Douzième long-métrage
de Russ Meyer, Mudhoney, le Désir dans les Tripes fait
sans doute partie de ce que le cinéaste américain à réalisé de
mieux. L'année suivant la sortie de Lorna, l'incarnation du
désir, l'auteur de la série des Vixen
réembauche pour l'occasion deux des principaux interprètes de son
dixième long-métrage. Lorna Maitland, à laquelle il offre cette
fois-ci un rôle beaucoup moins important (elle y joue une nymphomane
en perpétuelle « représentation »). On retrouve
également l'acteur Hal Hopper qui avait déjà fait sensation et qui
désormais, sublime son rôle d'ivrogne, violeur de femmes, et même
assassin, époux d'une jeune Hanna (Antoinette Cristiani) qui subit
quotidiennement les maltraitantes de son mari pris de boisson.
Heureusement arrive un
jour dans ce bled paumé Calif McQuiney qui, tout juste sorti de
prison, recherche du travail. C'est l'oncle d'Hanna qui va lui
proposer de travailler pour lui à la ferme pour une petite somme
d'argent, tout en lui offrant un toit et le repas gratuit. Très
vite, c'est le coup de foudre entre Hanna et Calif. Mais l'ombre de
Sidney, le mari, plane et le danger guette. D'autant plus que
l'ivrogne s'acoquine avec le pasteur Hanson. Un homme de Dieu qui
chasse à tout va l'adultère. Et comme au village la parole de Dieu
prévaut sur la loi du shérif, très vite, les villageois forment un
groupe soudé autour des deux hommes...
On le sent, Russ Meyer
maîtrise de mieux en mieux son art. Alors qu'en matière de
scénario, l'écriture commençait déjà à se préciser, on
découvre dorénavant une mise en scène elle aussi presque
parfaitement contrôlée. De bons interprètes pour une œuvre qui en
matière de violence monte d'un cran. Avec toujours cette obsession
pour les fortes poitrines qui, si elles sont moins exhibées que dans
la filmographie antérieure de Russ Meyer, demeurent un élément
essentiel pour leur auteur (toutes ses actrices continuent
effectivement d'arborer de beaux atouts mammaires).
La véritable force de
Mudhoney, le Désir dans les Tripes
est d'exhiber une population de rednecks conquis à la cause d'un
prêcheur haranguant les foules pour que soient punis les amants
adultères. L'Amérique profonde et puritaine dans tous ses états.
Le constat dérangeant de pratiques ancestrales totalement dépassées
qui préfigure la supériorité de la religion sur l'autorité
policière.
Des
villageois aveuglés par la religion, et par ce prêcheur-gourou qui
finit par obtenir d'eux qu'ils lynchent et pendent l'un des pires
représentants de l'espèce humaine. Hal Hopper est cet individu
abjecte. Tellement mauvais qu'il tombe presque dans la caricature.
Malgré l'intrigue et la participation de ses partenaires à l'écran,
c'est bien lui dont on retient la performance. Hal Hopper semble
exulter, donnant au mot « monstre » tout son sens.
Russ
Meyer semble avoir une opinion généralement négative de l'homme
puisque souvent, leurs représentants sont des hommes mauvais.
Alcooliques notoires et d'une violence jusqu’au-boutiste. Les
femmes elles, demeurent toujours aussi belles et plantureuses.
Toutes, sauf une. Véritable extraterrestre à la physionomie d'abord
amusante avant de devenir le cliché habituel d'une tribu qu'en
d'autres temps l'on aurait supposée constituée d'individu touchés
par la consanguinité. Ce que viennent affirmer quelques seconds
rôles particulièrement grâtinés. Mudhoney,
le Désir dans les Tripes est
donc assurément l'un des meilleurs Russ Meyer...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire