Lorsque l'on est le
compagnon d'une ancienne prof de collège désormais à la retraite,
quoi de pire que de lui infliger un film dans lequel une enseignante
se coltine des cas sociaux ? Ou du moins, des élèves en rupture de
ban avec l’Éducation Nationale ? En choisissant certainement
l'une de ces œuvres qui dans la longue file d'attente propre au
genre a choisi de traiter le sujet avec le plus grand sérieux.
Pourtant, c'est à un autre type de traitement auquel nous convie la
réalisatrice française Émilie Noblet avec son tout premier
long-métrage à avoir eu les honneurs du grand écran. Après
quelques courts-métrages, épisodes de séries télévisée et un
téléfilm intitulé Loulou
l'année dernière, la jeune femme s'est attelée à aborder le sujet
sur le thème de la comédie. Plus proche, donc, des Sous-doués
de Claude Zidi, du Plus beau métier du monde
de Gérard Lauzier, du Maître d'école
de Claude Berri ou des diplômés du dernier rang
de
Christian Gion que d'Entre les murs
de Laurent Cantet, Bis Repetita
met en scène la délicieuse (et ancienne Miss Météo du Grand
Journal de Michel Denisot sur Canal+)
Louise Bourgoin dont les charmes ne laisseront indifférents ni les
spectateurs, ni le détenteur d'un doctorat en lettres classiques,
Rodolphe (Xaiver Lacaille), ni l'un des cinq élèves qu'elle va
devoir accompagner jusqu'en Italie pour un concours académique
international se déroulant à Naples ! Pour celui ou celle qui
lit ces lignes, sans doute l'antinomie entre classe de cassos et
participation à un prestigieux concours de langue latine sautera aux
yeux. Ces deux ''phénomènes'' dont les extrémités n'auraient sans
doute jamais dû se confronter vont pourtant être au centre de cette
comédie dans laquelle la jolie Delphine (Louise Bourgoin, donc) aura
eu le malheur de surnoter ses cinq élèves, les faisant ainsi passer
pour les meilleurs de France. D'où la suite... Si ''légèreté''
semble être le maître-mot de Bis Repetita,
le long-métrage d'Émilie Noblet évite malgré tout de ''sombrer''
(terme à ne surtout pas prendre au sens péjoratif) dans la
gaudriole et la ''franchouillardise'' contrairement à certains des
exemples cités plus haut.
Si
le film fonctionne, c'est bien évidemment tout d'abord grâce à la
présence de Louise Bourgoin dans le rôle de cette prof de latin
désabusée et qui pour des raisons pas tout à fait obscures à
choisi de noter chacun de ses élèves avec la note de 19/20. Là où
le bât blesse est moins cette aventure extrascolaire offerte à une
mini-tribu d'élèves indisciplinés au sein de laquelle Delphine
pourrait faire très facilement illusion que dans ce concours tant
attendu et qui au fond demeure très superficiel dans l'approche
qu'en fait la réalisatrice et scénariste accompagnée à l'écriture
par Clémence Dargent. Des débuts encourageants, la France étant
dotée d'une équipe aux connaissances frisant le zéro pointé,
Émilie Noblet s'intéresse au fond davantage à ses sept principaux
personnages auxquels l'on ajoutera l'acteur italien Francesco
Mantanari dans le rôle du séducteur lourd et arrogant, Vottorio !
Sept personnages, donc. C'est à dire Louise Bourgoin et Xavier
Lacaille, évidemment (ce dernier passant de l'illustration parfaite
de l'ancien étudiant excellant avec le latin à l'accompagnateur
finalement très sympathique, voire même touchant) mais également
Rosie Boccardi, Elias Donada, Gabrielle Garcia, Stylane Lecaille et
Issa Perica qui dans les rôles respectifs de Stéphanie, Alban,
Iloña, Gabin et Isma nous épargnent (ma compagne et moi) certains
des stéréotypes participant généralement de manière
contractuelle au rejet vis à vis de ce genre d'individus. Des cas
sociaux qui nous apparaîtront finalement moins perdus pour la
société qu'envisagé lors de la première rencontre avec chacun
d'entre eux. Certains parmi ces cinq là retiendront moins
l'attention que d'autres. La raison étant sans doute liée au
scénario, lequel s'intéresse notamment davantage au personnage de
Gabin qu'à certains autres. Mais dans l'ensemble, et ce même s'ils
n'entreront sans doute jamais dans l'histoire du genre contrairement
au quintette du formidable Breakfast Club
de John Hugues, ces cinq élèves restent malgré tout très
attachants. Au final, Bis Repetita
est une chouette comédie, sans prise de tête, sans prétention, pas
très finement écrite il est vrai, mais suffisamment joyeuse pour
que l'on passe un très agréable moment...
"Le plus beau métier du monde" m'avait laissé un goût amer dans la bouche : je n'avais pas souvenance que les problématiques à l'école et dans les banlieues étaient déjà si prégnantes en 1996, cela m'avait déprimé. Difficile de le voir sous l'angle du "divertissement"...
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