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vendredi 17 juin 2022

The Mummy (La malédiction des pharaons) de Terence Fisher (1959) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Si morts-vivants, vampires, démons et loups-garous sont régulièrement mis en scène au cinéma, la momie, elle, n'a malheureusement pas autant les faveurs des cinéastes. Pourtant mise en scène dans un certain nombre de longs-métrage, elle ne sera en réalité l'héroïne que d'une quinzaine d'entre eux, majoritairement horrifiques, et parmi lesquels l'un des plus importants demeure The Mummy que tourna en 1932 le réalisateur allemand Karl Freund. La créature y était interprétée par l'immense Boris Karloff et fut la première incartade dans l'univers de cette créature du bestiaire fantastique de la part de la société de production et de distribution américaine Universal Pictures ! Celle-ci produisit cinq autres longs-métrages entre 1940 et 1955 dont trois furent interprétés par l'acteur Lon Chaney Jr., tandis que le dernier intitulé Abbott and Costello Meet the Mummy sera une comédie horrifique réalisée par Charles Lamont et interprétée par le célèbre duo de comiques les ''Deux Nigauds'' composé de Bud Abbott et Lou Costello. Quatre ans plus tard, ce sera au tour de la société britannique Hammer Film Productions de s'approprier le mythe avec une série de quatre longs-métrages qui mettra douze années pour se clore avec Blood from the Mummy's Tomb de Seth Holt. À noter que ce dernier sera l'adaptation du roman de Bram Stocker (Dracula), The Jewel of Seven Stars datant de l'année 1903. Mais le premier des quatre films consacrés à la momie auxquel la Hammer accorda son intérêt fut réalisé en 1959 par Terence Fisher et n'est autre qu'un remake de l'original datant de 1932. Le réalisateur prend alors un très gros risque sachant que The Mummy est un classique du fantastique américain. Ce qui ne semble guère le gêner puisque le britannique ira jusqu'à reprendre le titre tel quel alors que dans notre pays, si l'original fut simplement traduit sous le titre de La momie, son remake vit le jour chez nous sous celui de La malédiction des pharaons. Pas d'amalgames possibles, donc...


Dans cette nouvelle version, pas de Boris Karloff mais un Christopher Lee, forcément méconnaissable dans la peau de la créature mais également dans celle de Kharis, condamné à être momifié pour l'éternité après avoir tenté de ressusciter la femme qu'il aimait, la princesse Ananka (l'actrice Yvonne Furneaux, qui incarne également l'épouse du héros John Banning, Isobel). Kharis, qui n'est pas une personnalité historique de l’Égypte antique mais un personnage de fiction non pas créé à l'occasion du film mais à celle de The Mummy's Hand, le second long-métrage de la période Universal Pictures, lequel réapparaîtra d'ailleurs dans les films à venir, The Mummy version Hammer le voyant intervenir pour la dernière fois. Aux côtés de Christopher Lee, nous retrouvons l'irremplaçable Peter Cushing, fidèle collaborateur du cinéaste britannique qui incarne ici l'archéologue John Banning, mais également Eddie Byrne dans le rôle de l'inspecteur Mulrooney ou Felix Aylmer dans celui du père de l'archéologue, Stephen. Le récit situe son action à la fin du dix-neuvième siècle en Égypte. Là-bas, John Banning, son père et son oncle Joseph Whemple (Raymond Huntley) mettent à jour le tombeau de la princesse Ananka, une prêtresse du temple de Karnak morte depuis quatre millénaires. Malheureusement pour les trois hommes, un individu malveillant (l'acteur George Pastell) va jeter sur eux une malédiction en réveillant la momie Kharis, laquelle aura désormais pour but de tuer ceux qui dérangèrent la Princesse dans son sommeil éternel...


Il y a les pros et les anti. Ceux qui préfèrent l'original (dont votre serviteur fait partie) et ceux qui préfèrent la mise en scène de Terence Fisher à celle de Karl Freund. En réalité, les deux œuvres n'ont rien de vraiment comparables et il faut surtout les traiter avec tout le respect qui leur est dû et prendre compte des époques durant lesquelles l'un et l'autre des deux films furent tournés. Si Chirstopher Lee, affublé de ses bandelettes dont le principal atout visuel est qu'elles sont imprégnées de boue, fut un immense interprète de l'âge d'or du cinéma d'épouvante et de la Hammer en particulier, il semble moins convainquant dans la peau de cette créature (il est d'ailleurs impossible de l’identifier autrement que par son regard) en raison d'une démarche un peu... ridicule... mais fort heureusement rattrapée par quelques irruptions à travers quelques fenêtres plutôt convaincantes. La malédiction des pharaons a le culot d'avoir moins bien vieilli que l'original alors qu'il lui est postérieur de plus d'un quart de siècle ! Le plus significatif demeure ces longues, trop longues séquences situées en Égypte à l'époque où Karhis régnait. Décors qui sonnent faux et ne rendent pas le même faste absolument remarquable que le sublime Cleopatre de Joseph L. Mankiewicz et ses quarante-quatre millions de dollars de budget. En même temps, avec ses cent vingt-cinq mille livres sterling de budget (qui à l'époque équivalaient à environ cent-cinquante mille dollars), le film de Terence Fisher avait peu de chance de nous offrir autre chose que les affreux décors de carton-pâte égyptiens. Une somme cependant plus importante que celle allouée à The Curse of Frankenstein en 1957 (65 000 livres sterling) ou à Horror Of Dracula en 1958 (81 000), deux films réalisés quelques années en arrière par Terence Fisher lui-même. Preuve que la Hammer comptait bien sur ce nouveau personnage du bestiaire fantastique désormais intégré parmi nombre d'autres d'entre elles dans le paysage cinématographique horrifique britannique. Malgré la présence d'illustres interprètes, d'un réalisateur réputé, d'une Yvonne Furnaux au regard envoûtant (sœur de Catherine Deneuve dans l'angoissant Repulsion de Roman Polansi en 1965), du compositeur et pianiste britannique Franz Reizenstein ou des fidèles Bernard Robinson aux décors et Jack Asher à la photographie, The Mummy version 1959 est malheureusement une déception...

 

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