Allez, on respire un
grand coup et on se prépare pour les aventures de Grégoire Moulin.
Né un vendredi 13, dans la clinique Franz Kafka, là où
quelques heures après sa naissance, ses parents se sont entre-tués
pour un simple désaccord : Papa voulait faire de son fils un
footballeur tandis que maman espérait le voir devenir chirurgien.
Depuis, Grégoire n'a pas vraiment été gâté par la vie. Élevé
en Bretagne par sa grand-mère et par un oncle alcoolique, il décide
un jour de monter à Paris. Seul. Là-bas, il trouve un emploi dans
une compagnie d'assurance dont les bureaux donnent juste en face d'un
cours de danse. C'est là qu'exerce ses talents la belle Odile
Bonheur sous le charme de laquelle Grégoire tombe immédiatement.
C'est le coup de foudre. Chaque midi, il déjeune dans le même
restaurant qu'Odile, à quelques mètres de sa table, mais n'ose pas
l'aborder. Les jours passent. Une semaine, puis deux, et enfin,
Grégoire trouve la force de surmonter sa peur. Mais alors qu'il
s'approche de la table d'Odile, la jeune femme se lève et part aux
toilettes. Grégoire en profite pour lui subtiliser son portefeuille.
De retour au travail, il récupère les coordonnées téléphoniques
d'Odile dans les affaires qu'il lui a volé et lui passe un coup de
fil en lui faisant croire qu'il a trouvé parterre, son portefeuille.
Ils conviennent alors d'un rendez-vous en fin de journée afin de lui
rendre ses affaires. Mais rien ne va se dérouler comme prévu et
Grégoire va vivre la soirée la plus longue et incroyable de son
existence...
Grégoire Moulin, c'est
l'acteur et réalisateur Artus de Penguern qui à l'occasion de
Grégoire Moulin contre l'Humanité réalisait en 2001
son tout premier long-métrage. Plus connu comme acteur que comme
cinéaste (sa carrière d'interprète, Artus de Penguern va la
démarrer au tout début des années quatre-vingt), il se met donc
lui-même en scène dans une comédie fonçant à toute allure.
L'affiche elle-même donne une idée assez précise du contenu. Le
personnage que crée pour l'occasion Artus de Penguern est la preuve
vivante que l'on peut aller très loin par amour. Se mettre dans des
situations périlleuses, et braver mille dangers. Mais comme ici, il
s'agit ni plus ni moins que d'une comédie, Grégoire Moulin
contre l'Humanité est
donc l'occasion de rire et de sourire devant une série vertigineuse
de situations rocambolesques d'Artus de Penguern lui-même ainsi que
de celui de Jérôme L'Hotsky.
Le
personnage principal tombe amoureux d'Odile, donc, que la charmante
Pascale Arbillot L'Extraterrestre,
Espace Détente,
Une Pure Affaire,
etc...) interprète avec justesse. Un joli professeur de danse
classique, un peu gauche et qui n'y voit pas à plus d'un mètre sans
ses lunettes. Artus de Penguern dresse une galerie de portraits
incroyables partageant pour beaucoup, une même passion : le
football. De quoi accentuer tous les stéréotypes qui y sont
rattachés car qu'il s'agisse de flics, de voyous ou des supporters
concentrés en un amas ds testostérones dans le restaurant où
doivent se rejoindre nos deux principaux interprètes, tous révèlent
leur côté primaire. Autour de Artus de Penguern et de Pascale
Arbillot orbitent les excellents Antoine Duléry (en collègue de
travail, supporter de l'équipe de foot parisienne l'O.P), Didier
Bénureau en médecin bisexuel traquant Grégoire pendant une bonne
partie du film.
Clovis Cornillac en fiancé nerveux quitté par sa
petite amie Hélène (Élisabeth Vitali), ou encore le génial Serge
Riaboukine en chauffeur de taxi. Minuscule exemples d'une liste de
personnages hauts en couleur longue comme le bras. Des flics, des
supporters, des garçons-bouchers, un patron de bar (le Penalty),
plusieurs collègues de travail, des dizaines de participants à une
soirée costumée (où l'on y retrouve un Charles de Gaulle s'en
prendre vivement à Adolf Hitler)... enfin, bref, on ne s'ennuie pas
un seul instant. C'est con mais, tellement bon. Seize ans auparavant,
le cinéaste Martin Scorsese nous proposait son vertigineux et
kafkaien After Hours,
en 2001, Artus de Penguern nous en proposait une involontaire
relecture avec Grégoire Moulin contre
l'Humanité.
De la belle ouvrage...
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