Kathy et Lizzy roulent
toutes deux vers la demeure de Roy, ex-époux de la première et père
de la seconde. En chemin, elles prennent une route qui n'est plus
pratiquée depuis des années et sont victimes d'un accident qui
laisse la voiture de Kathy en piteux état. À travers le pare-brise,
elles constatent la présence d'un animal étendu sur l'asphalte. En
examinant la bête de plus prêt, Kathy remarque qu'il s'agit d'un
loup. Il est mort et présente de profondes blessures qui n'ont rien
à voir avec la collision qui vient d'avoir lieu. Alors qu'il pleut
des cordes, la mère et sa fille demeurent calfeutrées dans la
voiture tandis qu'elles attendent les secours auxquels elles viennent
de téléphoner.
Lorsque la dépanneuse
arrive sur les lieux de l'accident, un homme en sort et se présente
sous le nom de Jesse. Alors qu'il vérifie l'état du moteur, Lizzy
s'aperçoit avec effroi que le cadavre du loup a disparu. Sa mère
lui demande de téléphoner à son père pour le prévenir qu'elles
ne sont désormais plus seule mais le portable de la gamine se trouve
dans le sac que Jesse a installé à l'avant de la dépanneuse. Sur
les conseils de Kathy, Lizzy quitte la voiture et se dirige vers la
dépanneuse afin d'y récupérer son téléphone. En s'approchant de
l'endroit où se trouvait quelques minutes plus tôt le cadavre du
loup, la jeune fille semble irrésistiblement attirée par les bois
alentours...
A trente-neuf ans, le
cinéaste, producteur et scénariste américain Bryan Bertino signe
son quatrième long-métrage après The Strangers en
2008, This Man en 2010 et Mockingbird en
2014. Et une fois encore, il signe une œuvre horrifique. Tout The
Monster semble se dérouler au ralenti, comme dans un mauvais
rêve. L'Enfer tel qu'il est imaginé ici n'a rien à voir avec celui
que l'on pouvait imaginer. Un paysage tristement désert. Une route
angoissante, bordée de milliers d'arbres. Une nuit impénétrable
sans autre bruits que la pluie qui tombe du ciel pour s'échouer sur
le pare-brise du véhicule de ses deux principales protagonistes, et
parfois même celui d'un grognement inquiétant semblant surgir de
fourrés humides et touffus. Ne résumer The Monster
qu'à son seul titre serait une grossière erreur puisque la présence
du Monstre n'est finalement que l'aboutissement, la somme de toutes
les peurs qui vont être infligées à ces deux héroïnes pourtant
habituées à combattre le mal. Mais ce mal dont le film nous parle
revêt celui d'une banale et sordide réalité sociale. Un couple
déchiré, divorcé. Une mère immature, alcoolique, presque
incapable de se charger de l'éducation de sa fille. Une enfant
responsable dans tous les sens du terme. Capable de se gérer bien
mieux que ne le ferait sa propre mère. Des conflits par dizaines. Un
contexte violent traduit à travers des flash-back où nous sont
exposés les faits.
Bien entendu, on se doute
dès les premiers instants des répercutions que vont avoir les
événements qui vont se dérouler lors de cette longue et terrible
nuit sur une route abandonnée. The Monster fait la
part belle à l'ambiance. Derrière le rideau de pluie, on a
l'impression de distinguer des formes se mouvant, menaçantes, avant
que l'on ne se résonne en pensant qu'il ne s'agit en fait que
d'illusions. Mais qui sait... le film distille une angoissante
parfaitement retranscrite et ce, grâce à la partition musicale
composée par le duo Tomandandy (Tom Hajdu et Andy Milburn ), les
noirs saturés contrastant avec la faible lumière projetée sur une
obscurité sidérale et sidérante de profondeur angoissante. Avec
des moyens de faible ampleur, Bryan Bertino exécute une réalisation
qui ne souffre pratiquement d'aucun défaut (on remettra sans doute
en cause le membre arraché, puis plus tard le corps, qui tous les
deux vont finir leur course sur le pare-brise du véhicule de Kathy,
servant ainsi un peu trop facilement l'élément horrifique de The
Monster ). La créature est peut-être un peu grotesque, mais
l'interprétation vaut tous les superlatifs. Si Zoe Kazan est
parfaite, la jeune Ella Ballentine demeure quant à elle étonnante
d'efficacité. Elle interprète une Lizzy tout à fait convaincante.
Comme l'est d'ailleurs le film. Une belle expérience visuelle et
sonore...
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