Le cinéaste italien
Bruno Mattei aura touché à de nombreux genres. Après avoir été
notamment monteur pour le compte de Jesus Franco sur le film érotique
99 Mujeres et
avant de l'être à nouveau chez Ferdinando
Merighi sur Meurtre dans la 17e Avenue
ou encore sur Emmanuelle et Françoise de
Joe D'Amato, il est passé à son tour derrière la caméra dès 1970
avec Armida, il Dramma di una Sposa
sous le nom de Jordan B. Matthews. Il enchaîne ainsi toute une série
de films érotiques qu'il réalisera sous divers pseudonymes tout en
se penchant sur le sous-genre Nazisploitation
avec Casa Privata per le SS
et KZ9 - Lager di Sterminio,
tout deux réalisés en 1977. Il faudra cependant attendre 1980 et
Virus Cannibale
pour que Bruno Mattei devienne l'auteur culte qu'il est demeuré même
par de là sa propre disparition. Une légende du cinéma bis, voire
X, Y...Z. L'italien touche à tous les genres et passe allégrement
et sans distinctions du W.I. P
(Violenza in un Carcere Femminile en
1982)
au péplum (I Sette Magnifici Gladiatori
en 1983), en passant par le film de science-fiction, de guerre, et
d'horreur avec, parfois, une nette prédisposition pour le plagiat
(son Robowar
évoque le Predator de
John McTiernan, quant à Cruel Jaws,
il osa carrément s'imposer non officiellement comme le cinquième
volet de la saga des Dents de la Mer...).
Il
y a un genre auquel il toucha également et qui concerne très peu de
ses longs-métrages en tant que réalisateur. Il s'agit du western.
Et comme il le fit l'année précédente avec Bianco
Apache,
Bruno Mattei réalise en 1987 le western Scalps,
Venganza India
en collaboration avec un autre cinéaste italien, Claudio Fragasso,
notamment auteur de Troll 2
en
1990. Si Bruno Mattei n'est pas reconnu pour ses immenses qualités
de metteur en scène, il s'avère dans le cas présent, capable d'une
certaine aisance dans le western. Nous sommes encore bien loin du
nanar que certains fans prêteront des années plus tard à sa
carrière et même si Scalps, Venganza India fait
pâle figure face à certains grands noms du genre et du western
spaghetti en particulier, le deuxième qu'il réalise en compagnie de
Claudio Fragosso s'avère plutôt plaisant à regarder. D'autant plus
que pour incarner l'héroïne, l'indienne Yarin dont le peuple vient
d'être décimé par le colonel psychopathe Connor, les deux
réalisateurs se sont octroyé la présence de la séduisante actrice
espagnole Mapi Galan, laquelle sait dans le cas présent manier le
couteau et l'arc comme personne.
Et
surtout pas comme celui qui dans n'importe quelle autre situation
aurait endossé le rôle du véritable héros de cette histoire de
vengeance mais qui ici fait parfois office de boulet. Incarné par
l'acteur grec Vassili Karis, Matt Brown est tout d'abord le héros
typique sauvant la veuve sans orphelin avant de n'être rien d'autre
que le ''suiveur'', du moins jusqu'à ce qu'il serve de pièce de
boucherie au délire gore des deux réalisateurs et du personnage du
colonel interprété quant à lui par l'acteur Alberto Farnese.
Histoire de vengeance au cœur de laquelle tout un village d'indiens
est décimé parce que leur chef a refusé d'offrir sa fille aînée
au colonel Connor... Dès les première secondes, le ton est donné.
Les premières lignes de dialogue s'avèrent particulièrement
gratinées et créent surtout un décalage entre les propos et
l'époque soutenue par le récit. L'avantage de la version française
de Scalps, Venganza India
étant qu'elle est renforcée par un doublage absolument désastreux.
À
tel point que l'on a parfois bien du mal à se concentrer sur
l'intrigue tant les dialogues nous projettent dans la salle où les
doubleurs eurent la lourde tâche d'assurer le doublage des dialogues
à l'origine, en italien. Il n'empêche que ce défaut rédhibitoire
pour certains participe en réalité du charme de Scalps,
Venganza India
et constitue finalement un bon compromis vu la piètre performance,
semble-t-il, d'une partie des interprètes. La palme d'or revenant
sans doute au grec Cassili Karis qui même s'il n'est
fondamentalement pas mauvais est, le pauvre, nanti dans la langue de
Molière d'un timbre de voix de garçon-coiffeur ridicule. Si
Scalps, Venganza India
possède peu d'envergure face à de nombreuses autres productions du
même type et de la même génération, il serait vain de feindre de
s'y être ennuyé et surtout de n'y voir qu'un nanar. Scalps,
Venganza India n'est
peut-être pas le meilleur film de Bruno Mattei, mais il demeure une
excellente alternative au reste de sa filmographie...
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