Au beau milieu de sa
carrière de cinéaste, le français Patrice Leconte tourne Les
Grands Ducs en roue libre. Hommage apparent au théâtre de
boulevard, mais surtout amour évident pour un trio d'acteurs
vieillissant, parmi les plus importants du panorama français, cette
petite comédie tournée à la manière d'une pièce de théâtre a
tout pour séduire. La vieille garde y croise la route de jeune
interprètes (Clothilde Courau qui n'a débuté sa carrière au
cinéma que huit ans plus tôt avec Le Petit Criminel
de Jacques Doillon, les personnages campés par ses illustres
partenaires décidant de prendre le sien sous leur aile), et
d'acteurs confirmés (au hasard, Catherine Jacob en Carla Milo,
fausse jumelle de la célèbre et fictive cantatrice Bianca
Castafiore créée
par le dessinateur belge Hergé. Ou encore Michel Blanc dans le rôle
du méchant producteur qui tente de tout faire capoter.
Trois acteurs
vieillissant donc, qui pour se donner l'impression d'être encore
« capables », acceptent chacun de jouer dans une
pièce de théâtre minable. Débutent alors les répétitions.
Douloureuses. Avec un Jean-Pierre Marielle irascible, incontrôlable
et accaparé par la coqueluche que son petit-fils a contracté. Un
Philippe Noiret victime d'un trac immense. Et un Jean Rochefort en
séducteur ringard et qui adapte le texte à son goût. Face à ces
trois là donc, l'actrice Catherine Jacob. LA star de la pièce.
Orgueilleuse et nymphomane, elle est la proie d'un Michel Blanc qui
va lui causer bien des ennuis. Hanche démise, bras cassé, jambe
dans le plâtre, la comédienne, pourtant, résiste.
En terme de répliques,
ça n'est ni du Michel Audiard, ni du Bertrand Blier, mais tout de même, on passe un
agréable moment devant ce trio de personnages qui cabotinent, chacun
à leur manière.
Tandis que l'on a la
curieuse impression d'assister à un document, certes barré, sur les
conditions de répétitions d'une pièce de théâtre, il y a dans
cet espace exigu que représentent les coulisses et la scène en
elles-mêmes, l'idée de partager un moment d'intimité avec une
troupe de théâtre aux personnalités diverses. Des tempéraments,
des humeurs, des envies différents qui compliquent la tâche du
régisseur et de toute l'équipe (l'habilleuse, l'administrateur,
etc...) qui, dans l'ombre travaillent ensemble pour donner sa
cohérence à une pièce relativement médiocre. Il y a pire que le
producteur qui, aux aboies, aimerait faire jouer l'assurance en
faisant couler la boite. Si l'on peut comprendre ses motivations, la
suffisance du metteur en scène interprété par Olivier Pajot a de
quoi irriter. Les Grands Ducs n'est certes pas la plus
belle réussite de son auteur, le film permet cependant de passer un
agréable moment de détente.
Et si les répliques
semblent parfois d'un goût douteux ou d'une relative faiblesse,
elles ne font qu'exagérer l'aspect ringard de la pièce et de ceux
qui l'interprètent. Unir Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Jean
Rochefort et Catherine Jacob dans un même long-métrage est la
meilleure idée qu'ait eu le cinéaste Patrice Leconte ici...
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