Depuis presque vingt ans,
le cinéaste canadien David Cronenberg a abandonné son thème de
prédilection. En une quinzaine de longs-métrages environ, il aura
marqué de son empreinte indélébile, une thématique qui
n'appartient qu'à lui. Grand ordonnateur des chairs et de l'esprit
mutant sous l'impulsion de pratiques médicales expérimentales et
révolutionnaires, il a marqué l'esprit d'un public sans doute
beaucoup plus vaste que par le passé avec La Mouche
qu'il réalisa en 1986. Aboutissement et somme de toutes ses
obsessions, cette œuvre à la particularité d'être le remake d'un
film datant de 1958 et réalisé par le cinéaste américain Kurt
Neumann, La Mouche Noire. Un sujet que le cinéaste
canadien ne pouvait que s'approprier pour en donner une vision
formidablement plus aboutie que l'original.
La Mouche
Cronenbergienne a contribué à faire connaître le cinéaste à
travers le monde plus que ne l'avaient fait jusque là ses précédents
films. Car malgré tout, l’œuvre demeure grand public. S'il n'a
pas tout à fait tiré sa révérence à l'époque avec La Mouche,
c'est bien avec ce film qu'il a véritablement donné ses lettres de
noblesse à son genre de prédilection.
La Mouche,
c'est d'abord la rencontre d'une journaliste et d'un scientifique de
génie qui a mis au point une machine capable de téléporter des
objet d'un télépode à un autre. S'il n'a pas encore réussi
à trouver l'astuce permettant d'en faire autant avec des organismes
vivants, c'est au contact, et avec l'aide, de Veronica Quaife que
Seth Brundle finira par en venir à bout. Devant l'engouement d'un
succès consécutifs à de nombreux échecs, Seth décide de passer
outre tout forme de raison et de se téléporter lui-même en
l'absence de Veronica. Malheureusement, lors de l'opération, une
mouche s'insinue dans le téléporteur où il a pris place et
l'ordinateur, incapable de gérer la présence de deux organismes
dans un même appareil, a choisi de les fusionner.
Trente ans après,
l'oeuvre de David Cronenberg a conservé toute sa force, toute
l'émotion qui s'en dégage et que la magnifique partition musicale
de Howard Shore sublime encore davantage. Afin d'incarner le duo
merveilleux et bouleversant Seth-Veronica, David Cronenberg a fait
appel à l'acteur Jeff Goldblum qui n'en était pas à sa première
incursion dans le domaine du fantastique puisqu'on avait déjà pu le
voir dans L'invasion des Profanateurs de Philip Kaufman
et La Sentinelle des Maudits de Michael Winner. A ses
côtés, on découvre l'actrice Geena Davis qui à l'époque n'a
tourné que très peu pour le cinéma. Le duo fonctionne à
merveille. On croit en la sincérité de leur amour et c'est sans
doute ce qui rend plus émouvante encore la fin terrible qu'à choisi
d'illustrer David Cronenberg. Comme cela arrive parfois d'ailleurs
dans le merveilleux monde du septième art, Geena Davis et Jeff
Goldblum se marièrent le 1er novembre 1987.
La Mouche
nous décrit le calvaire d'un homme qui peu à peu voit son intégrité
physique se modifier au profit d'une mutation qui le rapprochera de
plus en plus d'une mouche, l'homme devenant par là même une
donnée de moins en moins concrète. Une transformation passant
également et bien évidemment par une modification comportementale
le rendant totalement vierge de toute émotion. David Cronenberg
parvient avec toute la sensibilité qu'on lui connaît à
retranscrire toute l'horreur de cette situation tragique sans omettre
de nous en mettre plein la vue en terme d'émotion. La séparation
des deux amants étant vécue comme une véritable déchirure.
Concernant les effets-spéciaux qui à l'époque ne relevaient
d'aucune technique numérique demeurent encore aujourd'hui
remarquables. Les maquilleurs Chris Walas et Stephan Dupuis ont
d'ailleurs été récompensés d'un Oscar en 1987 pour le fruit de
leur ouvrage. La Mouche a également reçu le Prix spécial du jury
au Festival international du film fantastique d'Avoriaz la même
année, et quant aux Saturn Awards, y ont été récompensés les
maquillages, le film ainsi que Jeff Goldblum pour son époustouflante
interprétation. Un chef-d’œuvre absolu...
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