Quatre années avant que
le réalisateur italien Claudio Fragasso mette au monde l'un des plus
grands nanars de l'histoire du genre avec Troll 2,
l'américain John Carl Buechler réalisa Troll.
Un film qui contrairement à son titre n'est pas le premier volet
d'une saga qui aurait été poursuivie par deux autres opus même si
l'on peut tout de même avoir un point de vue différent au sujet de
sa première fausse séquelle. En effet, si les lieux sont
différents, ainsi que la famille qui est au centre de l'intrigue ou
la sorcière qui dans l’œuvre de l'italien passera du mauvais côté
de la barrière en personnifiant le Mal, Claudio Fragasso aura tout
de même conservé quelques points commun avec celle de John Carl
Buechler. Et même si là encore l'italien aura modifié quelques
éléments du récit original (la transformation des humains ayant
chez lui pour but de nourrir des gobelins végétariens), il est
difficile de ne pas voir chez ceux-ci l'exploitation d'idées peu
innovantes et adaptée par celui qui fut collaborateur de l'un des
grands maîtres en matière de nanars, Bruno Mattei ! Première
chose à noter : Troll
premier du nom est l’œuvre d'un ancien maquilleur. Et cela se voit
très clairement à l'image. En effet, comparé aux horreurs
qu'étalera en 1990 Claudio Fragasso avec ses créatures plus
grotesques qu'effrayantes, John Carl Buechler exhibe de petites
bébêtes plutôt réussies. Bien qu'elles ne diffusent
pas vraiment le moindre sentiment de terreur, les spectateurs
pourront malgré tout constater le soin avec lequel le réalisateur
s'est appliquer à créer tout un bestiaire, tantôt inspiré par la
faune telle que nous la connaissons (le troll-cochon, notamment),
tantôt adapté de certains classiques de l'épouvante -le
troll-créature du lac noir)...
Des dizaines de créatures
toutes différentes, malheureusement pas toujours traitées avec le
même respect puisque certaines sont mieux animées que d'autres. À
commencer d'ailleurs par le troll qui semble mener la danse et sous
l'apparence duquel se cache la cadette d'une famille constituée d'un
couple et de deux enfants. Si en toute logique les adultes se doivent
de préserver la sécurité de leur progéniture, John Carl Buechler
fait en réalité du héros du récit, le fils prénommé Harry... et
dont le patronyme est... Potter. Harry Potter ! Rien à voir
avec la série de bouquins Harry
Potter de
la romancière J.K.Rowling ou leur adaptation sur grand écran comme
on peut l'imaginer bien que certains s'amusèrent de la coïncidence
en évoquant l'éventualité que la britannique se soit inspirée du
personnage incarné par l'acteur Noah Hathaway qui deux ans
auparavant apparu dans l’œuvre de Heroic-Fantasy culte de
Wolfgang Petersen L'histoire sans fin
ou
par son père (l'acteur Michael Moriarty qui passa ainsi du
chef-d’œuvre de Clint Eastwood, Pale Rider, le
cavalier solitaire
l'année précédente au long-métrage de John Carl Buechler) puisque
le réalisateur américain ne facilitera pas la tâche du spectateur
en offrant aux deux ''hommes'' de la famille Potter, le même prénom.
Réduisant le cadre au seul immeuble dans lequel vit notamment un
professeur d'anglais atteint de nanisme. D'où une attitude
relativement gênante de la part de Harry Potter Sr. et de son épouse
Anne (Shelley Hack) qui ne savent pas comment réagir à la découverte
de Malcom Mallory, le nouvel ami de leur fille Wendy Anne. On ne
saura jamais si de son âge ou de sa petite taille quelle en est la
véritable raison, toujours est-il que la séquence s'avère un brin
embarrassante !
Notons
que le réalisateur profitera de la petite taille de l'acteur Phil Fondacaro en lui
faisant incarner le double rôle de Malcom, donc, ainsi que celui de
Torok le Troll. Ça n'est donc pas la jeune Jenny Beck qui se cache
sous le costume de cette vilaine créature plutôt bien conçue en
matière de maquillage bien que le film fasse référence au fait que
c'est la cadette de la famille Potter qui se cache sous ses traits.
Notons également que Jenny Beck est surtout connue pour avoir
interprété le rôle de la jeune Elizabeth Maxwell (après Brandy
Gold et avant Jennifer Cook) dans la série de science-fiction
américaine culte, V
au milieu des années quatre-vingt. Quasiment dénuée de tout
dialogue dans cette dernière, la jeune actrice est par contre
beaucoup plus bavarde dans Troll
et ira même jusqu'à grogner et se rebeller envers les membres de sa
famille. Si le long-métrage de John Carl Buechler ne bénéficie pas
de l'aura de sa fausse suite Troll 2,
c'est sans doute parce que son film est assez ennuyeux. Faussement
amusant (les singeries des interprètes ne feront rire, au mieux,
que les membres de leur propre famille). En revanche, si l'on n'est
pas trop regardant, on pourra se satisfaire des effets-spéciaux et
notamment de la transformation de la première victime en cocon. Car
ici, il ne s'agit pas de transformer les habitants de l'immeuble en
nourriture végétale mais d'offrir la possibilité à des légions
de créatures de venir dans notre monde et investir ainsi un immeuble
tout entier. Notons à ce titre certaines incohérences comme cette
nature qui s'impose aux personnages et dont les limites
environnementales logiquement imposées par la structure même de
l'immeuble ne s'appliquent évidemment pas. Si les trolls sont plutôt
réussies bien que certains ressemblent beaucoup à de simples
marionnettes, la végétation qui s'empare de l'immeuble a en
revanche beaucoup plus de mal à cacher ses origines synthétiques.
Au final sans être une véritable catastrophe industrielle ou
financière, Troll demeure
quand même un œuvre relativement piteuse. Dans la droite lignée
des engeances nées sur les cendres du remarquables Gremlins
de Joe Dante...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire