Eurociné
ou le cinéma bis à la française dans ce qu'il pouvait avoir
parfois de plus indigent.Refuge du réalisateur espagnol Jesús
Franco et d'une bonne centaine d’œuvres de qualités très
variables, le réalisateur italien Andrea Bianchi y tourna le très
curieux Maniac Killer
en 1987. Film éminemment bancal qui dès son titre évoque l'une de
ces bandes crapoteuses des années soixante-dix ou du début des
années quatre-vingt sans pour autant n'en avoir pas la moindre des
qualités. Tourné à la fin d'une décennie florissante en matière
de films d'horreur, le long-métrage ne fait malheureusement pas
partie de ces œuvres mythiques qui firent les beaux jours des
vidéoclubs. Ici, rien à voir donc avec le Maniac
de William Lustig, le Pyromaniac
de Joseph Ellison, le Carnage
de Tony Maylam ou The Prowler
de Joseph Zito. Toutes proportions gardées, nous sommes plus proches
en effet de certaines productions axant leur thématique sur
l'inquisition, la chasse aux sorcières et la torture. Mais le
réalisateur n'ayant pas le talent de ses prédécesseurs, inutile
d'espérer retrouver le même niveau de qualité que La
chambre des tortures
de Roger Corman, Le grand inquisiteur
de Michael Reeves, ou La marque du diable
de Michael Armstrong. Ici l'on est plus proche du trône
de feu
de Jesús Franco même si en comparaison avec Maniac
Killer,
celui-ci peut être considéré de bien supérieur au film d'Andrea
Bianchi. L'une des marques de fabrique de la compagnie
cinématographique française Eurociné
fut sa propension à voir évoluer au sein des œuvres qu'elle
produisit, des interprètes de toutes origines. C'est ainsi que dans
le rôle du comte Silvano nous retrouvons l'acteur suédois Bo
Svenson, que les américains Chuck Connors et Robert Ginty incarnent
respectivement ceux du professeur Roger Osborne et Gondrand ou qu'une
grosse partie du casting est interprétée par des actrices et
acteurs français (Dora Doll, Henri Lambert, Olivier Mathot, etc...).
Mais l'hétéroclisme de Maniac Killer
ne s'arrêtant pas aux portes de son casting, c'est l'histoire
elle-même qui part dans tous les sens.
Avec
sa ''sale gueule'' et les drôles d'expériences qu'il mène, le
professeur Roger Osbourne fait tout logiquement les frais des
soupçons que lui portent les inspecteurs chargés d'enquêter sur la
disparition d'une jeune prostituée. En parallèle à l'enquête l'on
a droit à quelques séquences de tortures pauvrement mises en scène
et lors desquelles, la prostituée en question est contrainte de
répondre aux questions que lui posent les membres d'une secte. On
comprendra vite que le titre du film est superflu et que le maniaque
que l'on imaginait déjà voir roder dans des ruelles insalubres à
la recherche de quelques jolies poupées à scalper sera absent du
récit. Pour être honnête, il faudra davantage chercher dans le
titre français, L'Ange de la mort,
un rapport avec le contenu du long-métrage, si ténu soit-il...
Ici, pas une seule goutte de sang. Les œuvres produites par Eurociné
n'étant d'ailleurs pas connues pour leur générosité en la
matière, dans le cas de Maniac Killer,
coups de fouets et marques au fer rouge se feront hors-champ de la
caméra. Il n'y a donc pas grand chose à se mettre sous la dent.
D'autant plus que le scénario nous inflige une succession de
séquences mal coordonnées, où l'on tarde à comprendre qui est bon
et qui est mauvais. Et ce, même si d'une manière générale on ne
trouve là aucune occasion d'éprouver de l'empathie pour tel ou tel
personnage). Le plus curieux figure sans doute dans la date de
production de Maniac Killer
dont les atours semblent dire au public que le film fut tourné au
cœur des années soixante ou soixante-dix alors qu'il fut réalisé
en 1987. L'on retrouve de vieux décors qui semblent avoir été
empruntés à la Hammer
ou la Amicus.
Dans le registre du cinéma Z, le long-métrage d'Andrea Bianchi
flirt dangereusement du côté du Bloodsucking
Freaks
de Joel M. Reed sans pour autant en avoir l'aura de film culte.
Suivre Maniac Killer et
ses personnages est proche du calvaire, le scénario étant
incompréhensible et l'interprétation inexistante. Œuvre hybride
dont les origines sémantiques demeurent difficiles à définir, le
film du réalisateur italien fait partie de ces productions que l'on
hésite à ranger dans la catégorie des nanars ou des navets. Triste
spectacle d'une œuvre bâtarde et fauchée qui ne sait sur quel pied
danser...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire