L'auteur en 1992 de Riens
du Tout
rouvre dix-neuf ans plus tard les plaies des conflits sociaux qui
peuvent opposer patrons et employés. Cette fois-ci, pourtant, Cédric
Klapisch (Le Péril Jeune,
Un Air de Famille,
L'Auberge Espagnole)
œuvre à une toute petite échelle et confronte deux individus qui
n'ont à priori rien en commun. Et si Ma Part du
Gâteau laisse
planer l'espoir que même chez l'individu le plus cynique,
égocentrique et amoral qui soit, le contact avec une certaine
réalité sociale peut le rendre un peu plus... ''humain'', il ne
faut pas toujours se fier aux apparences. Drôle de rencontre que
celle de Karin Viard et Gilles Lellouche. ELLE, interprète le rôle
de France, mère de trois filles, habitant Dunkerque, et qui comme
les mille deux-cents employés d'une usine vient d'être mise au
chômage. LUI, incarne Stéphane, un trader divorcé, père d'un
jeune Alban dont il n'a pas le temps de s'occuper. Le boss de son
entreprise lui confie un important poste à Paris. C'est là-bas que
décide d'aller chercher du travail France sur les conseils d'un
ancien collègue qui lui confie que son père forme des femmes de
ménage. C'est ainsi donc que la jeune femme et le trader vont faire
connaissance. Elle cherche du boulot, lui a besoin d'une femme qui
s'occupera de tenir en ordre son luxueux appartement, et plus encore
lorsque débarque Alban et sa mère qui confie son enfant à Stéphane
pour les trente jours à venir...
Ma Part du Gâteau
est le dixième long-métrage de Cédric Klapisch. Une œuvre sur
fond de social où les ''grands'' dévorent les ''petits'' sans que
cela ne les émeuve jamais. Le réalisateur et scénariste évoque la
vie mouvementée d'un trader mais aussi les failles de son existence
personnelle. Cet homme qui brasse des millions, auquel son PDG lui
offre un poste important avec à la clé l'espoir de prendre la
direction est pourtant désespérément seul. Divorcé, incapable de
s'occuper seul de son fils, sans amis véritables, il est hautain,
dédaigneux, égocentrique et cynique. Face à une France/Karin Viard
mère de trois enfants, employée de ménage d'abord, et
garde-d'enfant ensuite, Cédric Klapisch évoque la possibilité pour
cet homme particulièrement froid et amer de devenir un peu plus
humain à son contact. C'est presque tout l'enjeu de Ma
Part du Gâteau
qui démarre assez ''foutraquement''
avec d'un côté, France et sa smala et de l'autre Stéphane plongé
au cœur des négociations financières. Et puis, vient la rencontre
entre celle que l'on considérera comme la protagoniste de cette
histoire tandis que lui incarne une certaine forme d'antagonisme.
Petit à petit, la relation patron-employé s'étoffe et semble se
diriger vers cette voie que partagent beaucoup d’œuvres. On est
pourtant encore très du formidable Quelques
Jours avec Moi
de Claude Sautet. La formidable relation qu'entretenaient les
personnages incarnés par Sandrine Bonnaire et Daniel Auteuil
vingt-trois ans plus tôt est ici viciée par le naturel d'un
individu ''hors-norme' qui revient à la charge dès que l'occasion
se présente...
Gilles
Lellouche et Karin Viard portent littéralement le film vers un
message d'espoir. Du moins, jusqu'à ce que ce petit malin de Cédric
Klapisch n'explose les certitudes du spectateur en évoquant un fait
qui va en partie tout remettre en question. Ma
Part du Gâteau
prend alors une tournure très étrange qui à réfléchir à
posteriori, cadre de manière inappropriée dans un contexte où le
jeu de séduction a su se faire une place entre deux individus que
rien ne r approche. Le réalisateur et scénariste précipite alors
les événements jusqu'à un final révolté et un arrêt sur image
déstabilisant. Critiquable pour son parti-pris parfois mal dégrossi
et caricatural (Gilles Lellouche/Stéphane est parfois vraiment
immonde), Ma
Part du Gâteau a
cependant l'honnêteté de proposer une dernière partie qui évite
l'écueil des comédies dramatiques qui se terminent toutes de la
même manière. Parfois risible dans sa construction, glaçant dans
sa galerie de portraits, émouvant dans la relation qu'entretiennent
les deux héros du récit, Cédric Klapisch signe avec ce dixième
long-métrage une œuvre plus cynique qu'elle n'en a l'air. Au final,
on est pourtant très loin du meilleur de sa filmographie. Cependant,
le couple Karin Viard/ Gilles Lellouche fonctionne bien et derrière
le message social, on est séduit par les rapports qu'entretiennent
leurs personnages respectifs. A noter les présences de Zinedine Soualem, d'Audrey Lamy ou encore d'Alex Lutz
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