L'erreur est humaine et
Humains
est une horreur. En se penchant de plus en plus vers un cinéma de
genre qui n'avait pourtant pas l'air au départ de lui être destiné,
le cinéma hexagonal a fini par faire quelques progrès. Pourtant, il
aura fallut subir quelques expériences pas toujours très agréables
pour parvenir à un niveau de qualité raisonnable. Humains
de Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin est typiquement
le genre de long-métrage qui aurait dû supporter une attention au
moins aussi importante que les protocoles médicaux avant d'être
lancé sur le marché. Une projection-test d'envergure nationale qui
aurait évité aux quelques dizaines des milliers de spectateurs qui
ont fait le déplacement, de perdre l'équivalent d'une place de
cinéma pour aller voir ce film censément horrifique mais plus
concrètement (et malheureusement involontairement), humoristique. Si
le ridicule ne tue pas, il peut en revanche tuer une carrière dans
l’œuf ; C'est du moins ce qui semble avoir été le cas pour
les deux réalisateurs qui depuis l'année de sortie de Humains,
leur premier long-métrage en commun, n'ont rien tourné depuis.
Heureusement pour lui, Jacques-Olivier Molon a pu compter sur ses
talents de maquilleur en effets-spéciaux. Quant à Pierre-Olivier
Thévenin, depuis 2009 et Humains,
il semble être aux abonnés absents...
Drôle
de film tout de même. Et pour commencer, drôle de casting. Les deux
réalisateurs ont en effet réunis autour d'un même sujet, les
acteurs Dominique Pinon, Philippe Nahon et Lorant Deutsch ainsi que
les actrices Sara Forestier, Elise Otzenberger et Manon Tournier.
Concernant Philippe Nahon, c'est presque logique, lui qui depuis le
court-métrage Carne
de Gaspar Noé collectionne films d'horreur et longs-métrages
particulièrement violents (Seul contre Tous
de Noé également, mais aussi et surtout Haute
Tension
d'Alexandre Aja, Calvaire
de Fabrice Du Welz ou Lady Blood
de Jean-Marc Vincent). Lorant Deutsch se fait quant à lui plutôt
rare au cinéma. Ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose, vu le
niveau relativement médiocre d'une partie des longs-métrages
auxquels il a participé (Le Coût de la vie de
Philippe Le Guay, Ripoux 3
de Claude Zidi ou encore le nullissime L'Américain
de
Patrick Timsit). Et puis, il y a Dominique Pinon. L'excellent,
Dominique Pinon... Acteur chez Daniel Vigne (Le
Retour de Martin Guerre),
Jean-Claude Missiaen (Tir Groupé),
Caro et Jeunet (Delicatessen),
Olivier Van Hoofstadt (le film belge culte Dikkenek),
et Jeunet tout seul avec Alien, la Résurrection
qui lui permit tout de même de côtoyer Sigourney Weaver, Winona
Ryder, Brad Dourif et Ron Perlman.
Autant
dire que pour ces trois là et les actrices qui les accompagnent,
c'est avec le film de Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier
Thévenin, la DE-GRIN-GO-LA-DE. Et comme dégringolade rime avec
rigolade, parlons justement du sujet. Prenant des allures de
sous-Indiana Jones se transformant au beau milieu de l'aventure en
ersatz raté de Délivrance
de John Boorman et
de tout un tas de survivals forestiers, Humains
cultive une narration et une interprétation à ce point si ridicules
qu'il devient difficile pour le spectateur de réprimer des rires. Le
comble pour un film censé donner des frissons. Mais comment croire
au scénario de Frédérique Henri, Silvan Boris Schmid, et Dominique
Néraud qui tente d'imposer la présence de Néandertaliens dans les
Alpes ? Et surtout, comment croire qu'en abordant leur film sans
une once de second degré, les deux réalisateurs obtiendront le
résultat escompté ? Et pourtant, premier degré ici rime
davantage avec absurdité. Surtout, Jacques-Olivier Molon et
Pierre-Olivier Thévenin prouvent qu'ils n'ont aucun sens de la mise
en scène et semblent être demeurés totalement indifférents au
piteux montage effectué par Manuel de Sousa (rien à avoir avec...)
qui exécute un tour de passe-passe permettant finalement au film
d'entrer dans le prestigieux cercle des nanars qu'il faut avoir vu au
moins une fois dans sa vie.
Tiens,
pour revenir sur le premier degré du film, et donc de ses auteurs,
tellement pris par l'intrigue et sans doute convaincus de tenir là
entre leurs mains, LA pépite qui sortira le genre du marasme dans
lequel baigne encore sans doute un peu à l'époque notre pays,
Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin semblent n'avoir
pas conscience de la stupidité de certaines lignes de dialogue. À
moins que.... à moins que contrairement à ce que laisse supposer
leur œuvre, les deux hommes ne soient lucides quant au fait de
détenir l'arme absolue contre la sinistrose ? Maladroit mais
touchant. Voilà comment le public se doit d'aborder Humains.
Un film fait avec le cœur, mais sans le talent de vrais
réalisateurs. On en viendrait presque à verser une larme pour des
interprètes investis à cent pour cent dans leur rôle pour un
résultat frôlant l'encéphalogramme plat. Soyons ''Humains'',
et octroyons lui quatre étoiles. Juste parce que même
involontairement, le film est très, très, très drôle...
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