Étrange, ce sentiment
qui se dégage de la vision de ce Prince des Ténèbres
datant de 1987. Tout en demeurant l'un des trois ou quatre meilleurs
films de John Carpenter, le dixième long-métrage du spécialiste de
l'épouvante et de l'horreur est peut-être l'un de ceux qui ont le
moins bien vieillis. Est-ce alors pour cette raison, cet attrait qui
naît, on ne sait pourquoi de la nature particulièrement cheap de
certains ouvrages, que certains fans lui consacrent autant d'éloges ?
Pour ma part, Prince des Ténèbres
fut surtout, à l'époque de sa sortie, une expérience assez
traumatisante. Lorsque je le redécouvre aujourd'hui, les sensations
sont différentes. Le plaisir de redécouvrir ce petit groupe de
scientifiques enfermés dans une église un peu à la manière des
personnages du chef-d’œuvre The Thing
du même auteur persiste même après autant d'années. Trente ans
après, il y a des films qui se bonifient. D'autres qui perdent un
peu des qualités qui en faisaient la renommée. Celui de John
Carpenter avait beau distiller une certaine angoisse, aidée en cela
par la partition musicale particulièrement anxiogène que le
cinéaste composa lui-même en collaboration avec le musicien Alan
Howarth, aujourd'hui, les choses ont changées. Prince
des Ténèbres
demeure ce qu'il n'a en réalité jamais cessé d'être : une
bande horrifique de catégorie B, généreuse, digne prédécesseure
(avec un E comme le veut la nouvelle et stupide réforme
orthographique française) des futurs L'Antre de
la Folie,
Le Village des Damnés
ou Vampires
derrière le visage desquels se cache différentes facettes du Mal.
Après
avoir interprété les rôles du Dr Samuel Loomis dans La
Nuit des Masques,
et le président des États-Unis dans New York
1997,
c'est la troisième fois que John Carpenter fait appel à l'acteur
Donald Pleasence. S'il incarne cette fois-ci le rôle d'un prêtre,
le nom de ce dernier, Loomis, est une référence évidente au
personnage qu'il interpréta neuf ans auparavant dans le célèbre
slasher réalisé par le cinéaste.
L'intrigue
tourne autour d'un mystérieux cylindre en verre renfermant une
étrange substance verte mue d'une vie qui lui est propre. Ce
cylindre est caché à l'abri des regard dans les sous-sols d'une
église dont le prêtre qui vivait là depuis trente ans a été
retrouvé dans le coma. Le père Loomis invite le professeur Hoawrd
Birack et ses élèves à venir étudier le phénomène. Bientôt
rejoint par deux biochimistes, le groupe est désormais constitué
d'une dizaine de personnes qui, chacune, dans leur spécialité, va
tenter de découvrir ce que renferme l'objet. A l'aide d'ordinateurs,
ils découvrent notamment que le liquide serait l'incarnation
physique de Satan. Alors que la substance s'échappe du container,
plusieurs étudiants sont possédés après avoir été aspergés.
Les survivants, au nombre desquels se trouvent le père Loomis, le
professeur Birack, l'étudiant en physique théorique Brian Marsh
ainsi que Catherine Danforth, autre étudiante du professeur Birack,
doivent alors se battre pour leur survie. Alors que certains membres
du groupe d'études tentent de s'en prendre aux survivants, Kelly
est la plus touchée d'entre eux et semble avoir été choisie par le
Malin pour le faire revenir dans le monde réel. Allongée sur un
lit, elle se transforme peu à peu, son visage portant les stigmates
du Mal. Pour Catherine, Brian et les autres, impossible de s'échapper
car dehors, des vagabonds se sont réunis et veillent à tuer tous
ceux qui tentent de s'échapper de l'église. A l’intérieur
s'engage alors un combat entre le Bien et le Mal...
Sans
nul doute, ceux qui découvrirent Prince des
Ténèbres à
l'époque de sa sortie en ont conservé un souvenir effrayant. John
Carpenter s'entoure à cette occasion d'une belle brochette. Outre la
présence de Donald Pleasence, on remarquera celle de Susan
Blanchard qui l'année suivante rempilera avec l'excellent Invasion
Los Angeles,
Anne Marie Howard, qui ne tournera pour le cinéma qu'en trois autres
occasions après le film de John Carpenter, Lisa Blount, décédée à
l'âge de cinquante-trois ans seulement mais dont la filmographie
était déjà étoffée de nombreux films, Jameson Parker que l'on pu
découvrir notamment dans Dressé
pour Tuer
de Samuel Fuller et surtout à la télévision pour son rôle dans la
série
Simon et Simon,
et enfin Victor Wong et Dennis Dun qui tous deux jouèrent déjà
ensemble dans Les
Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin
l'année précédente.
Comme
à l’accoutumée, c'est John Carpenter lui-même qui compose la
partition musicale de Prince
des Ténèbres
en compagnie du fidèle Alan Howarth qui travaillera avec le cinéaste
jusqu'à Invasion Los
Angeles.
Une certaine naîveté se dégage d'un certain nombre de propos tenus
par les protagoniste du film de John Carpenter. Ce qui donne à
l'ensemble un aspect cheap qui participe au charme de cette œuvre
qui demeure comme l'une des meilleures de leur auteur. On remarquera
la présence du chanteur de hard-rock Alice Cooper dans le rôle d'un
clochard particulièrement sinistre. Un excellent huis-clos
horrifique que tout fan de films d'épouvante se doit d'avoir vu au
moins une fois dans sa vie...
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