Dans une petite ville du
Michigan qui se meurt peu à peu, Une femme tente de survivre et de
subvenir aux besoins de ses deux enfants. Billy n'a pas payé son
loyer depuis trois mois et sa maison risque d'être détruite si elle
ne trouve pas très vite une solution. C'est ainsi qu'elle se
retrouve à travailler dans un cabaret dirigé par un certain Dave et
dans lequel de jeunes femmes se donnent en spectacle dans des shows
grand-guignolesques pour des hommes en mal de sensations fortes. L'un
de ses fils, Bones, récupère le cuivre qu'il déniche dans ce qui
reste de cette ville fantôme dans laquelle sa famille vit. Un jour
pourtant, il vole une partie du butin de Bully, un jeune psychotique
marginal qui coupe les lèvres de ceux qui osent se mettre en travers
de son chemin. La meilleure amie de Bones, c'est Rat. La jeune femme
s'occupe de sa grand-mère rendue muette depuis que son mari a perdu
la vie lors de la construction d'un lac artificiel ayant inondé une
commune voisine.
Alors que Billy découvre
dans le cabaret une arrière-salle servant de défouloir pour les
clients, Rat est victime d'une agression orchestrée par un Bully
ayant découvert que la jeune femme a couvert la fuite de Bones. Ce
dernier est tombé plus tôt sur un passage menant jusqu'aux abords
de la ville engloutie. Une légende rapportant que le lac ainsi formé
est maudit et que seul un objet extrait des lieux pourrait annuler
cette malédiction, Bones décide d'y retourner et d'en retirer u
artefact...
Ryan Gosling, avant de
devenir réalisateur pour la toute première fois avec ce Lost
River datant de 2014 est surtout connu pour avoir joué dans un
certain nombre de films dont le Drive de Nicolas Winding Refn.
Pour son premier film, l'acteur-réalisateur confie les rôles
principaux à Christina Hendricks (Drive), l'irlandaise
Saoirse Ronan (The Grand Budapest Hôtel) et surtout
l'écossais Iain De Caestecker (In Fear) dont Lost River
est le premier véritable film américain. Pour les méchants, le
réalisateur confie les rôle aux convaincants (et particulièrement
inquiétants) Matt Smith (connu pour avoir interprété l'un des
Docteurs Who de la célèbre série éponyme) et Ben Mendelsohn
(Animal Kingdom) qui ici fait figure de fils spirituel du Ben
(Dean Stockwell) de Blue Velvet de David Lynch. L'oeuvre du
cinéaste transpire d'ailleurs dans une grande majorité du film de
Gosling qui par ailleurs et entre autres sources d'inspirations rend
un évident hommage au roi du giallo transalpin Dario Argento. En
effet, la scène durant laquelle Billy est emmenée en taxi, sous la
pluie, jusqu'à l'entrée de cabaret rappelle sans conteste la scène
où l'héroïne de Suspiria elle-même est conduite (également
en taxi et sous la pluie) à l'école où elle va suivre des cours de
danse.
Une partie de la
bande-son (signée Johnny jewell) semble d'ailleurs faire référence
aux œuvres les plus emblématiques du cinéaste italien. Un hommage
une fois de plus rendu lors du tout premier spectacle auquel nous
assistons dans le cabaret et qui met en scène le meurtre d'une jeune
femme par un tueur masqué et ganté. David Lynch est lui aussi une
source d'inspiration évidente. Comme celui cité plus haut, le
personnage de Dave renvoie certainement à celui campé par Dennis
Hooper une fois encore dans Blue Velvet. Et puis il y a ces
images saisissante, ces flous artistiques qui font sombrer ce drame
dans une sorte de soupe cauchemardesque aux contours presque
indéfinissables. A l'image de l'incendie orchestré par l'acolyte de
Bully au faciès de zombie, Face (Torrey Wigfield). Impressionnant
passage qui visuellement efface autant les souvenirs de cette
grand-mère (Barbara Steele, rien que ça!) qu'il occulte notre
perception en noyant l'image sous les effets d'une fumée opaque et
étouffante. D'ailleurs, des images comme celle-là, le film en
fourmille. Des flous réellement
artistiques qui ne dénaturent jamais la forme d'une intrigue
tragique et nostalgique.
Des symboles, le film en
comprend sans doute beaucoup et il faudra peut-être le revoir une ou
deux fois pour y percer tous les mystères de ces plan troubles qui
cachent sans doute des messages très profonds. Comment par exemple
ne pas voir dans ces couloirs roses et opaques qui mènent jusqu'à
cette chambre où trône une « coquille », le mélange
entre cette route merveilleusement blanche censée mener au paradis
et le rouge du sang révélateur des atrocités que l'on fantasme
derrière cette « chambre » au mobilier on ne peut plus
épuré ?
Entre l'interprétation,
la mise en scène et la direction artistique, Lost River est
une œuvre forte, réussie, un très bel essai d'un acteur que l'on
voudra forcément voir réitérer l'expérience. A voir,
absolument...
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