Pigiste pour un magazine
féminin dirigé par Leonora Evesco (Josiane Balasko), Coline (Sara
Giraudeau) rencontre actuellement des soucis d'argent. C'est ainsi
qu'elle accepte de couvrir une histoire étonnante pour la rubrique
''Récit du Mois'' :
habitant une demeure isolée dans les Pyrénées, Simon (Nicolas
Duvauchelle), artiste-peintre bourru affirme avoir vu le fantôme de
sa mère au moment précis où elle est morte. D'abord amusée,
Coline prend les choses à cœur lorsque sa meilleure amie et voisine
d'immeuble Azar (Anabel Lopez) est témoin d'un fait similaire. Un
soir, la jeune femme a en effet été confrontée au fantôme de son
père à l'instant même de sa mort. Coline prend alors le train en
direction des Pyrénées afin de rencontrer Simon. Épuisée, son
hôte lui propose de se reposer dans une chambre d'ami. À son
réveil, Coline tombe sur un Simon enivré qui lui confie l'avoir
observée et désirée durant son sommeil...
Les Envoûtés,
dernier long-métrage du réalisateur et scénariste français Pascal
Bonitzer (Rien sur Robert
en 1999, Le Grand Alibi
en 2008 ou Cherchez
Hortense en
2012) est vraiment une œuvre très étrange. Adaptation de la
nouvelle The
Way it Came
de l'écrivain américain naturalisé britannique Henry James parue
pour la première fois en mai 1896 dans un numéro du Chapman's
Magazine of Fiction,
le film mêle divers genres, promenant ses personnages entre romance,
fantastique et thriller. Si la première est foudroyante et le
troisième parfois tétanisant, le second est suggéré de manière
particulièrement subtile et ne sert en fait qu'à rapprocher les
deux principaux protagonistes au cœur d'un récit trouble et
justement, envoûtant. Car si le titre peut évoquer l'ensorcellement
de ses personnages, il peut tout aussi bien se référer à l'emprise
d'un récit sur le spectateur confronté au surnaturel dans un
contexte où la démence peut être elle aussi considérée comme un
élément à prendre en compte...
Pascal
Bonitzer cultive une certaine ambiguïté. Marquée d'abord par la
''sauvagerie'' d'un Simon remarquablement interprété par le
toujours passionnant Nicolas Duvauchelle (découvert vingt ans
auparavant dans le formidable Le
Petit Voleur
d'Eric Zonca) et par l'absence quasi systématique chez Coline, de
confiance en elle. Naît entre ces deux là, une passion folle et
déchirante qui mène à une issue renvoyant au terme de ce voyage
surprenant, aux prémices du récit. Pascal Bonitzer bouclant alors
une histoire faite de flash-back, de séquences à la dimension
dramatique et ou fantastique qui prennent à la gorge. Sara Giraudeau
porte littéralement le film de Pascal Bonitzer sur ses épaules. Sa
voix fluette et sa silhouette de post-adolescente cultivent la
fragilité de son personnage, mais également la part de folie
nécessaire dénotant une personnalité particulièrement trouble. Le
caractère ambigu de Coline est l'une des pièces d'un puzzle
d'ailleurs constitué d'un ensemble de personnalités équivoques. À
noter la présence de l'actrice Iliana Lolic qui en 1990 incarna la
turbulente et névrosée Laura dans l'excellente saga de l'été
Orage
d’Été, Avis de Tempête
de Jean Sagols et qui depuis 2006 est une fidèle de Pascal Bonitzer
puisqu'elle a tourné quatre longs-métrages en sa compagnie. Les
Envoûtés est
une œuvre vraiment surprenante, sobre et passionnante...
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