De tous temps, fils et
filles de cinéastes ont tenté de pérenniser leur art de la mise en
scène. Chez nous, Jacques Audiard a pris la relève du célèbre
dialoguiste et réalisateur Michel Audiard. Claude Zidi Jr. a rejoint
son éponyme de père dans la comédie française. Thomas Langmann
poursuit la même carrière que son géniteur en réalisant et
produisant lui-même un certain nombre d’œuvres
cinématographiques. Ailleurs, l'on retiendra Francis Ford Coppola et
sa fille Sofia, David Lynch et Jennifer, David Cronenberg et son
fils Brandon et tout récemment, le réalisateur américano-indien M.
Night Shyamalan dont la fille Ishana vient de signer son tout premier
long-métrage intitulé The Watchers est
sorti sur les écrans le 12 juin dernier. Et forcément, lorsque l'on
est affublé d'un tel patronyme, on est d'emblée l'objet de
curiosité. Sans surprise, la fille de l'auteur de Sixième
sens,
d'Incassable,
du Village
ou de Old
se lance peu ou prou dans le même type de projet. Alors qu'est prévu
en salle pour le 7 août prochain le tout nouveau long-métrage de
papa Shyamalan intitulé Trap,
l'on espère que la fille a choisi d'éviter d'emprunter la même
voie désespérante que celle de Jennifer Lynch. Alors? Que vaut la
première incartade de la fifille à son papa ? Ben en fait, pas
grand chose. The Watchers,
c'est un peu comme de se fournir chez un distributeur de fausses
montres de marque Cartier. Si d'apparence le produit a l'air
semblable, la technicité et les matériaux employés laissent
apparaître des vices impardonnables qui en font un article de très
mauvaise qualité. Ishana Night Shyamalan peut remercier son père
d'avoir produit ce qui apparaît comme le caprice d'une jeune fille
de vingt-quatre ans. Elle peut davantage le remercier d'avoir eu une
telle carrière car sans le prestige qui entoure certaines œuvres de
son patriarche, sur la foi de son seul nom, Ishana Night Shyamalan
aurait sans doute fait assez peu parler d'elle. Pour ne pas dire, pas
du tout. Car comme le révèle son premier long-métrage, le talent
n'est pas forcément synonyme d'hérédité. The
Watchers
est un conte de fées pour adultes qui trouve en Us
de
Jordan Peele et dans toute œuvre traitant de la thématique
d'occupation des corps l'alternative la plus naïve qu'il ait été
donné l'occasion de découvrir sur grand écran. Un concept donc
moins original qu'il n'y paraît si ce n'est l'implication de
personnages d'ordre féerico-cauchemardesques stipulant l'intrusion
dans notre monde de créatures nocturnes provenant d'un imaginaire
enfantin.
Ici,
Ishana Night Shyamalan enferme ses quatre protagonistes dans une
étrange cabane nommée ''poulailler''
auquel vient d'intégrer tout récemment la dernière d'entre eux.
Les lieux sont dominés par la présence de Madeline (l'actrice
irlandaise Olwen Fouéré), vieille femme coincée en ces lieux
depuis les huit derniers mois et qui depuis a été rejointe par
Ciara (Georgina Campbell), Daniel (Oliver Finnegan) et donc Mina
(Dakota Fanning). Depuis le temps que vit ici Madeline, celle-ci a
appris à connaître les guetteurs, ces êtres qui lorsque le soleil
se couche viennent les observer elle et ses compagnons de fortune, à
travers l'immense baie vitrée de la cabane. C'est d'ailleurs à peu
près tout ce que ces créatures ''invisibles'' exigent du groupe. En
plus de ne pas les autoriser à sortir la nuit ou d'approcher les
étranges terriers dans lesquels les guetteurs se réfugient la
journée... Démarrant sur un tel concept, le film évoque de loin
les meilleurs moments dans la carrière de M. Night Shyamalan. On
pense bien évidemment au formidable Le Village.
Modèle insurpassable s'employant à la technique du Twist comme
aucun autre face à lui depuis les sorties de Sixième
sens
et Incassable...
C'est donc forcément dans l'attente d'effets de surprise impossible
à détecter avant qu'ils ne surgissent pendant le récit que le
spectateur se laissera tout d'abord porter avant de rapidement se
rendre compte que The Watchers
a plutôt et malheureusement tendance a se rapprocher de l'inefficace
Knock at the Cabin
que le père de la réalisatrice signa l'année dernière. Car le
principe entourant le style Shyamalan semble avoir enfermé le père
et la fille dans une certaine exigence scénaristique qui dès
qu'elle leur fait défaut paraît comme impardonnable. Mais là où
Ishana enfonce le clou, c'est lorsque la réalisatrice et scénariste
tente de donner du crédit à un sujet tellement ridicule que l'on
n'y croit pas un seul instant. De manière plus générale, la façon
qu'a la jeune femme de tenir le spectateur par la main comme si elle
avait peur de le perdre dans des limbes dont il est pourtant
relativement aisé de se dégager est assez agaçante. Ishana Night
Shyamalan prendra d'ailleurs le temps dans la dernière partie de
donner du sens au spectacle auquel l'on vient d'assister.
Malheureusement, aucun événement réellement remarquable n'ayant
permis de s'attacher aux personnages ou au récit durant le courant
de l'histoire, The Watchers
demeurera comme une œuvre sans émotion, voire, sans âme...
Je vois que nous avons un goût commun pour Le Village, que je considère moi aussi comme le sommet du gars (parmi les cinq que j'ai vu...). Pour le reste, les "fils / filles de", c'est terrible dans ce milieu comme dans celui de la musique.
RépondreSupprimer