Après avoir tourné The
French Peep Show en 1950, le cinéaste mammaire Russ Meyer
n'est retourné à la réalisation que neuf ans plus tard avec The
Immoral Mr. Teas. On peut véritablement établir les débuts
de sa carrière avec ce dernier donc, puisqu'ensuite il ne cessera
plus de tourner avec une déconcertante régularité jusqu'en 1979,
date de sortie du dernier volet des Vixens (Ultra
Vixens). Avec cette première incartade dans l'univers assez
particulier d'un cinéaste qui s'est fait un devoir de dévoiler au
monde entier les poitrines plus qu'avantageuses de jolies poupées
enrôlées pour l'occasion dans des rôles souvent insipides, Russ
Meyer ne s'est pas foulé. Film quasiment muet (mais en couleur) dont
la seule intervention vocale et celle d'un narrateur (donc hors
champ), le reste du casting demeurant désespérément silencieux. On
peut d'ailleurs se demander dans quelle mesure ce choix bénéficie
au film à part d'éventuelles économies en terme de budget puisque
on voit bien les acteurs s'exprimer, mais cela dans un silence de
tombe qui n'est réveillé que par une bande-musicale uniquement
constituée que deux trois ou quatre airs tournant en boucle durant
les soixante-sept minutes que dure The Immoral Mr. Teas.
Épuisante,
donc. Quant au récit, il va falloir se contenter du strict minimum
en terme de scénario puisque Russ Meyer n'a choisi que de nous
montrer le quotidien d'un livreur de prothèses dentaire durant une
bonne grosse partie de son œuvre. Son héros, c'est le Monsieur Teas
du titre. Un type pas très engageant et totalement obnubilé par la
plastique aventageuse des femmes qu'il est mené à côtoyé au
quotidien. Assistante dentaire, secrétaire, serveuse, elles ont
toutes un point commun : une énorme poitrine. Il déambule à
la manière d'un Jacques Tati du nichon.
Car
Monsieur Teas ne fait pas que livrer aux dentistes des prothèses
dentaires mais rêve beaucoup de ces jeunes femmes que sa timidité
et son physique peu avantageux empêche d'aborder. Un jour qu'il a
mal aux dents, Monsieur Teas s'installe sur le fauteuil du dentiste,
lequel lui injecte un anesthésiant qui va avoir un effet inattendu
et surtout, prolongé. En effet, notre héros va, par vagues, avoir
des visions. Ces femmes qu'il a loisir d'imaginer à demi-nue vont
cette fois-ci réellement sez présenter devant lui, entièrement
déshabillées. De quoi contenter un Monsieur Teas conquis par tant
de chair fraîche à disposition de ses yeux de voyeur.
Voici
donc à quoi ressemble The Immoral Mr. Teas.
Une œuvre dont l'érotisme soft ne contentera sans doute que les
fétichistes des seins, et encore. Le premier véritable long-métrage
de Russ Meyer est d'un ennui total. Pas d'histoire, pas de dialogues,
seulement le discours inepte d'une voix-off qui nous explique par
exemple que le soleil a un effet bénéfique sur le corps humain
tandis que trois jeunes femmes s'exhibent devant l'objectif de Russ
Meyer. Ou encore que les États-Unis exportent davantage de tonnages
par an que n'importe quel autre pays. Bref, ON-S'EN-FOU !!!
The Immoral Mr.
Teas,
c'est du Z pur et dur. Mais ne l'oublions pas. Il s'agit tout de même
du premier témoignage visuel d'un genre (le film mammaire) qui
n'appartient qu'à Russ Meyer, sacré roi du trash avant que d'autres
ne viennent empiéter avec davantage de mérite sur son propre
terrain de la provocation (John Waters pour ne citer que l'un des
plus illustres d'entre eux)...
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