Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 11 novembre 2017

L’Échelle de Jacob (Jacob's ladder) d'Adrian Lyne (1990) - ★★★★★★★★☆☆



Qui aurait pu croire qu'en 1990, sept ans après la comédie musicale Flashdance, le cinéaste britannique Adrian Lyne nous assénerait un coup de point dans le ventre. Un autre au visage. Et un dernier entre les jambes ? Autant d'épreuves physiques et morales trouvant leur écho dans son Jacob's ladder. Chez nous, L’Échelle de Jacob. Un titre curieux, qui interpelle les fans du cinéaste, mais les autres également. Mais cette échelle, à proprement parler, quelle est-elle ? Et qui sont ces ombres qui parcourent la pellicule ? Transforment l'existence de cet ancien soldat revenu à la vie civile après le passage obligé de la guerre du Vietnam ? L'auteur de Liaison Fatale passe ici avec brio, l'épreuve de l'horreur psychologique. Comme le fit à sa manière et en son temps Roman Polanski avec son chef-d’œuvre Le Locataire. Sans jamais se casser les dents. Nous laissant tout le temps nécessaire afin de comprendre ce qui très vite se trame dans la vie et surtout, dans l'esprit de Jacob Singer.
Ancien combattant, divorcé, père de trois enfants dont l'un a perdu la vie juste avant que Jacob ne parte affronter l'ennemi sur les terres vietnamiennes. Aujourd'hui, l'homme a refait sa vie au bras de Jezebel Pipkin (la sexy Elizabeth Peña) et travaille à la Poste. Mais depuis quelques temps, il est assailli par des visions particulièrement inquiétantes. Tout commence dans le métro. Est-il encore endormi sur sa banquette devant le ramener chez lui lorsqu'il remarque l'étrange appendice qui se meut entre les jambes d'un clochard endormi ? Ou bien lorsque passe devant lui un autre train rempli d'êtres étranges, fantomatiques, et semblant le suivre du regard? Ou bien ne s'agirait-il que d'une très forte grippe dont la phase la plus critique se serait éveillée bien avant que les premiers symptômes aient fait surface ? Peut-être faut-il même chercher ailleurs. Retourner là-bas, au Vietnam, pour comprendre ce qui arrive à Jacob. A lui, mais à ses anciens compagnons d'arme également, qui bientôt, vont refaire surface...

Reposant sur un scénario écrit par le réalisateur, producteur et scénariste américain Bruce Joel Rubin, L’Échelle de Jacob est un voyage hallucinatoire, hypnotique, et cauchemardesque dans la tête d'un individu qui depuis la guerre, n'est plus tout à fait le même. Une série de traumas dont les origines remontent bien avant, avec la mort de Gabe, l'un de ses deux fils, à la suite de quoi, son couple n'a pas résisté. Le divorce ? Une broutille dira-t-on, surtout à côté des horreurs de la guerre. De ce charnier présenté en ouverture de L’Échelle de Jacob. Tout une section ou presque de soldats américains sur lesquels a fondu l'ennemi. Afin de bien marquer les esprits, Adrian Lyne exhibe des soldats (encore vivants) en charpie. L'un a perdu son bras gauche. L'autre la jambe droite. Mais tous paraissent avoir en commun d'avoir perdu la tête. Le cinéaste britannique filme l'horreur de la guerre. Sans concession. La musique envoûtante et terriblement anxiogène de Maurice Jarre, célèbre compositeur de musiques de film et père d'une certain Jean-Michel, participe à l'horreur de ce combat désordonné mais dont la finalité est la même : éliminer l'ennemi jusqu'au dernier de ses représentants. C'est sur l'image d'un Jacob transpercé par la baïonnette d'un soldat ennemi qu'il se réveille ainsi dans le métro. Le cauchemar n'a jamais vraiment pris fin. C'est le lot de bon nombre d'anciens combattants. Celui auquel va être confronté l'acteur Tim Robbins (Les Évadés, Le Grand Saut) dépasse le cadre du simple cauchemar. D'ailleurs, comme le précisent assez justement les affiches américaines et françaises : « Le plus effrayant dans les cauchemars de Jacob Singer, c'est qu'il ne rêve pas ».

L’œuvre dépasse elle aussi un cadre. Celui du drame. Car L’Échelle de Jacob ne fait pas qu'évoquer le thème de la réinsertion d'un ancien soldat en milieu civil à la suite d'une guerre mais oppose son personnage à des événements vraiment terrifiants. Ses doutes, deviennent alors les nôtres. Qui de tel ou tel événement est réel. Quelle est la part de rêve, de fantasme et de réalité ? Le cinéaste se joue de la perception du spectateur en faisant intervenir des situations difficiles à démêler. Par exemple, lorsque Jacob se retrouve entre les bras de celle avec laquelle il est supposé avoir divorcé, on en vient à se demander dans quelle mesure, tout ce qui a précédé n'est pas du domaine du rêve. Un événement perturbant remettant en cause le fondements d'un récit qui, jusqu'ici semblait tenir : La mort de Gabe. La guerre du Vietnam. Le divorce. La vie avec Jezebel. Les cauchemars.
La frontière entre le Paradis et l'Enfer est ténue. Et lorsque Adrian Lyne envoie son héros vers cette lumière éclatante qui nous mène tous jusqu'au paradis, on comprend qu'il a choisi pour son Jacob, le chemin qui mène tout droit en Enfer (l'impressionnante scène de la civière parcourant l’hôpital délabré). Comme pour bon nombre d’œuvres cinématographiques œuvrant dans un certain flou, tout n'est ici que subjectif. On peut émettre tout un tas d'hypothèse sans jamais savoir ce qu'à réellement voulu exprimer son auteur. Et même si la conclusion ne laisse aucun doute, il restera encore longtemps des choses à découvrir. L’Échelle de Jacob est une œuvre profonde, cauchemardesque, intelligente, admirablement interprétée et dirigée de main de maître par un cinéaste au sommet de sa carrière...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...