Dans le domaine des
slashers originaires du Canada In a Violent Nature
de Chris Nash n'est pas un cas isolé. Citons par exemple Le
bal de l'horreur
de Paul Lynch en 1980 ou le plus récent The
Editor d'Adam
Brooks et Matthew Kennedy sorti en 2014. Notons qu'en outre, Black
Christmas
de Bob Clark date de 1974 et qu'il est très régulièrement
considéré comme le tout premier film de sa catégorie à avoir vu
le jour sur grand écran. Pour son premier long-métrage, le canadien
Chris Nash renoue avec l'horreur la plus décomplexée. Ce
spécialiste des effets-spéciaux qui en quinze années de carrière
à travaillé sur autant de projets (dont le dernier s'intitule
Psycho Goreman
et fut réalisé par Steven Kotanski en 2020) se lâche totalement
avec In a Violent Nature
dans lequel les débordements gore sont l'une de ses principales
qualités. Pour le reste, le film bat le froid et le chaud. Entre son
authentique originalité narrative et la mollesse avec laquelle le
réalisateur et scénariste manie sa caméra, on hésite parfois à
lui trouver un quelconque intérêt. D'emblée, le film démarre par
une introduction étrange lors de laquelle l'on entend des hommes
discuter sans que nous soit dévoilée leur visage. Dans une cabane
délabrée, un piquet sur lequel reposait jusque là un médaillon
dérobé par l'un d'entre eux se met à bouger pour au final révéler
un corps décomposé ayant miraculeusement le pouvoir de se mouvoir.
Le tueur du film, c'est lui. Un homme imposant, à la peau tannée et
très abîmée, voire même en décomposition qui jusque là était
enterré sous la terre meuble de la vieille bâtisse. Un individu qui
en grande partie sera filmé de dos lors de séquences s'éternisant
un peu trop longuement. Pourtant, ces scènes répétitives possèdent
un intérêt certain. Non pas celui de filmer le tueur à la
troisième personne mais d'éclairer consciemment ou non le
spectateur sur l'attitude habituelle des croquemitaines évoluant
généralement dans n'importe quel slasher. C'est vrai. Prenons les
plus connus. Halloween
de John Carpenter ou Vendredi 13
de Sean S. Cunningham. Qui s'est déjà posé la question de savoir
ce que pouvaient faire Michael Myers ou Jason Voorhees entre chaque
meurtre ? Comment peuvent-ils l'un et l'autre se retrouver sur
les lieux d'un meurtre et quelques instants plus tard sur ceux d'un
second ?
La
réponse est donnée ici, dans In a Violent
Nature :
Nos Boggeymen sont en fait d'authentiques randonneurs, capables de
parcourir d'importantes distances et qui entre chaque assassinat
dévorent des kilomètres de brousse ou d'asphalte à la recherche de
leur prochaine victime. Après un premier meurtre dénué de toute
goutte de sang, on s'inquiète à l'idée que les suivants soient de
la même teneur. Pourtant, l'équipe en charge des effets-spéciaux
gore (à laquelle Chris Nash, étonnamment, ne participera pas) va
ensuite démontrer ses capacités à produire des séquences
d'horreur particulièrement efficaces. Des meurtres souvent originaux
dont l'un se déroulant au bord d'une falaise demeure sans doute le
plus marquant. L'un des principaux intérêts en la matière est leur
conception puisque ici, le réalisateur a choisi d'employer des
effets prosthétiques plutôt que des images de synthèses. En
résulte un aspect beaucoup plus brut et réaliste que les amateurs
apprécieront tout particulièrement. Pour ce qui est du rythme en
revanche, In a Violent Nature
est souvent très lent. Certaines séquences s'éternisent par
tranches d'une dizaine de minutes. Comme lors du classique feu de
camp lors duquel un jeune homme raconte à ses camarades l'une de ces
légendes qui effraient les habitants de la région. Chris Nash
tournant sans cesse autour de ses personnages avec sa caméra jusqu'à
donner le vertige et la nausée aux spectateurs. Ou vers la fin où
là le long-métrage atteint des sommets avec cet insupportable
monologue produit par une femme prenant en charge à bord de son
véhicule la dernière survivante du groupe ! Bref, In
a Violent Nature
est un slasher presque atypique dans lequel le croquemitaine prend
une importance considérable puisque la caméra le suit dans ses
moindres faits et gestes, le film s'intéressant donc davantage à ce
personnage qu'à ses victimes qui prennent majoritairement la forme
de chair à canon sans qu'aucune espèce de caractérisation ne les
mette en valeur. Un film d'horreur dont la principale qualité
demeurera donc ses effets-spéciaux gore particulièrement réussis...
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