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lundi 30 mai 2022

Alice de Valérie Lemercier (2020) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Je parlais récemment d'indifférence et de rejet. Céline Dion faisant partie de cette seconde catégorie, la seule évocation de son nom agit comme la caresse d'une ortie sur une jambe ou sur un avant-bras : parfaitement désagréable ! Autant dire que jusqu'à présent (et peut-être jusqu'à la fin des temps), la moindre allusion concernant la plus célèbre des chanteuses canadiennes a toujours été synonyme d'urticaire, d'eczéma, de poussée de fièvre ou d'acné. L'entendre chanter a toujours trouvé une équivalence chez ceux qui souffrent d'acouphène. Apercevoir sa silhouette ou même simplement entendre son souffre sur un micro avant même que ses lèvres ne prononcent le moindre mot, une épreuve redoutée. Sa carrière d'interprète, sa vie personnelle... ? Sans le moindre intérêt... Ma compagne connaissant mon aversion pour l'artiste, il m'aura fallut un certain temps pour accorder à Aline l'intérêt qu'elle prêta à ce curieux objet filmique que j'ose ranger d'emblée dans la catégorie des multivers. Un monde créé presque de toutes pièces par l'actrice Valérie Lemercier et dans lequel, une Céline Dion alternative serait née Aline Dieu, quatorzième et dernière enfant de Sylvette et Anglomard Dieu. Un challenge, une épreuve, de plus de deux heures. À combattre ce mauvais démon de la variété, pourtant idolâtré par des millions de fanatiques. Dans ce multivers semblable à l'existence de celle que tout le monde croit connaître sur le bout des doigts jusque dans sa relation avec l'agent artistique, mentor et époux de la chanteuse dès le 17 décembre 1994, René Angélil, Valérie Lemercier revient sur son adolescence, sa passion pour le chant, les débuts de sa célébrités et sa rencontre avec le producteur de musique Guy-Claude Kamar. Si même de très loin, ce nom n'évoque rien, la silhouette de l'acteur qui l'interprète ne laisse la place à aucune ambiguïté. Car derrière ce visage rond et cette queue de cheval surmontée par un début de calvitie se cache bien l'homme qui fut l'époux de Céline Dion durant vingt-deux ans...


Aline se révèle fort étonnant. Et surtout, beaucoup moins naïf que ne le laissent présager les trente premières minutes. Pouffant de rire devant une Valérie Lemercier âgée de quatorze ans mais arborant déjà le visage qu'on lui connaît, navré par tant de puérilité et de légèreté, attristé par le naufrage annoncé, petit à petit, le sixième long-métrage de l'actrice/réalisatrice/scénariste prend enfin sa véritable forme à l'issue de cette première demi-heure un peu trop enfantine. Inutile d'aller se renseigner auprès des proches de Valérie Lemercier ou de chercher des articles annonçant qu'elle est fan de la québécoise tant le film transpire l'hommage et la passion. Pourtant, ce témoignage qui marquera sans doute un pas de plus en avant dans la carrière de son auteur n'a pas fait que des heureux. Et parmi ceux qui dénigrèrent Aline, Claudette et Michel Dion, deux éléments de l'immense fratrie de la chanteuse qui ont considéré que Valérie Lemercier n'a fait que se payer un méchant trip sur le dos de leur sœur. Une attitude (la leur, pas cette de l'actrice et réalisatrice) qui montre combien ni l'un, ni l'autre n'a su percevoir ou saisir la subtilité du propos. Sans doute parfois plus intéressée par la relation qui unit Céline Dion et René Angélil que par la carrière de la chanteuse, Valérie Lemercier signe une très belle histoire d'amour dont il restera à déchiffrer ce qui tient de la légende de ce qui sort de l'imaginaire de la scénariste. Animé par quelques standards de la variété internationale (Aline de Christophe, Memory de Barbra Streisand, Long Flight de Robert Charlebois ou Ma vie c'est un manège de Nicoletta), le film est une comédie musicale à lui seul. Entre bonbons sucrés et formidables chansons d'amour...


Difficile d'y rester insensible. Surtout lorsque Aline, tantôt absurde en gamine douée pour le chant et tantôt lumineuse, exprime pour la première fois à l'écran ses sentiments pour celui qui est son aîné de presque trois décennies. Comment expliquer la réaction de certains membres de la famille Dion face au long-métrage lorsque l'alter ego de René Angélil incarné par Sylvain Marcel officialise à Naples leur union ? Si multiplier les scènes intimistes entre les deux amants avec un luxe de pudeur veut dire que l'on s'est ''Payé un méchant trip sur le dos de Céline'', imaginons combien la vie de couple des intéressés doit être fade, sans aspérités, monotone. Bon, après, c'est vrai qu'une fois la moitié du long-métrage passée, Valérie Lemercier s'autorise quelques libertés dans le ton décalé qui lui sied si bien. Mais pas de quoi fouetter un chat. C'est même d'ailleurs plutôt drôle. Lorsqu'elle suit un traitement pour retrouver sa voix ou qu'elle se perd dans la nouvelle et immense demeure qu'elle et son époux viennent de s'offrir. Aucun des plus gros succès de la chanteuse canadienne ne manquent évidemment à l'appel. On regrettera que le play-back ne s'accorde pas toujours avec les lèvres de Valérie Lemercier mais cela reste un détail. Majoritairement interprété par des actrices et acteurs de nationalité québécoise, le film est également l'occasion de découvrir des seconds rôles méconnus du public hexagonal. Aux dernières nouvelles, Céline Dion n'aurait toujours pas vu ce vrai/faux biopic lui étant consacré... Aline reste une jolie surprise. Une comédie rafraîchissante, ponctuée de jolis moments de tendresse et bénéficiant d'une mise en scène à la hauteur de ses ambitions...

 

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