Un père atteint de
narcolepsie (excellent Michel Jonasz), une mère froide, rigide et
très critique (savoureuse Marie-Christine Adam), une épouse
quelque peu délaissée (épatante Anne Marivin), un ami d'enfance
manager (génial Pascal Demolon) d'une chanteuse à succès (Barbara
Schultz) ainsi qu'un addict au sexe (Lannick Gautry)... C'est
autour de ses parents, de son épouse, de ses amis et d'une chanteuse
qu'il rencontrera pour la première fois que Ben (Medi Sadoun) décide
sans avoir d'abord consulté Charlotte, d'organiser un dîner le
vendredi à venir. Parents d'un tout jeune bébé, c'est sa mère qui
s'en occupe dans une grande majorité des cas puisque le père, lui,
est accaparé par son ambition de devenir célèbre grâce à ses
compositions musicales. Un sujet au centre de nombreux désaccords
non seulement entre les époux, mais également entre Ben et sa mère
Monique qui verrait bien son fils prendre la place de son père à
l'usine afin de permettre à ce dernier de prendre enfin sa
retraite.... Alors que tous les convives (ou presque) sont présents,
les amis Simon et Nathan passent voir le bébé endormi dans sa
chambre tandis que Monique, son époux Hubert, Ben et Charlotte sont
dans le salon. Penchés au dessus du berceau, les deux hommes
prennent un ton moqueur et se font des révélations sans savoir
qu'un Baby Phone retransmet
justement dans le salon tout ce qu'ils disent. Ben et ses parents
apprennent notamment que Nathan a couché avec Charlotte. Dès leur
retour parmi leurs hôtes, les deux hommes constatent que l'ambiance
est devenue glaciale...
C'est
dans ce contexte que partagent beaucoup de longs-métrages que le
réalisateur et scénariste Olivier Casas (ici aidé à l'écriture
du scénario par Serge Lamadie et Audrey Lanj) réalise son tout
premier format long après une série de courts-métrages dont l'un,
éponyme, et d'un durée de quinze minutes traitait déjà du même
sujet. Ou comment un simple petit appareil censé surveiller à
distance les faits et gestes d'un bébé endormi peut avoir de
lourdes conséquences sur une soirée. Baby Phone
réuni tout un panel d'excellents interprètes eux-même soumis à un
cahier des charges plutôt réjouissant : chacun y va en effet
de son hypocrisie, certains avec nuance quand d'autres y vont
franchement dans la démesure. Dans le domaine de la courtoisie,
c'est Michel Jonasz/Hubert qui remporte le trophée de la
bienveillance. Caché derrière son personnage atteint de narcolepsie
qui passe le plus clair des quatre-vingt quatre minutes que dure le
film à dormir, les rares fois où l'acteur/chanteur s'exprime c'est
avec prévenance et dans ces moments là, on se tait et on l'écoute.
Marie-Christine Adam qui incarne son épouse est l'exact contraire
de Hubert. Froide et critique, elle ne se résigne jamais à tenir
son rôle de convive mais passe son temps (peut-être avec un malin
plaisir d'ailleurs) à remettre en question tout ce que dit et fait
sa belle-fille. Charlotte qui elle, bouillonne véritablement. Pascal
Demolon, égal à lui-même, est sans doute l'une des pièces
maîtresses de ce petit jeu de massacre qui souffre parfois
étrangement de silences. Sans doute placés ça et là pour que le
spectateur ressente la gêne au sein de ce petit groupe d'amis et de
membres d'une même famille qui ont des choses à cacher et donc,
autant de choses à révéler...
Pascal
Demolon, donc. Dans le rôle outré du manager hypocrite rattrapé
(et donc sauvé) par ses émotions lors d'un dernier quart-d'heure
qui explose les certitudes concernant l'issue de cette comédie plus
légère que vraiment grave tout en se concluant de manière
relativement touchante. Chacun y est à sa place, et même si l'on ne
vit jamais de grands moments comme cela pu être le cas devant des
classiques tels que Un Air de Famille
de Cédric Klapisch en 1996, Cuisine et Dépendances
de Philippe Muyl en 1992, Le Prénom
d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte en 2012 ou de
manière plus grave comme par exemple dans le cas de Préjudices
d'Antoine Cuypers en 2015, on ne s'ennuie pas un seul instant. Medi
Sadoun sort un peu de ses rôles de français d'origine maghrébine
un peu lourds (Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu
de Philippe de Chaveron et sa séquelle) pour celui d'un individu
ivre de reconnaissance (faire croire que son père est sur le point
de mourir pour parvenir à convaincre Simon de participer au dîner,
il fallait oser!). Sans être un chef-d’œuvre ni proposer
d'étourdissants dialogues, Baby Phone est
cependant divertissant et permet de réunir une brochette
d'interprètes attachants. Le film d' Olivier Casas est d'abord une
sympathique comédie. Simple et sans prétentions...
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