Alors là, on tient avec
Pathos - Segreta inquietudine
de Piccio Raffanini un authentique maître-étalon du nanar à
l'italienne. Le genre d'outsider capable de prendre la première
place d'un concours olympique du plus mauvais Giallo
de toute l'histoire du genre, même face aux plus remarquables
challengers du genre. Le réalisateur et scénariste italien ne s'en
remettra d'ailleurs jamais vraiment puisqu'il s'agira là de sa seule
incartade dans le septième art ! Il faut dire qu'avec ce
long-métrage dont l'accumulation d'erreurs de goût frise le génie,
Piccio Raffanini est parvenu à établir la liste quasi exhaustive
de tout ce que peut compter de poncifs un courant qui ne semble guère
plus capable d'innover en cette année 1987. Plus qu'un simple Giallo
totalement raté, Pathos - Segreta inquietudine
qui chez nous est sorti sous le titre La nuit
bleue
est une œuvre de soft-porn aussi excitante qu'un débat ponctué par
les interventions de la poissonnière Mathilde Panot ! Qu'il
s'agisse des décors, des costumes, des coiffures, de l'éclairage ou
de la bande musicale, tout transpire ici les années quatre-vingt
dans ce qu'elles peuvent parfois évoquer désormais de plus
ringard ! C'est bien simple, derrière le nom de Piccio
Raffanini semble parfois résonner celui de Luc Besson période
Subway.
Mais alors que l’œuvre du français demeure encore aujourd'hui
comme l'une de ses plus brillantes réussites, Pathos
- Segreta inquietudine,
à n'en point douter, était déjà en son temps un film que les
amateurs de Gialli
se complaisaient à moquer, ou mieux : à bannir... Écrite par
le compositeur italien Gabriele Ducros, lequel ne s'est vraiment pas
décarcassé (petite vanne renvoyant à une ancienne pub que les plus
jeunes ne connaissent probablement pas), le bonhomme semble être
très inspiré par le travail d'Eric Serra, fidèle
multi-instrumentiste de Luc Besson qu'il accompagne sur pratiquement
tous ses films. L'intrigue de Pathos - Segreta
inquietudine est
on ne peut plus classique. Écrit par Piccio Raffanini lui-même
ainsi que par Lidia Ravera et Jacques Goyard, son récit se rapproche
du classique signé par Mario Bava en 1964,
Sei Donne per l’Assassino
(Six
femmes pour l'assassin).
Sauf que la comparaison s'arrête au stricte phénomène de meurtres
en séries touchant des mannequins puisque Pathos
- Segreta inquietudine
est dans tous les domaines qu'il touche, un véritable naufrage...
Multipliant les scènes de nudité totalement gratuites, le
long-métrage de Piccio Raffanini avance cependant de bonnes idées.
Comme
cette pauvre Valérie (l'actrice Gioia Scola), harcelée par la
directrice de l'agence de mannequins, Diane (Virginia Hey). Une
véritable peste qui s'amuse à humilier son employée chaque fois
que l'occasion se présente. Ou bien ces vidéos des meurtres
qu'enregistre le tueur. Dans un univers brumeux et axé sur des
couleurs primaires véritablement atroces (le responsable en charge
des éclairages s'est cru chez Dario Argento !!!), noyé sous une
chape musicale parfaitement indigeste, interprétée sans la moindre
conviction ni une once de passion par la totalité de ses
interprètes, l'infinitésimal intérêt qu'aurait pu générer le
caractère détestable de certains protagonistes s'en trouve
malheureusement dévasté ! D'une laideur qui ferait redresser les
cheveux de n'importe quel personnage pourtant suspendus au dessus de
sa tête à l'aide de bonbonnes entières de gel ou de laque, Pathos
- Segreta inquietudine
se casse la gueule dès l'entame du récit. Nettement plus intéressé
par les formes généreuses de ses interprètes féminines que par le
déroulement du récit, le réalisateur nous assène une multitude de
séquences inutiles. Auxquelles s'ajoute notamment, plusieurs séances
de danse dont la durée dépasse l'entendement. Bref, de quoi remplir
les espaces vides avec tout ce qui lui tombe sous la main. Notons la
présence à l'image du chanteur Kid Creole dans le rôle d'un
proxénète (si certains se souviennent encore de lui) mais plus
encore celle de notre Gérard Darmon national dans le rôle de
Georges. Un type pas vraiment fréquentable, consommateur de cocaïne
et de jolies pépées. Pauvre Gérard, doublé en outre (et comme la
totalité des interprètes) dans un anglais très... collégien.
Boîte gay, bondage, saphisme, égorgements, rien ne nous aura été
épargné. Et pourtant, rien ne fonctionne. Les acteurs sont mauvais
et la mise en scène pitoyable. Trop de déchets. Des séances-photos
qui s'enchaînent et s'éternisent. Une musique envahissante et des
erreurs de débutant impardonnables. Le meilleur exemple demeure ces
quelques vidéos filmées par le tueur. Lors des meurtres, on le voit
agir sur ses victimes. Mais alors, qui tient la caméra ? Car
celle-ci bouge effectivement. Mais comment ? Par enchantement,
sans aucun doute... ? Bref, une purge...
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