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jeudi 13 avril 2023

Ex Drummer de Koen Mortier (2007) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Je me souviens très bien de cette sortie de scène du chanteur Marilyn Manson lors du concert diffusé en France sous format VHS, Dead to the World en 1998. L'événement avait eu lieu en 1996 ou l'année suivante et à l'issue de la représentation, l'artiste était sorti le torse en sang après s'être scarifié à coups de tesson de bouteille (me semble-t-il). S'ensuivait une séquence lors de laquelle, le guitariste Jeordie White se faisait courser dans les loges par je ne sais plus quel autre membre du groupe, un étron planté dans une fourchette à la main ! Ce même Jeordie White dégueulant ensuite tout l'alcool qu'il avait ingurgité à la fin du concert. Marilyn Manson se tailladant le torse par-ci, déchirant la Bible par-là... Rien que de très enfantin comparé à GG Allin qui LUI, en son temps, osait au sein de son groupe The Murder Junkies, pratiquement tout sur scène. Comme s'accroupir et chier devant un public hypnotisé (lorsqu'il n'était pas purement et simplement médusé) avant de se masturber avec ses propres déjections et de les jeter dans la foule. Chantant (enfin, scandant plutôt) des paroles nihilistes sur deux accords de guitare, débarrassé du moindre vêtement (caleçon y compris... La bite à l'air, quoi !) et se cognant la tête avec son micro jusqu'à s'infliger de vilaines blessures et perdre au passage quelques dents... Attendez, attendez, y'a mieux. Le bonhomme fêta son anniversaire de bien étrange façon, rêvant qu'une prostituée lui urine dans la bouche, régurgitant du coup le contenu de son estomac. Et tout cela, images à l'appui, disponibles dans l'incroyable documentaire Hated: GG Allin and the Murder Junkies de Todd Phillips disponible chez nous en VHS au début des années 90 chez Haxan Film sous le titre Rock’n’roll Overdose. Mais alors, allez-vous me demander. Pourquoi entrer dans de si sordides et si indigestes détails ? Et bien, pour évoquer Ex Drummer du réalisateur belge Koen Mortier. Si vous êtes choqué dès qu'un film s'approche d'un peu trop près de la frontière qui sépare la bien-pensance du cinéma le plus trash, alors ce film n'est pas fait pour vous. Et pour tout dire, rarement long-métrage aura su contenter un public avide de ce genre d'expérience cinématographique. Oubliez le britannique Trainspotting de Danny Boyle, le franco-hongrois Taxidermia de György Pálfi, le Sweet Movie de Dusan Makavejev et autres bizarreries émétophiliques signées de Lucifer Valentine (dont je n'ai jamais osé poster les trois articles que je lui ai consacré de peur que ma compagne ne me quitte ou ne me fasse interner dans un asile!) ou le performeur trash français, Jean-Louis Costes. "L'art dans tous ses états" existe bel et bien me semble-t-il. Restons dans le domaine des fluides organiques pour évoquer à titre d'exemple, le peintre belge (décidément) Jacques Lizères qui en 1977 créa Peinture à la matière fécale, une œuvre murale pour laquelle il usa de sa propre merde ! Et que dire de l'art culinaire puisqu'il y a un peu plus d'une dizaine d'années, le chercheur japonais Mitsuyuki Ikeda synthétisa de la viande artificielle à base d'excréments humains ! Si après ça vous avez encore faim, alors Ex Drummer est fait pour vous...


Mais, sans doute aurais-je dû saisir l'occasion de me taire car de base, force est de reconnaître que le synopsis est plutôt intriguant. Voire même franchement amusant pour n'importe quel type de public avide de curiosités filmiques. Imaginez donc, trois handicapés (j'entends déjà les vieilles rombières à col de vison et au sac Vuitton friser des sourcils tout en hurlant au scandale), tous musiciens, formés autour d'un groupe sans batteur, rêvant peut-être de dénicher leur Phil Collins, leur Dave Grohl ou leur Michael Shrieve... Leur handicap faisant leur originalité, le batteur qui intégrera le groupe devra lui aussi être atteint d'une défaillance physique. Problème : le célèbre écrivain Dries (l'acteur Dries Van Hegen) accepte de prendre la place de batteur mais n'est affublé d'aucun handicap. Pourtant, lui et les autres se mettront d'accord pour dire que le fait qu'il ne sait absolument pas jouer de batterie est une raison suffisante pour l'intégrer au sein du groupe. Les quatre hommes répètent alors afin de participer à un concours de rock. Lorsque l'on regarde les chiffres obtenus par Ex Drummer lors de sa sortie en salle, les résultats peuvent faire sourire. Un peu moins de soixante-mille spectateurs se sont présentés devant les entrées des cinémas dans toute l'Europe. On ne peut pas dire que le film de Koen Mortier ait été un succès. Ce qui n'étonnera au fond pas grand monde vu le sujet et l'approche de ce long-métrage adapté du roman éponyme de l'écrivain belge flamand Herman Brusselmans. Sans doute me suis-je quelque peu emballé car à bien y réfléchir, Ex Drummer paraît bien moins subversif qu'à l'époque de sa sortie. Il faut dire qu'à force d'ingurgiter des horreurs, on finit par s'accoutumer à pratiquement toute forme d'atrocités étalées sur les écrans. L’œuvre de Koen Mortier paraîtra donc parfois bien timide pour une certaine frange de spectateurs même si, il est vrai, le réalisateur belge ose franchir certaines limites avec une liberté de ton qu'on lui envie. Ex Drummer est punk dans l'âme. L'anarchie y règne en maître. Misogynie, racisme, homophobie, musique rock, homicides, viols... le film est un véritable condensé d'idées qui en feront rougir plus d'un(e). Principalement interprété par Norman Baert, Gunter Lamoot et San Louwyck, les fans du chanteur Arno (le Serge Gainsbourg belge) seront ravis de le voir participer au projet le temps d'une chanson interprétée lors du fameux concours de rock. Le film est en partie appréciable grâce à sa bande originale notamment constituée de chansons interprétées par le groupe Millionaire ou le rappeur Flip Kowlier. Ex Drummer distille une énergie salvatrice ainsi que des idées de cadrage très particulières mais qui participe de son originalité. Comme l'un de ces personnages vivant au plafond de son appartement ou cette séquence d'ouverture lors de laquelle nos musiciens parcourent la ville à vélo, la séquence étant filmée à l'envers. Mais malgré l'originalité de la mise en scène, le film est également le portrait d'individus vivant dans un cadre défavorisé où les violences verbale et physique sont quotidiennes. Drôle, inquiétant, défoulant, Ex Drummer est tout simplement... culte !


 

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