Il y a une semaine, nous débutions le cycle consacré au Giallo avec une œuvre signée de Sergio Martino. Nous la concluons désormais avec un long-métrage réalisé par Sergio... Corbucci... Notez que vous pouvez également cliquer sur la vignette se rapportant au genre dans la colonne de gauche. Vous y trouverez plus de quarante articles consacrés au Giallo. Bonne lecture à toutes et tous...
Tout ou presque est dans
le titre... français. Traduction fidèle non pas de celui qui ornait
les affiches italiennes mais plutôt du contenu de ce qui fut l'un
des nombreux longs-métrages du très productif Sergio Corbucci, l'un
des grands maîtres du western spaghetti dans les années soixante.
Mélodie
Meurtrière.
Ce systématisme avec lequel s'emploie un mystérieux criminel à
tuer des hommes en les jetant par la fenêtre. Un mode de
fonctionnement assez particulier que l'on ne rencontre pas tous les
jours dans le genre Giallo
auquel le titre italien, lui, semble vouloir nous dire qu'il
appartient : Giallo Napoletano
qui se traduit littéralement par Jaune
napolitain.
Facile donc de se référer à un genre qui vit plus ou moins briller
tant de cinéastes originaires de la Botte. Mais, faut-il le
rappeler, le terme en lui-même signifie avant tout une couleur et
non en genre. Et comme le jaune invoqué ne nous saute pas
frontalement aux yeux et que Rosso
(Rouge)
aurait dû logiquement prendre sa place dans le titre original, il
semblerait donc bien qu'il s'agisse là d'une volonté de la part du
réalisateur italien d'intégrer ce concept même à une œuvre
mélangeant humour et policier. La vedette de Giallo
Napoletano y
est le formidable acteur Marcello Mastroianni dont on ne présente
plus la longue carrière auprès de nombreux et talentueux cinéastes
parmi lesquels Dino Risi, Luigi Comencini, Michelangelo Antonioni,
Federico Fellini, Marco Ferreri ou Ettore Scola (sans parler de sa
carrière à l'internationale). Il y tient le rôle de Raffaele
Capece fils d'un joueur de casino invétéré croulant sous des
dettes que le fils essaie d'éponger en jouant de la mandoline contre
de menus pourboires...
Témoin
bien malgré lui d'un meurtre transformé en suicide (un homme tombe
d'un balcon, le premier d'une longue série), Raffaele va devoir
justifier de sa présence sur les lieux et de son innocence en
permanence. Face au commissaire Voghera mais aussi face
aux truands Gregorio Sella (Franco Javarone) et Albino (Natale Tulli)
qui le croient impliqué dans cette sale affaire qui va s'avérer
mélanger meurtres et chantage. D'emblée, et d'une manière aussi
futée que minimaliste employant la technique du ''split-screen''
(ici traitée dans sa plus simple expression), Sergio Corbucci
annonce la couleur en exposant lors du générique, le mélange des
genres auquel il va faire appel pour nous conter cette curieuse
affaire criminelle. Une double image exposant d'un côté l'immense
cinéaste britannique Alfred Hitchcock très justement connu sous le
surnom de ''Maître du
suspense''
et de l'autre, l'acteur comique d'origine napolitaine Antonio Griffo
Focas Flavio Angelo Ducas Comneno Porfirogenito Gagliardi De Curtis
di Bisanzio plus connu sous le sobriquet de Totò. Une manière pour
Sergio Corbucci d'exprimer le choix d'intégrer l'humour au mystère
et les bons mots aux meurtres. Le récit se déroule comme on s'en
doute dans la ville de Naples où la criminalité gangrène certains
quartiers et où la police, parfois, rechigne à agir. La mélodie du
titre français, c'est celle qu'entonne pour la première fois le
personnage interprété par un Marcello Mastroianni totalement ahuri
et que l'on entendra à de nombreuses occasions. Une sérénade qui
étrangement semble avoir le pouvoir d'engendrer des meurtres...
Mais
tout ceci va très rapidement s'expliquer puisqu'il va s'agir ici de
chantage, de truands et d'un commissaire qui arrive toujours avec un
train de retard (l'efficacité napolitaine?). Intervient
alors le grand chef-d'orchestre Victor Navarro qu'interprète notre
immense Michel Piccoli national. Plus impliqué qu'il n'y paraît,
victime lui-même de ce chantage dans lequel vont intervenir diverses
''éléments''
comme un enregistrement sur support magnétique ainsi que deux femmes
superbes : d'abord sa compagne Elizabeth qu'interprète
l'actrice italienne originaire de l’Érythrée Zeudi Araya, mais
peut-être plus encore la sublime Ornella Mutti qui elle, interprète
le rôle de Lucia Navarro, infirmière, épouse de Walter Navarro qui
a mystérieusement disparu, et donc belle-fille du célèbre
chef-d'orchestre. Giallo Napoletano est
une savoureuse comédie policière dans laquelle l'expression stoïque
de Marcello Mastroianni (de surcroît,affublé d'une jambe boiteuse,
conséquence de la poliomyélite) et l'envoûtant regard d'Ornella
Muti font des merveilles. L'intrigue n'en est cependant pas moins
parfois relativement biscornue. Tout n'est pas très clair même si à
la fin on se rassure lorsque nous sont enfin offertes les clés de
cette drôle d'affaire criminelle à laquelle viendra se joindre le
thème de la machination...
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