Si l’on met de côté le court-métrage « Chronique Provinciale » qu’il réalisa en 1958, le réalisateur français Jean-Paul Rappeneau n’aura réalisé en tout et pour tout que huit longs-métrages entre 1966 et 2015, année de sortie de « Belles Familles », son dernier film à ce jour. Ses quatre-vingt treize printemps n’ont en tout cas pas entamé sa vigueur et sa fraîcheur puisqu’au travers de cette comédie dramatique atteignant presque les deux heuresécrite en compagnie de son fils Julien et de Philippe Le Guay, Jean-Paul Rappeneau signe une œuvre brillante qui repose autant sur l’excellente écriture des trois hommes que sur la mise en scène du réalisateur qui prouve que l’âge n’est parfois qu’une donnée subjective dans l’implacable univers du septième art. Autre facteur important : l’interprétation. Et dans le genre, ce grand cinéaste notamment auteur de « Cyrano de bergerac » en 1990 et du « Hussard sur le Toit » cinq ans plus tard nous a concocté un casting aux petits oignons. A commencer par la véritable vedette de ce huitième long-métrage, Mathieu Amalric qui dans le rôle d’un expatrié vivant en Chine revient en France au moment même où la discorde règne sur la vente de la demeure familiale. Jérôme Varenne est le frère de Jean-Michel (Guillaume de Tonquédec) et le fils de Suzanne (Nicole Garcia) tandis que son père est mort après avoir vécu durant un certain nombre d’années avec une autre femme. Florence Deffe (Karin Viard) et sa fille Louise (Marine Vacth) ont vécu auprès du père de Jérôme durant ses dernières années d’existence. Mais aujourd’hui, chassées de la demeure familiale que le père Varenne semble leur avoir pourtant légué, Florence et Louise ne peuvent plus compter que sur Grégoire Piaggi (Gilles Lellouche) qui promet de racheter la demeure afin de l’offrir ensuite à la mère et à sa fille...
Sans doute vais-je encore me répéter mais « Belles Familles » n’est pas le film dont j’attendais grand chose malgré le pedigree de son auteur. Et pourtant, c’est parfois l’inattendu qui réserve les meilleures surprises. Le script est généreux et survole à peu près tous les cas de figure que l’on peut rencontrer lors de la vente d’une propriété au demeurant, particulièrement luxueuse. Un combat acharné entre deux familles au cœur duquel intervient également la mairie. Le récit est touffu, sans temps morts, drôle, tendre et parfois même tragique. On rit peu mais finalement, l’intérêt réside ailleurs. Dans l’extrême précision de la caractérisation de certains personnages même si d’autres sont quelque peu laissés de côté. Il faut dire qu’en à peine plus d’une heure et cinquante minutes, Jean-Paul Rappeneau nous offre un panel de situations dont le nombre s’explique en partie par la profusion d’interprètes parmi lesquels il ne faudrait surtout pas oublier la présence de l’excellent André Dussollier. Entre nostalgie, amertume, romance et comédie, « Belles Familles » cultive la bonne humeur, certaines séquences apparaissant comme ubuesques dans un contexte qui à l’origine ne s’y prête peut-être guère. On ressort de l’expérience avec le sentiment d’avoir vécu un instant de magie malgré l’apparente simplicité de l’interprétation et de la mise en scène. À quatre-vingt treize ans, Jean-Paul Rappeneau prouve en tout cas qu’il en a encore sous la semelle. Superbe interprétation générale mais une mention spéciale pour Mathieu Amalric, Gilles Lellouche et Karin Viard. Ce qui ne doit bien entendu pas faire oublier le reste du casting. Petit bémol. On regrettera un final versant dans les retrouvailles à l’eau de rose. Une séquence Envisageable mais discutable dans son traitement...
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