Il existe des œuvres qui
sont demeurées à l'état de scénario (The Texans de
Sam Peckinpah, Napoleon de Stanley Kubrick). D'autres
dont il ne subsiste que d'immenses storyboard (les trois mille pages
du Dune de Jodorowsky). Certains on fait l'objet de
vidéos promotionnelles (Maniac 2 : Mr Robbie de
Buddy Giovinazzo), mais il
demeure quelques cas atypiques d’œuvres qui existent bel et bien
mais qui n'ont jamais connu de sortie cinéma pour telle ou telle
raison.
C'est le cas de The
Day the Clown Cried de,
et avec, Jerry Lewis. Un immense projet. L'histoire ? C'est celle de
Helmut Dorque qui durant la seconde guerre mondiale, est un clown mit
à la retraite forcée par les responsables du German Circus qui
considèrent que le bonhomme ne fait plus l'affaire. Arrêté puis
emmené dans un camp de concentration par la Gestapo après qu'il ait
été surpris dans un bar en train de critiquer Hitler, il tente de
donner une bonne image de lui auprès des autres prisonniers en
tentant de mettre en avant ses qualités de clown. Mais peu à peu,
et alors que les autres le poussent à exhiber ses talents, Helmut
réalise qu'il n'est peut-être pas le talentueux clown qu'il pensait
être et refuse de faire le pitre devant ses camarades. Rejeté par
les autres prisonniers, il est pris à parti par les enfants du camp
qui rigolent de lui. Il décide alors de les amuser, chose que ne
peut accepter le chef du camp qui décide pourtant de l'utiliser au
chargement des enfants juifs dans les trains à destination du camp.
En échange, on lui promet la liberté. Helmut accepte à contrecœur,
mais assistant au passage des enfants dans la chambre à gaz, il
décide de les y accompagner et de leur offrir un dernier
spectacle...
Entre
le Dictateur
de, et avec, Charlie Chaplin, réalisé en 1940 et mettant en scène
un sosie du führer qui, devant l'opportunité qui lui est offerte de
s'exprimer à la radio, en profite pour prôner la tolérance et la
paix, et La Vie est
Belle
de, et avec, Roberto Benigni, dans lequel Guido et son fils Giosué
sont emmenés dans un camp de concentration et pour éviter l'horreur
qui s'y déroule, le père va faire croire à son fils qu'il s'agit
d'un jeu, aurait donc dû sortir en 1972 ce The
Day the Clown Cried dont
une trentaine de minutes semblent avoir été mises en ligne il y a
de cela quelques mois.
Jerry
Lewis ne fut que le quatrième acteur à avoir été contacté par le
producteur américain Nathan
Wachsberger pour réaliser et interpréter le rôle principal du
film. Malgré ses réticences, Jerry Lewis accepte.
Mais
si l'on en juge par les critiques acerbes de certains journalistes
qui affirmèrent que le film manquait de sensibilité et que
l'intrigue était d'un goût douteux (chose que l'on peut facilement
imaginer en lisant le synopsis), on peut comprendre que Jerry Lewis
ait décidé de retirer l'intégralité des bandes existantes afin de
s'assurer qu'il ne sortirait pas.
L'acteur
Harry Sheater pu, lui, découvrir le film sept ans plus tard et jugea
qu'il était épouvantablement mauvais, que son discours était
pathétique, que l'aspect comique était fort déplacé. Quant à
elle, l'actrice Joan O'Brien estima que The
Day the Clown Cried était
un désastre. Une oeuvre qui elle aussi, est donc passée à la
trappe. Mais le fait même qu'elle existe peut nous faire espérer un
jour pouvoir la contempler dans sa version complète. Ne serait-ce
que pour que nous puissions nous faire un jugement qui nous est
propre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire