficiente de la séduction
se soldant généralement par de consécutifs renvois au tapis, Jan
Bucquoy n'a jamais peur de paraître ridicule à l'image. Qu'il
s'agisse de postulantes le rejetant face caméra ou de sa propre
compagne qu'il n'hésite pas à mettre en scène lors de leur ébats,
le belge brouille les pistes de telle manière que le spectateur
n'est jamais en mesure de démêler le réel du faux. Si d'une
manière générale La Jouissance des Hystériques
ne
constitue jamais vraiment une réussite quant au message que tente de
transmettre un réalisateur aidé par des moyens financiers ridicules
et par une maîtrise de son art tout à fait relative, il n'en
demeure pas moins une totale réussite dans le domaine de l'absurde.
La difficulté de se faire entendre, comprendre et accepter demeurant
sans doute un challenge compliqué à mettre en œuvre. Lorsque Jan
Bucquoy est contraint de travailler avec à ses côtés, des
interprètes qui eux-même rencontrent des difficultés à saisir
toute la riche ambition de son projet, le résultat à l'écran donne
lieu à des situations ubuesques.
En
réalisateur narcissique ne souffrant d'aucune rébellion de la part
de ses interprètes, répétant inlassablement qu'il est seul
décisionnaire sur son œuvre en but avec un casting parfois révolté
remettant sans cesse en question sa vision du projet, Jan Bucquoy
offre avec La Jouissance des Hystériques,
un long-métrage aux circonvolutions dramatico-humoristiques
impayables. En mêlant fiction et réalité, le réalisateur belge
supprime le contraste entre ce qui est vrai et ce qui est monté de
toutes pièces. En résulte une œuvre, encore une fois, totalement
libérée des contraintes budgétaire (Jan Bucquoy ayant lui-même
financé le film) et foutraque. Le vent de liberté qui souffle sur
son œuvre toute entière n'a jamais été aussi perceptible qu'avec
La Jouissance des Hystériques.
À noter que Jan Bucquoy dédie ce quatrième volet de La
Sexualité des Belges
à sa fille Marie, décédée par suicide en 2008 à l'âge de
trente-trois ans, et qu'il immortalise ici dans son propre rôle. On
retrouve à nouveau l'entarteur Noël Godin dans la peau de Pierre
Mertens et Claude Semal dans son propre rôle. À noter également
que l'on peut y voir l'actrice Alice Ley que l'on entrapercevra
l'année suivante dans l'excellent Vélo de
Ghislain Lambert du
réalisateur français Philippe Harel...
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