Drôle de carrière que
celle du réalisateur français Fred Cavayé qui après avoir réalisé
les thrillers Pour elle
en 2008, A bout portant
en 2010 et Mea Culpa
en 2014 a complètement changé de registre pour se lancer dès 2016
dans la comédie avec Radin !
dans lequel il allait pour la première fois avoir l'occasion de
diriger Dany Boon et deux ans plus tard avec Le
jeu,
remake mi-figue, mi-raisin du formidable Perfetti
Sconosciuti
du réalisateur italien Paolo Genovese. En quinquagénaire
parfaitement assumé, j'eus le reflex pourtant désespéré de croire
que son tout dernier long-métrage était une sorte de remake de La
chèvre
de Francis Veber. Démultipliant le concept en le passant au tamis du
pluriel, remplaçant Pierre Richard et Gérard Depardieu par Dany
Boon et Jérôme Commandeur, mais non, rien de tout cela. Bien que,
oui, Fred Cavayé et ses scénaristes Sarah Kaminsky, Nicolas Slomka
et Matthieu Rumani aient eu l'idée de reprendre la fameuse séquence
du héros qui s'enfonçait inexorablement dans des sables mouvants...
ici remplacés par une mare boueuse, et même fangeuse dirons nous,
représentation éclairée d'une époque où la crasse dominait sans
doute le cadre visuel et l'hygiène de ses habitants. Ici, l'on
exprime moins le rejet de ces mauvaises haleines qu'exhalent les
bouches d'erres dotés de dentitions gravement détériorées
(particularité physique à laquelle échappe heureusement l'actrice
Claire Chust qui interprète le rôle de la bergère Camille) par la
parole qu'à travers quelques expression faciales de dégoût. Nous
sommes au milieu du dix-septième siècle et un homme d'âge mûr
alité nous conte le récit d'un procès qui eu lieu une quarantaine
d'années auparavant. Opposant l'arrogant Maître Valvert (Jérôme
Commandeur) à Maître Pompignac (Dany Boon) dont le palmarès des
procès dont il eu la charge d'assurer la défense des accusés ne se
solde jusqu'à ce jour que par des défaites, ce dernier est contacté
par la jeune bergère Camille dont la chèvre est accusée d'avoir
causé la mort du Maréchal de France Grégoire Hubert de Colombe. Si
le concept paraît tout à fait farfelu, il faut savoir qu'au
Moyen-âge il n'était pas rare que des animaux soient jugés, procès
à l'issue desquels ils étaient ensuite condamnés à la potence !
À
la décharge du dernier long-métrage de Fred Cavayé nous louerons
la très belle reconstitution de l'époque, pas très éloignée de
celle des Visiteurs
de Jean-Marie Poiré, le film ayant été en partie tourné au cœur
de la somptueuse cité de Plantagenêt également connue sous le nom
de Vieux Mans, lequel est situé dans le Grand Ouest français. Pour
un budget de dix-neuf millions d'euros, un gros travail a donc été
effectué concernant le cadre, le site ayant été orné de vieilles
charrues ou la place centrale ayant été recouverte d'une épaisse
couche de terre boueuse afin de bien rendre compte de l'aspect que
pouvait avoir le terrain à l'époque. Les costumes de Marie-Laure
Lasson collent à merveille à cette impression de crasse permanente
qui contraste avec cette bourgeoisie décadente ici décrite à
travers le personnage de Maître Valvert et ses perruques mauves. En
arrière-plan du procès s'inscrit également au sein de l'intrigue
une guerre intestine entre les habitants du village et ceux qui
au-delà de la rivière qui marque la frontière entre la France et
la Savoie ne sont pas les bienvenus. Les Savoisiens, terme de nos
jours prôné par les indépendantistes savoyards mais qui à
l'époque différenciait les petites gens des nantis en accolant le
terme à la grande bourgeoisie. Sorti de ce contexte, Les
chèvres demeure
malgré tout de piètre qualité. Au sens strict du terme qui
voudrait que cette comédie nous arrache un quota minimum de rires,
le constat est sans appel : à part deux ou trois sourires
involontaires uniquement provoqués par des zygomatiques
incontrôlables, le film est en terme de situations comiques
relativement puéril. Nos personnages s'agitent à défaut de
posséder des dialogues à la hauteur. Quelques micro-séquences
laissent espérer un regain d'intérêt mais au fond, Les
chèvres
est tout simplement raté. L'on retiendra donc davantage les décors,
les costumes, mais aussi l'incroyable gueule qu'affiche la plupart
des seconds rôles et figurants. Pour le reste, le dernier film de
Fred Cavayé et trop long et surtout piètrement écrit...
J'avais bien aimé "Pour elle", "A bout portant" je ne m'en souviens plus mais Boon, j'en peux plus, au s'cours ! :-)
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