Le réalisateur et
scénariste catalan Javier Setó étant décédé à l’âge de
quarante-trois ans seulement l'année même de la sortie sur les
écrans de son avant long-métrage L'Assassino Fantasma,
nous allons essayer d'évoquer ce film d'origine italo-espagnole sans
être trop durs. Filmé à la toute fin des années
soixante, nous retrouvons l'esthétique du Giallo
typiquement transalpin dans l'esprit des œuvres signées de
l'italien Mario Bava, mais sans les couleurs criardes. Décors,
image, textures et bande musicale embrassent littéralement le genre
dans cette histoire relativement sordide dans laquelle une femme et
le frère jumeau de son époux décident de se débarrasser de lui en
lui faisant perdre la tête. Un concept pas vraiment neuf à l'époque
puisqu'une quinzaine d'années auparavant, le réalisateur français
Henri-Georges Clouzot avait offert au public avec le classique Les
diaboliques,
un récit dans lequel le scénario proposait une machination à la
hauteur de la réputation de ce thriller dramatique absolument
démoniaque ! C'est donc sur un postulat qui lui ressemble fort que
démarre et se poursuit tout au long de l'aventure L'Assassino
Fantasma,
titré chez nous L'assassin fantôme
et dans le pays où il fut entièrement tourné, l'Espagne, Viaje
al Vacío.
Le long-métrage met en scène l'acteur américain Larry Ward dans le
double rôle des frères jumeaux Peter et John ainsi que l'actrice
espagnole Teresa Gimpera dans celui de Denise, l'épouse adultère.
Tout comme dans Les diaboliques
où la victime (l'actrice franco-brésilienne et épouse du
réalisateur, Véra Clouzot dans le rôle de la prof d'anglais
Christina Delassalle) était cardiaque, celle de L'Assassino
Fantasma est
diabétique et épileptique. Dans un cas comme dans l'autre, leurs
''tortionnaires'' vont se servir de leur maladie pour s'en
débarrasser. Interviennent également au cœur du récit, l'acteur
italien Giacomo Rossi Stuart dans le rôle d'un balafré
maître-chanteur ou Fernando Sánchez Polack dans celui d'un
commissaire.
Malgré
une idée au départ fort alléchante, le long-métrage de Javier
Setó s'avère malheureusement assez pénible à suivre en raison
d'un rythme plutôt soporifique. Peter souffre de crises d'épilepsie
qui s'intensifient lorsque Denise commence à lui faire prendre des
somnifères avec la complicité de John. Le pauvre homme, avec
''l'aide'' des deux antagonistes du récit commence à se convaincre
qu'il est victime d'hallucinations et de cauchemars. Alors que Gert
Muller, l'homme au visage balafré, tente de convaincre le couple de
lui donner de l'argent contre son silence, celui-ci est assassiné,
John convainquant alors que son frère en est l'assassin... Nous
sommes loin ici des grands classique du Giallo
auquel il n'emprunte d'ailleurs pas grand chose puisque la plupart
des codes en vigueur dans le genre sont totalement absents. Pas de
tueur ganté, casqué ou plus généralement vêtu de noir. Pas de
meurtres à l'arme blanche. C'est à se demander si L'Assassino
Fantasma mérite
réellement sa place ici... Nous sommes donc davantage en présence
d'un thriller que d'un pur produit inspiré à l'origine par les
romans policiers italiens dès les années 1920 et dont la couleur
des couvertures donne son nom au genre (Giallo = Jaune). D'une
manière générale, la photographie d'Antonio Piazza est
relativement admirable (et nous change des atroces couleurs baveuses
du précédent long-métrage évoqué dans ce cycle). Ici, peu de
nudité. Ce qui aurait au moins eu l'avantage de nous divertir. Le
film est comme son esthétique générale : plutôt maussade et
pour ainsi dire, pas vraiment distrayant. En dehors d'un Twist
intervenant dix minutes avant la conclusion et d'une très belle affiche, L'Assassino
Fantasma
demeure malheureusement très anecdotique...
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