Pourquoi CowBoy et pas Podium, Les Emotifs Anonymes ou encore C’Est Arrivé Près de Chez Vous ?
Peut-être parce qu’aujourd’hui, pas grand monde n’a encore envie d’en parler. Car
en dehors de la presse qui, en partie, a assez bien accueilli le film de Benoit
Mariage, il en demeure beaucoup parmi les téléspectateurs qui considèrent
encore CowBoy comme un piètre film
dans la carrière du cinéaste et de l’acteur belges. Deux hommes qui se
connaissent pourtant depuis de longues années. Et même au-delà des débuts de
cinéaste de Benoit Mariage qui interpréta le rôle d’un journaliste dans l’œuvre
culte de Rémy Belvaux, André Bonzel et… Benoit Poelvoorde. Ce dernier accepta
par la suite de jouer dans un court-métrage de Mariage, Le Signaleur, puis dans
le premier long métrage de son ami, Les
Convoyeurs Attendent, avant de revenir l’épauler de sa présence bien des
années plus tard dans le récent Les Rayures du Zèbres.
Concernant CowBoy, le constat est des plus nuancé. Le contenu « humoristique »
de cette œuvre, qui ne risque pas de provoquer de crises de fou rire tant le
cadre et l’austérité du propos tendent vers la gravité, est des plus mitigé. Force
est de constater que peu de films dans lesquels jouent Benoit Poelvoorde sont
vraiment drôles, voire divertissants. A part quelques exceptions, la majeure
partie des œuvres dont il est l’un des principaux interprètes sont très souvent
nimbées d’une aura de tristesse et de mélancolie auxquelles il vaut être
préparé si l’on ne veut pas accuser le coup trop durement. CowBoy n’est pas amusant. Considéré comme une comédie pure, il
décevra très forcément.
Terne et triste à mourir sont les
sentiments qui explosent devant la caméra de cette pathétique équipe de
tournage dirigée par un journaliste (Benoit Poelvoorde lui-même), dans des
cités aussi vides qu’extraordinairement austères. A l’image de ces maison
typiques du nord de la France et de Belgique donc, que l’on croirait filmées il
y a longtemps déjà mais qui toujours persistent à tenir debout comme le
témoignage d’une vie passée tournant autour des mines de charbon. Daniel Piron, homme de peu d’envergure qui s’enlise
dans un métier dans lequel il n’a pas su s’élever au rang de vrai grand
reporter. Un couple (qu'il forme aux côtés de l'actrice Julie Depardieu) qui ne bat pas vraiment de l’aile mais qui connait déjà le
train-train quotidien de ces vieux époux qui n’ont plus rien à partager. Afin
de se donner l’illusion de pouvoir encore faire quelque chose de sa vie, il va
se lancer dans un projet presque insensé, en tout cas, auquel peu de monde croit
en dehors de son boss, Debaest (Bouli Lanners) : Retrouver Tony Sacchi
(Gilbert Melki), un révolutionnaire qui vingt-cinq ans plus tôt se fit connaître
en prenant en otage les jeunes passagers d’un bus scolaire. Sauf que les
illusions de Piron vont vite s’envoler. Son idole n’est plus le révolutionnaire
d’antan et n’est qu’un gigolo que seul l’argent intéresse. Epaulé par le
caméraman Franz (François Damiens) et le preneur de son Jef (Jean-Marie
Barbier), Piron va avoir la rude tâche de retrouver les enfants d’alors devenus
des quadragénaires, et de les convaincre de participer à une reconstitution des
faits…
Voilà pour le synopsis. Reste à
savoir si CowBoy mérite que l’on « perde »
une heure trente de son existence à le regarder ou s’il vaut mieux passer à autre
chose sans même y jeter un œil. Certains répondront sûrement qu’il n’offre rien
d’enthousiasmant. Qu’il n’est pas drôle. Que les acteurs ont l’air autant de se
foutre de leur interprétation que les spectateurs qui commencent à quitter la
salle ont d’intérêt à suivre les léthargiques pérégrinations de Poelvoorde and
co. D’autres au contraire tiendront jusqu’au bout avec l’espoir de voir démarrer
une intrigue, il est vrai, plutôt molle. Ils ne relèveront pas les blancs entre
les dialogues (improvisation des acteurs ?), l’accent à couper au couteau
de la future star des caméras cachées François Damiens (il faut parfois tendre
l’oreille pour saisir tout ce que cet homme, qui parfois parle dans sa barbe, a
à dire), ni la grande austérité qui rend l’œuvre parfois déprimante. Le film de
Benoit Mariage laisse une grande part à la générosité. Les dialogues sont pauvres
mais les acteurs donnent beaucoup d’eux. CowBoy
est finalement une œuvre assez déconcertante et dont les intentions sont
difficiles à cerner. On peut l’aimer, le détester et même aller jusqu’à
totalement le rejeter. Il mérite cependant l’attention des spectateurs car
malgré la montagne de défauts qui pèsent sur ses épaules (la sécheresse du
scénario entre autre), il y a dans ces quelques menus portraits comme un
hommage rendu à une population que l’on n’a que trop rarement l’occasion de
rencontrer au cinéma… CowBoys est
comme le reflet en noir et blanc du très coloré (et franchement, pas si
extraordinairement drôle que cela) Bienvenue
Chez les Ch’tis de Dany Boon…
Effectivement, ce film n'est pas drôle et le scénario ne tient pas à grand chose : mais c'est avant tout un film d'atmosphère, comme le sont ceux de David Lynch. Il m'a fallu des jours à me remettre des "Convoyeurs", qu'un oncle m'avait présenté comme un film hilarant... alors que c'était un des films les plus tristes que j'ai eu l'occasion de voir. Cowboy est sans doute moins bon que les Convoyeurs, mais cela reste un excellent film, et oui, Poelvorde n'a jamais été vraiment un acteur comique, car il a su - et j'imagine que cela tient à sa bipolarité reconnue - trouver la tragédie de tout éclat de rire. Quel que soient les films, on rit toujours jaune... ou, gras lorsque l'acteur s'égare dans des merdes du genre "Le boulet".
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