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vendredi 1 mai 2015

Lost River de Ryan Gosling (2014)



Dans une petite ville du Michigan qui se meurt peu à peu, Une femme tente de survivre et de subvenir aux besoins de ses deux enfants. Billy n'a pas payé son loyer depuis trois mois et sa maison risque d'être détruite si elle ne trouve pas très vite une solution. C'est ainsi qu'elle se retrouve à travailler dans un cabaret dirigé par un certain Dave et dans lequel de jeunes femmes se donnent en spectacle dans des shows grand-guignolesques pour des hommes en mal de sensations fortes. L'un de ses fils, Bones, récupère le cuivre qu'il déniche dans ce qui reste de cette ville fantôme dans laquelle sa famille vit. Un jour pourtant, il vole une partie du butin de Bully, un jeune psychotique marginal qui coupe les lèvres de ceux qui osent se mettre en travers de son chemin. La meilleure amie de Bones, c'est Rat. La jeune femme s'occupe de sa grand-mère rendue muette depuis que son mari a perdu la vie lors de la construction d'un lac artificiel ayant inondé une commune voisine.

Alors que Billy découvre dans le cabaret une arrière-salle servant de défouloir pour les clients, Rat est victime d'une agression orchestrée par un Bully ayant découvert que la jeune femme a couvert la fuite de Bones. Ce dernier est tombé plus tôt sur un passage menant jusqu'aux abords de la ville engloutie. Une légende rapportant que le lac ainsi formé est maudit et que seul un objet extrait des lieux pourrait annuler cette malédiction, Bones décide d'y retourner et d'en retirer u artefact...

Ryan Gosling, avant de devenir réalisateur pour la toute première fois avec ce Lost River datant de 2014 est surtout connu pour avoir joué dans un certain nombre de films dont le Drive de Nicolas Winding Refn. Pour son premier film, l'acteur-réalisateur confie les rôles principaux à Christina Hendricks (Drive), l'irlandaise Saoirse Ronan (The Grand Budapest Hôtel) et surtout l'écossais Iain De Caestecker (In Fear) dont Lost River est le premier véritable film américain. Pour les méchants, le réalisateur confie les rôle aux convaincants (et particulièrement inquiétants) Matt Smith (connu pour avoir interprété l'un des Docteurs Who de la célèbre série éponyme) et Ben Mendelsohn (Animal Kingdom) qui ici fait figure de fils spirituel du Ben (Dean Stockwell) de Blue Velvet de David Lynch. L'oeuvre du cinéaste transpire d'ailleurs dans une grande majorité du film de Gosling qui par ailleurs et entre autres sources d'inspirations rend un évident hommage au roi du giallo transalpin Dario Argento. En effet, la scène durant laquelle Billy est emmenée en taxi, sous la pluie, jusqu'à l'entrée de cabaret rappelle sans conteste la scène où l'héroïne de Suspiria elle-même est conduite (également en taxi et sous la pluie) à l'école où elle va suivre des cours de danse.

Une partie de la bande-son (signée Johnny jewell) semble d'ailleurs faire référence aux œuvres les plus emblématiques du cinéaste italien. Un hommage une fois de plus rendu lors du tout premier spectacle auquel nous assistons dans le cabaret et qui met en scène le meurtre d'une jeune femme par un tueur masqué et ganté. David Lynch est lui aussi une source d'inspiration évidente. Comme celui cité plus haut, le personnage de Dave renvoie certainement à celui campé par Dennis Hooper une fois encore dans Blue Velvet. Et puis il y a ces images saisissante, ces flous artistiques qui font sombrer ce drame dans une sorte de soupe cauchemardesque aux contours presque indéfinissables. A l'image de l'incendie orchestré par l'acolyte de Bully au faciès de zombie, Face (Torrey Wigfield). Impressionnant passage qui visuellement efface autant les souvenirs de cette grand-mère (Barbara Steele, rien que ça!) qu'il occulte notre perception en noyant l'image sous les effets d'une fumée opaque et étouffante. D'ailleurs, des images comme celle-là, le film en fourmille. Des flous réellement artistiques qui ne dénaturent jamais la forme d'une intrigue tragique et nostalgique. 


Des symboles, le film en comprend sans doute beaucoup et il faudra peut-être le revoir une ou deux fois pour y percer tous les mystères de ces plan troubles qui cachent sans doute des messages très profonds. Comment par exemple ne pas voir dans ces couloirs roses et opaques qui mènent jusqu'à cette chambre où trône une « coquille », le mélange entre cette route merveilleusement blanche censée mener au paradis et le rouge du sang révélateur des atrocités que l'on fantasme derrière cette « chambre » au mobilier on ne peut plus épuré ?

Entre l'interprétation, la mise en scène et la direction artistique, Lost River est une œuvre forte, réussie, un très bel essai d'un acteur que l'on voudra forcément voir réitérer l'expérience. A voir, absolument...

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