La comédie française
des années 2010 et 2020 représente tout le paradoxe du cinéma
hexagonal. À trop produire des mauvais films, les spectateurs
désertent les salles tandis que n'y retournent invariablement que
ceux qui espèrent toujours y dénicher la perle rare. C'est ainsi
que parfois l'on passe à côté de très belles surprises dont
N'avoue jamais
fait indéniablement partie. Des œuvres devenues si rares qu'elles
se posent comme d'authentiques ovnis dans un paysage français dont
la qualité baisse d'année en année. Découvert il n'y a pas si
longtemps que ça à travers Venise n'est pas en
Italie
en 2019 et La dégustation
il y a deux ans, l'écrivain, réalisateur, scénariste et producteur
français semble devoir faire partie de ceux qui comptent. Du moins
entendons-nous cette petite musique qui nous pousse à aller voir ce
que cache chacune de ses nouvelles apparitions sur grand écran. Le
couple Sabine Azéma/André Dussolier au cinéma est devenu l'une de
ces habitudes qui n'ont pas échappées aux spectateurs français
amoureux de leur langue et des personnalités qui la représentent...
Dans le registre de la comédie, la référence qui vient
immédiatement à l'esprit est Tanguy
d'Étienne Chatiliez et nettement moins sa tardive et médiocre
séquelle Tanguy, le retour
réalisé dix-huit ans plus tard. On pourrait également citer Les
Herbes folles
d'Alain Resnais de 2008, ou encore la petite dizaine d'autres
longs-métrages qui les réunirent en l'espace de plusieurs dizaines
d'années de carrière. N'avoue jamais,
lui, les réunit et en fait le duo principal d'une comédie aussi
drôle que touchante. L'une de ces belles surprises qui justement
n'attendait plus que son public pour révéler une fois encore le jeu
tout en finesse et en expressions de Sabine Azéma et André
Dussolier. L'un et l'autre incarnent un couple marié depuis un
demi-siècle environ. Parents de trois enfants prénommés Capucine
(Joséphine de Meaux), Adrien (Sébastien Chassagne) et Amaury (Gaël
Giraudeau), ils vivent heureux dans une très belle demeure. Lui est
en un ancien général de l'armée française prénommé François
qui un jour, alors qu'il est en train d'effectuer du rangement dans
le grenier, découvre que son épouse Annie l'a trompé il y a
quarante ans en arrière...
La
lecture de lettres enflammées écrites à l'époque par l'ancien
amant Boris Pelleray (Thierry Lhermitte) lui cause un choc. Demandant
des explications à Annie, celle-ci avoue mais veut le convaincre
qu'après toutes ces années, il y a prescription. Sauf que pour
François, il s'agit de laver son honneur. Décidant sur un coup de
tête de divorcer de sa femme, l'ancien militaire choisit tout
d'abord d'aller rendre visite à celui qu'il cru être son ami voilà
quarante ans afin de lui mettre son poing sur la figure. Annie qui
affirme qu'après toutes ces années elle sera capable de le
reconnaître décide d'accompagner son mari furieux. Arrivés à Nice
où vit toujours Boris, le couple part s'installer chez leur fille
Capucine dont ils ignorent tous les deux qu'elle est en couple avec
une femme... Difficile que d'aborder le thème de l'infidélité même
si après tant d'années l'on peut être de l'avis d'Annie et
supposer qu'il y a prescription. Mais face au personnage de François,
comment réagir ? André Dussolier incarne un ancien général
de l'armée française absolument savoureux. Fermé, voire irascible,
usant sans cesse de terminologies propres à l'armée, l'acteur est
extrêmement drôle, le faciès grimaçant, en totale opposition avec
celui de Sabine Azéma dont la fraîcheur malgré ses soixante-quinze
ans traverse littéralement l'écran. En incarnant ce couple aux
caractères apparemment antinomiques, l'occasion est offerte aux deux
acteurs de donner le plein talent qui est le leur. Entourés d'une
brochettes d'interprètes tous aussi remarquables, notre duo
fonctionne parfaitement. Mais le sujet du couple ainsi que ceux de
l'adultère et de l'infidélité ne prêtant pas toujours à rire, le
scénario d'Ivan Calbérac nous assène quelques beaux moments
d'émotion (les larmes de François lors de la représentation
théâtrale de son fils Adrien). Le réalisateur fait certains choix
plutôt judicieux, d'ailleurs. Comme de ne surtout pas nous infliger
une séquence que l'on voyait pourtant pointer de très loin en
découvrant que Boris est professeur de karaté... Le choix de ses
principaux interprètes est en outre l'élément clé du récit.
Sabine Azéma et André Dussolier se connaissant parfaitement, le
couple François/Annie est parfaitement crédible. Ajouté à cela
la très belle partition musicale du compositeur Laurent Aknin, on
tient là l'une des plus belles surprise de l'année en matière de
comédie française et sans doute l'une des plus chaleureuses...
Il ne faut en effet pas avoir de préjugé mais moi, ce genre d'affiches a plutôt tendance à me laisser perplexe... Mais tu es un homme de confiance, alors... :-)
RépondreSupprimerC'est clair que Dussollier et Azéma, c'est autre chose que Adams, Dubosc et compagnie... Je les avais aussi bien aimé dans "Cœurs" et "On connait la chanson" (même s'ils n'y ont pas les deux principaux rôles comme ici ou dans "Tanguy") de Resnais, dont ils sont les acteurs fétiches avec Arditi.