Il y a encore une poignée
d'heures, je ne soupçonnais pas l'existence de cette minuscule
production horrifique américaine tournée dans les environs de
Lexington et Croswell. Sans l'érudition d'Otto Rivers, aucune chance
ou presque d'entendre parler sur notre territoire de ce curieux
long-métrage réalisé en 1988 par John Duncan dont il s'agit
apparemment de l'unique méfait en dehors de Black Mirror
Monster
deux ans auparavant. Aucune information ou presque ne semble filtrer
dans l'hexagone et ça n'est qu'après d'intenses recherches que j'ai
pu mettre la main sur ce Graal authentique qui fera sans doute fuir
ceux qui s'émeuvent généralement de la moindre effusion de sang à
l'écran, des faibles moyens dont peuvent bénéficier certaines
micro-productions, ou du caractère très particulier que peut avoir,
tiens, au hasard The Hackers,
justement. Un tout petit film qui tient autant du Massacre
à la Tronçonneuse
de Tobe Hooper que de n'importe quel autre film d'horreur crapoteux
des années soixante-dix et quatre-vingt. Mais ce qui fait le charme
du long-métrage de John Duncan se situe très exactement là où le
spectateur circonscrira ses défauts. L'amateurisme évident de la
majorité des interprètes et notamment du trio de tête interprété
par Howard Coburn, Dale Caughel et Steve Pricharo. Trois acteurs dont
il serait vain de chercher à mettre la main sur leur filmographie
puisque ces trois là n'ont semble-t-il depuis The
Hackers,
rien tourné d'autre.
Dans
les rôles respectifs de Pa Hacker et de ses rejetons Arnie et Eldon,
il arpentent les routes de campagne à la recherche de victimes. La
première d'entre elles ne connaîtra certes pas le pire des sorts
(un pouce coupé alors qu'il tentait de faire du stop), ce qui ne
sera pas le cas des suivantes. Entre une jeune femmes décapitée,
tête jetée sur le bord de la route et quelques individus considérés
de gênants pour notre trio de dégénérés, The
Hackers n'est
pas avare en terme de meurtres sanglants. Possédant un humour noir
très prononcé, l’œuvre de John Duncan est aussi parfois
relativement morbide. Surtout lorsqu'interviennent quelques saillies
électroniques qui dénotent avec l'arrivée subite et à diverses
occasions, d'une musique pop de mauvaise qualité mais lorgnant vers
la cold wave. Un accouplement qui ne fonctionne pas forcément et
désamorce le caractère sordide du récit ultra-minimaliste qui nous
est conté. Sont-ce les nappes glaçantes ou l'incongruité de
certaines séquences ? Toujours est-il que des scènes aussi
anodines que les deux frangins Hacker s'incrustant dans un parc de
jeux pour enfants creuse un décalage qui finit par provoquer
l'inconfort d'une menace imminente...
Pour
les complétistes qui aimeraient investir dans l'unique édition DVD
sortie à ce jours, qu'ils s'accrochent : trois milles DVD
seulement furent mis sur le marché par la maison d'édition Camelot
Studios,
l'autre long-métrage de John Duncan ayant eu lui aussi les faveurs
d'une sortie sous ce format. Difficile donc de mettre la main sur ce
film que peu de sites évoquent d'ailleurs. En tout cas pas chez
nous, The Hackers demeurant
l'une de ces productions horrifiques qui ne doivent leur aura de film
culte que grâce au bouche à oreille. En témoigne de la rareté et
de l'intérêt du dit film : alors que d'autres ont justement
construit leur légende tout en n'ayant été vu que par très peu de
spectateurs, évoquer l’œuvre John Hackers est peut-être plus
périlleux encore sachant que les informations qui circulent à son
sujet sont relativement rares et que peuvent soutenir l'avoir déjà
vu une fois dans leur existence...
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