En matière d’œuvres
cinématographiques, les grandes étendues recouvertes d'un blanc
manteau de neige m'évoquent trois choses : Antarctica
de Koreyoshi Kurahara, The Thing
de John Carpenter et Fargo
des frères Coen. C'est donc toujours avec fébrilité que j'aborde
en général tout ce qui touche de près ou de loin à ces cadres
uniques, presque anxiogènes, dans l'espoir de revivre toujours cette
même sensation de solitude mêlée de désolation. Le rêve ultime
ici, avec Arctic Void
de Darren Mann, était de redécouvrir ce même frisson qui me
parcouru à l'époque bénie où John Carpenter signait l'un des
longs-métrage de science-fiction horrifique les plus remarquables...
Le film n'est semble-t-il pas sorti sur notre territoire et j'avoue
n'en avoir jamais entendu parler jusqu'à ce jour. Imaginer un seul
instant que Arctic Void
soit comparable à The Thing
est un sentiment qui va très vite vous ramener à la réalité.
C'est avant d'avoir les pieds bien ancrés sur terre que nos trois
principaux protagonistes interprétés par Michael Weaver, Tim
Griffin et Justin Huen monteront à bord d'un petit bateau en
compagnie d'étudiants et de chercheurs pour une expédition en
Arctique. Une rencontre entre américains, allemands et suédois,
dirigés par l'imposant maître à bord, Jim (Rune Temte). Les
passagers entrent en contact les uns avec les autres, les jolies
allemandes ne laissant pas indifférent Ray Marsh, célèbre
animateur d'une émission produite et réalisée par son ami Alan
Meursault dont la situation maritale actuelle s'avère
particulièrement compliquée. Accompagnés par Sean Tibbets qu'ils
ne connaissent pas mais qui devra assurer le tournage des images à
bord du bateau, les deux américains ainsi que le reste des passagers
sont témoins d'événements étranges qui se produisent alentours. À
commencer par l'horrible vision d'un éléphant de mer tuant son
petit sur un bout de banquise. Puis survient un fait encore plus
curieux lorsque la quasi totalité des passagers ainsi que le
commandant disparaissent subitement. Ne demeurent plus à bord que
Ray, Alan et Sean... S'il faut reconnaître que le démarrage est
plutôt encourageant, la suite des événements va révéler de très
grosses lacunes en matière d'écriture. L'on comprend tout d'abord
qu'un phénomène d'ordre (sur)naturel s'est produit dans la région.
Ce qui explique le comportement de l'éléphant de mer ou plus tard
celui d'un groupe d'oiseaux. Concernant la disparition de la plupart
des passagers et de Jim ?
Ce
sera au spectateur de se faire sa propre opinion à ce sujet puisque
le réalisateur, pourtant accompagné de Michael Weaver, William Paul
Jones et Jay Kirk à l'écriture ne se donnera pas la peine de nous
apporter une hypothèse crédible à ce sujet. Pourquoi ne pas
imaginer alors qu'ils furent emportés par les Langoliers
de Stephen King ? Mais brève de plaisanterie, Arctic
Void est
vraiment une très curieuse expérience cinématographique qui paraît
suspendue, le temps se figeant subitement dès lors que nos trois
malheureux survivants atteignent la terre ferme. Là, ils tombent sur
une petit ville côtière totalement vidée de ses habitants. Ce seul
aspect maintient tout d'abord un sentiment anxiogène. La peur d'y
voir surgir l'effroi. À commencer par le cri déchirant mais
néanmoins glaçant d'un cerf étendu sur le sol d'un établissement,
agonisant. De manière générale, les effets visuels et horrifiques
sont rares. Et c'est tant mieux au vu des effets-spéciaux numériques
censés reproduire certaines espèces animales. Ensuite, le scénario
semble ne devoir quasiment plus évoluer. Après une timide
exploration des lieux l'on assiste à un autre type d'agonie. Celle
d'Alan, dont le corps se recouvre peu à peu de plaies béantes.
Darren
Mann tente de maintenir un certain niveau de stress et de mystère
mais l'ennui prend très rapidement la place des composantes que le
réalisateur espérait pouvoir mobiliser jusqu'au terme du récit.
L'intrigue joue sur l'attitude trouble du cameraman, sur le sort qui
est accordé à Alan ou sur l'absence d'éléments concrets qui
expliqueraient la situation. C'est d'autant plus dommage que le cadre
se prêtait parfaitement à ce genre de situation. On a l'impression
que le réalisateur, arrivé à un certain degré, n'en a vraiment
plus rien à foutre de son histoire et de la mise en scène. Le point
ultime de ce désintérêt recourant à une queue de poisson
intervenant tout juste avant le générique de fin comme aucune autre
ne peut lui être comparée : alors que les choses semblent
devoir s’accélérer puisque l'on devine que les ''sauvetages''
viennent d'arriver, le récit s'interrompt très précisément à ce
moment là. Sans la moindre forme d'explication. Une fin tellement
inattendue que le premier reflex sera de suivre les trois minutes que
compte le générique de fin dans l'espoir d'y découvrir quelques
séquences supplémentaires cachées au fin fond de celui-ci. Mais
non, rien, nada, walou, macache. Bref, la descendance n'est ici pas
du tout assumée. C'est donc avec un sentiment d’amertume et celui
d'avoir été pris pour un con que j'efface de ma mémoire cette
œuvre bancale, qui mérite au fond parfaitement son titre (Void
:
Vide)...
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