Comparé aux deux
derniers films évoqués dans le cycle consacré aux Gialli, Il
Vizio ha le Calze Nere du
réalisateur italien Tano Cimarosa rehausse quelque peu le niveau
d'un genre qui s'est parfois malheureusement perdu dans les méandres
de l'indigence. Et pour cela, nous repartons jusqu'en 1975, année
qui verra notamment les sorties de L'ultimo Treno
della Notte
d'Aldo Lado et La Polizia Brancola nel Buio
d'Elio Palumbo qui fut précédemment évoqué dans ce cycle. Située
dans la province d'Ascoli Piceno, la ville de San Benedetto del
Tronto fait actuellement l'objet d'une enquête de la part de la
police locale depuis qu'une série d'assassinats y est commise par un
tueur demeuré non identifié. Entièrement vêtu de noir, celui-ci a
fait une première victime, puis une seconde et enfin une troisième.
Toutes reliées par une seule et même photographie que le
commissaire Lavena (l'acteur britannique John Richardson) et le
brigadier Pantò (interprété par le réalisateur lui-même, Tano
Cimarosa) ont en leur possession. S'inscrivant dans l'univers de la
bourgeoisie décadente, Il Vizio ha le Calze Nere
brille surtout par la vivacité de ses principaux interprètes et le
rythme plutôt enjoué de la mise en scène. Écrit par Adriano
Bolzoni et Luigi Latini De Marchi, le film prend le contre-pied du
tueur supposé de sexe masculin mais qui au final s'avère être une
femme. Dans le long-métrage de Tano Cimarosa, il s'agit,
semble-t-il, de l'inverse puisque certains témoins affirment avoir
aperçu ce qui s'apparente à une silhouette féminine. Remontant le
fil de l'histoire qui lie les victimes entre elles, Il
Vizio ha le Calze Nere
introduit sa caméra dans des lieux de luxure fréquentés par des
épouses délaissées. C'est ainsi qu'interviennent la prostituée
Nelly (l'actrice Daniella Giordano), première à tomber sous les
coups d'un tueur lors d'une série de meurtres qui ne fera d'ailleurs
pas que des victimes féminines, une comtesse du nom de Orsello
(l'actrice polonaise Magda Konopka) et son fils toxicomane Sandro
(Ninetto Davoli), candidat idéal pour porter le chapeau tant ce
personnage semble agité, ou encore la délicieuse Leonora Anselmi et
son époux (respectivement incarnés par l'actrice allemande Dagmar
Lassander et l'italien Giacomo Rossi Stuart).
Les
meurtres sont cette fois-ci perpétrés à l'aide d'un rasoir de
barbier par un individu dont nous découvrirons bien évidemment
l'identité à la toute fin de l'intrigue. D'ici là, nous suivrons
principalement l'enquête du brigadier Pantò dont la vigueur
particulièrement ''explosive'' étonne et offre parfois à Il
Vizio ha le Calze Nere
un ton humoristique plus ou moins recherché. Notons qu'il semble
exister plusieurs versions du long-métrage. Allant d'une durée
dépassant de peu les soixante-dix minutes environ jusqu'à
quatre-vingt dix. Selon les moutures,il est très nettement établi
que des coupes drastiques furent pratiquées. La version ''Uncut''
semble d'ailleurs confirmer cet état de fait puisque la qualité
d'image entre la version charcutée et les plans ainsi réintégrés
est flagrante. Dans leur grande majorité, les plans en question sont
constitués de séquences érotiques plutôt chaudes mais dont
l'intérêt concernant l'intrigue est des plus minime. Entre hétéro
et homosexualité, il y en aura pour tous les goûts. Concernant le
récit dans ce qu'il touche au cœur du genre qui nous intéresse
ici, Il Vizio ha le Calze Nere
est assez moyen. Rien de fondamentalement mauvais n'est cependant à
noter au sujet de ce premier des trois longs-métrages que réalisera
Tano Cimarosa durant une carrière majoritairement consacrée au
métier d'acteur. L'une des spécificités de cette œuvre demeure
dans le fait que le rôle principal n'ait pas été confié à un
individu lambda, ''acteur indirect'' ou ''témoin involontaire'' d'un
premier meurtre auquel les protagonistes sont généralement
''conviés d'assister''. Ici, l'enquête de police est centrale.
Comme cela est par contre très courant, il est déconseillé d'aller
pisser durant le déroulement du récit ou d'aller se servir un
plateau-repas ''Pizza-bière'' en cours de route. L'importante
accumulation de personnages secondaires peut être effectivement
parfois synonyme de confusion. Au final, le plaisir est bien là. Et
si Il Vizio ha le Calze Nere
n'est pas un maître-étalon du genre, on ne s'y ennuie pas...
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