Un titre franchement
anodin et un scénario qui fleure bon la comédie légère. Un
réalisateur et scénariste (Julien Weill) qui à part autant de
courts-métrages qu'une main compte de doigts n'a pas fait grand
chose d'autre depuis ces vingt dernières années... Ça n'est pas
que cette affaire débute mal mais pour commencer, on n'en attend
cependant pas grand chose. Pourtant voilà, au générique de Andy
apparaît le nom de Vincent Elbaz et là, c'est une autre histoire.
Celui qui fit les joies des amateurs de comédies françaises en
apparaissant notamment dans le second long-métrage de Cédric
Klapisch Le Péril Jeune
ou plus tard dans la saga La Vérité si je Mens
de Thomas Gilou incarnait l'année dernière un personnage aux
antipodes du séducteur prétentieux de l'excellent Je
ne suis pas un Homme Facile
d’Eleonor Pourriat. Dans Andy,
écrit par le réalisateur ainsi que par Grégory Boutboul, Bernard
Jeanjean et l'acteur lui-même, Vincent Elbaz incarne un personnage
de looser, vivant sur le dos des autres. Un parasite en somme, qui
après s'être fait larguer par sa dernière compagne se retrouve à
la rue.
Par
chance, il trouve le moyen de s'installer dans un foyer grâce à la
bienveillance de Reda (épatant Yannig Samot) bien qu'à son arrivée,
l'accueil que lui réserve Margaux (excellente Alice Taglioni) soit
un peu froid. Contraint de partager la même chambre que Philippe, un
ours fort attachant malgré son apparence de brute, Thomas a le
devoir de faire ses preuves en cherchant du travail s'il veut pouvoir
rester dormir au foyer les prochaines semaines. Mais alors que de
toute son existence il n'a travaillé que deux ans dans un Mac
Do
il y a de nombreuses années, qu'il a toujours eu l'habitude de
mendier de l'argent auprès de ses parents (interprétés par
Brigitte Roüan et Jacques Weber) et que jusqu'à maintenant, il n'a
fait que s'incruster chez les autres, Thomas va devoir se prendre en
main. Fainéant comme pas deux, il trouve l'emploi idéal :
Escort Boy. Et c'est sous le pseudonyme d'Andy que Thomas se lance
dans le métier. Mais les choses vont se révéler plus compliquées
qu'elles n'en ont l'air. En effet, on ne s'improvise pas Escort Boy
lorsque l'on est mal à l'aise en présence de vieilles rombières
ivres de connaître une seconde jeunesse auprès d'un beau et jeune
''étalon''...
Nous
ne nous y attendions certainement pas mais Andy
est une excellente surprise. Pourtant, ça n'était pas gagné
d'avance. Car avec un tel contexte, entre un individu incapable de
faire grand chose de ses mains sans se sentir mal, parasite de la
société, quasi SDF, installé dans un foyer style Sonacotra
(en
moins glauque tout de même), avare et pas très moral, Andy
aurait pu verser dans un courant social très sombre. Mais c'était
sans compter sur les qualités d'un scénario qui a la faculté de
mélanger les genres avec un certain brio. Comédie pas vraiment
dramatique, l’œuvre de Julien Weill distille surtout un vent de
fraîcheur et communique un bonheur inattendu de la part de
personnages plongés dans un marasme quotidien. Une histoire d'amour
bancale entre Thomas le parasite et Margaux qui travaille au sein
d'un foyer pour SDF. Des situations pittoresques, nombreuses, à
l'image desquelles Vincent Elbaz incarne un Escort Boy gauche et
ridicule invitant Margaux à participer à une magouille qui
heureusement pour eux, n'aura pas de conséquences fâcheuses. Il
faut dire que le scénario offre déjà à ces deux personnages
éminemment touchants, un quotidien relativement chargé. Son père à
LUI est alcoolique et sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Son ancien compagnon à ELLE, un individu particulièrement violent
qui la battait lorsqu'ils étaient ensemble, la poursuit où qu'elle
aille.
C'est
souvent léger, parfois grave, mais en général tout à fait
attachant. La relation entre les deux personnages est touchante et
devient même carrément émouvante lors d'une rencontre nocturne
entre ces deux êtres qui sortent de l'ordinaire. Julien Weill évite
le larmoyant et malgré un contexte difficile, le réalisateur et
scénariste nous propose une sympathique comédie interprétée par
un panel d'excellents acteurs parmi lesquels on reconnaîtra
notamment le savoureux Philippe Cura de la série Caméra
Café
dans le rôle de Philippe, le compagnon de chambre de Thomas ou
Nicolas Wanczycki dans celui de Marc, l'ancien petit ami persécuteur
de Margaux. Mais pour être tout à fait irréprochable, Andy
aurait sans doute mérité d'approfondir le personnage interprété
par l'excellent Vincent Elbaz. Car si la froideur de Margaux est
justifiée par son ancienne relation avec un homme violent, réduire
l'attitude de Thomas au simple fait qu'il exploite la gentillesse des
autres par simple fainéantise est peut-être un peu trop réducteur.
À part cela, Andy permet
de passer un très agréable moment...
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