Amateurs de nanars
transalpins, bonjour ! Vous voici conviés à une
avant-première. Nous sommes en 1985, et ce soir-même, un nouveau
film d'horreur sort en exclusivité dans un cinéma tout récemment
restauré. Si vous avez la chance d'obtenir l'un des quelques sésames
distribués dans le métro par un homme affublé d'un ridicule masque
lui voilant la moitié du visage, alors vous serez les premiers à
découvrir Metropol, le film en question. Un film de teenagers
dans lequel des adolescents font l'acquisition, lors de fouilles,
d'un masque diabolique transformant celui qui ose le porter à son
visage, en démon. Une fois que vous aurez atteint l'entrée du
cinéma en compagnie de quelques amis, vous aurez l'occasion
d'admirer les horribles décorations mises en place pour l'occasion :
une moto-cross, un costume de samouraï et le sabre qui l'accompagne.
Et bien entendu, le masque du film. Qu'une jeune femme aura la
mauvaise idée de porter, se blessant ainsi au visage. Rien de grave,
cependant. Juste une petite estafilade qui aura pourtant la fâcheuse
tendance à ne pas vouloir cicatriser.
Vous prendrez place
ensuite dans la salle de cinéma. Des centaines de sièges, mais pas
autant de spectateurs. En comparaison, une poignée. Deux ou trois
dizaines, pas davantage. La lumière s'éteindra, le film commencera,
et dans la salle se produira alors un événement étrange. Comme
relaté dans le film qui est projeté sur l'immense toile blanche, la
jeune femme, qui plus tôt s'était blessée en portant le masque
exposé dans l'entrée du cinéma, se rendra, malade, aux toilettes.
Pour en ressortir le visage déformé par la douleur. Mais aussi,
certainement, par le Mal qui s'en est pris à son corps ainsi qu'à
son esprit. Le spectacle auquel vous vous attentiez assister se mue
alors en un cauchemar. Peu à peu, les spectateurs, attaqués, puis
atteints par le même mal s'en prennent à vous, ainsi qu'à vos
amis. Ne reste plus alors qu'une solution : fuir cet enfer.
Trouver une porte de sortie menant à l'air libre...
Metropol est un
film, dans le film. Car le sujet réel de l’œuvre de ce tâcheron
de Lamberto Bava qui signa tout de même un Baiser Macabre en 1980 plutôt réussi), fils du grand Mario, n'est pas celui qui préoccupe
ces trop curieux individus qui en exhumant la tombe de Nostradamus
(il fallait la osez, celle-là!) ont réveillé des forces maléfiques
mais bien ce huis-clos navrant qui intéresse quelques dizaines de
personnes venus perdre leur soirée lors d'une séance cinéma
tragiquement nulle! Que les adeptes du Dieu Homogénéité se
rassurent : qu'il s'agisse des images projetées sur l'écran du
cinéma où sont conviés des individus choisis au hasard de cette
avant-première, ou l'intrigue principale reposant sur le scénario
écrit à huit mains par Dardano Sacchetti, Dario Argento, Lamberto
Bava et Franco Ferrini et dont le résultat donne à l'écran ce
premier volet du diptyque Démons, le second est aussi
navrant que le premier. Lamberto Bava, demeure sans doute connu par
le grand public grâce (ou à cause) de sa longue saga commencée à
la télévision en 1991 et achevée (enfin, espérons-le) 1997,
La Caverne de la Rose d'Or.
On pourrait, si on
voulait, ne lui imputer qu'une partie du désastre que représente
Démons en invoquant des interprètes terriblement
médiocres. Une bande originale désastreuse (sans pour autant
induire les quelques titres métal qui y sont inclus). Des décors
ultra-cheap (mon dieu, l'entrée du cinéma et ses atroces
décorations) et des accessoires pour la plupart, grotesques (il faut
voir le look abominablement ridicule de celui qui distribue les
billets au début du film pour s'en convaincre). Et ne parlons même
pas de l'apparence de certains jeunes spectateurs venus assister à
la projection. La mode, à l'époque, était visiblement de porter le
pull sur le dos, les manches nouées autour du cou.
Au générique, de
parfaits inconnus chez nous, si ce n'est l'acteur Stelio Candelli
dont on a pu voir la trogne dans W Django d'Edoardo
Mulargia ou La Cage aux Folles 2 d’Édouard
Molinaro. A coté de lui, la jolie Natasha Hovey, ou encore Fiore
Argento, fille du célèbre cinéaste Dario Argento (ici producteur
du film) et demi-soeur d'Asia Argento. L'infâme musique est composée
pour l'occasion par Claudio Simonetti (lequel travaillera sur Zombie
de George A. Romero, Ténèbres de Dario Argento, ou
encore Atomic Cyborg de Sergio Martino). Une véritable
soupe saupoudrée de quelques morceaux de (hard) rock de Accept,
Saxon, Motley Crue et Billy Idol. L'un des rares attraits de Démons
concernera les amateurs d'horreur qui en matière d'effets gore
seront servis. Les nombreuses scènes d'horreur sont l’œuvre de
Sergio Stivaletti et rehaussent le très peu d'intérêt qui couvre
cette série Z à laquelle Lamberto Bava donne une suite dès l'année
suivante en 1986...
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