Alors qu'elle suit une
formation au Bureau Fédéral d'Investigation de Quantico en
Virginie, la jeune Clarice Starling se voit confier par son supérieur
Jack Crawford la délicate mission d'aller interroger le docteur
Hannibal Lecter qui pour avoir commis des crimes monstrueux est
enfermé dans le quartier de haute sécurité de l’hôpital
psychiatrique de Baltimore. Parce que le FBI ne parvient pas à
mettre la main sur un tueur en série surnommé Buffalo Bill, Jack
Crawford espère que Clarice parviendra à soutirer des informations
à Lecter. Lors de l'entretien, la jeune femme est confrontée à un
individu d'une intelligence exceptionnelle, charismatique mais aussi
et surtout manipulateur. Bien que leur premier échange semble se
solder par un échec, l'ancien psychiatre aiguille la jeune stagiaire
et la dirige vers un hangar où elle découvre une tête décapitée
enfermée dans un bocal qui se révèle être celle de la première
victime du tueur que traque le FBI. Mais alors que Clarice persévère
dans ses recherches, le tueur frappe de nouveau. En employant une
méthode qui jusque là a déjà fait ses preuves, Buffalo Bill
enlève la fille d'un sénateur. Clarice n'a que quelques jours pour
résoudre l'enquête si elle veut pouvoir sauver la jeune femme des
griffes du serial killer...
Il est sans doute vain de
revenir sur The Silence of the Lambs
(Le Silence des Agneaux)
de Jonathan Demme puisque tout a déjà été dit sur le sujet. Mais
lorsque l'on est cinéphile et amateur de criminologie, il devient
difficile de passer à côté de ce monument en feignant de
l'ignorer. Adaptation du roman culte et éponyme de Thomas Harris,
The Silence of the Lambs est
de ces films qui ont popularisé sur grand écran le mythe du grand
méchant loup. Et l'on ne parle pas ici de ce personnage de conte
notamment rencontré chez les frères Grimm ou chez Ésope mais de
ces individus qui prennent une certaine forme de plaisir à tuer
leurs semblables avec une régularité, une détermination et des
rites qui en font des êtres absolument terrifiants tout en
provoquant chez le commun des mortels, une véritable fascination.
Cela, Thomas Harris l'avait sans doute bien compris à l'époque de
l'écriture du roman en 1988 et après lui, le réalisateur Jonathan
Demme qui débuta ''presque'' (mais pas tout à fait) sa carrière de
réalisateur à la télévision en réalisant l'épisode Meurtre
à la Carte
de l'excellente série policière Columbo
en 1978. Il est avant toute chose important de préciser que le
long-métrage est l'adaptation d'une séquelle littéraire puisque
The Silence of the Lambs
est la suite de Dragon Rouge
écrit lui-même par Thomas Harris en 1981 et adapté lui aussi une
première fois en 1986 par le réalisateur Michael Mann à travers le
chef-d’œuvre et sans aucun doute, meilleur épisode non officiel
de la saga, Manhunter.
Une œuvre incroyablement glaçante dont on retiendra moins
l'interprétation de Brian Cox dans le rôle du docteur Hannibal
Lecktor (!!!) que celles de William L. Petersen dans celui de l'agent
William Graham et de Tom Noonan dans celui, inquiétant, du tueur
Francis Dollarhyde...
Jonathan
Demme confie le rôle de Clarice Starling à l'épatante Jodie Foster
dont le talent n'est plus à vendre, laquelle incarne avec subtilité,
la fragilité d'une jeune stagiaire hantée par un passé douloureux
mêlé à la volonté d'en découdre avec cette affaire qui la touche
personnellement (toutes les victimes sont effectivement des femmes) et qui est essentiellement constitué d'individus de sexe masculin (voir le machisme dont font preuve un certain nombre de représentants mâles lors de l'autopsie à venir sur l'une des victimes de Buffalo Bill).
Face à elle, l'immense acteur et comédien britannique Anthony
Hopkins qui a l'époque est beaucoup plus prolifique sur la scène du
théâtre que sur grand écran. Du moins jusqu'à ce que soit révélée
au monde entier son incroyable aura. Celle qu'il dégage dans le rôle
de Hannibal Lecter. Intelligent, sournois, pervers... L'un des plus
remarquables personnages qu'aient enfanté la littérature et le
cinéma. Troisième personnage important, bien évidemment, c'est
celui qu'incarne l'acteur Ted Levine qui, ironiquement ou non,
incarnera la décennie suivante le capitaine Leland Stottlemeyer de
la mythique série Monk.
Mais d'ici là, il incarne à son tour, un Jame Gumb surnommé
Buffalo Bill terrifiant. Modèle du tueur en série comme le
relèguent les médias. D'ailleurs, ses agissements ne sont pas à
l'origine le simple fruit d'une réflexion de la part de Thomas
Harris mais bien de la combinaison de plusieurs célèbres tueurs en
série ayant réellement défrayé la chronique américaine au siècle
dernier...
Concernant
la ''méthode'' employée par le tueur évoquée plus haut et qui
consiste à mettre en confiance ses futures victimes avant de les
enlever, elle renvoie directement à celle qu'utilisait le célèbre
Theodore Robert Cowell plus connu sous le nom de Ted Bundy. En effet,
celui qui commit de nombreux meurtres sur des femmes entre 1972 et
1978 usa d'un stratagème particulièrement efficace consistant à se
faire aider par de jeunes et jolies femmes lors du chargement de
matériel dans son véhicule alors qu'il portait un faux plâtre a
l'un de ses bras. Autre célèbre meurtrier, sans doute moins
prolifique mais dont les actes furent sans doute encore plus
dérangeants, Edward Theodore Gein, dit Ed Gein, et qui dans les
années cinquante se rendit coupable, entre autre, de deux meurtres
avant que les autorités ne trouvent chez lui, les preuves d'actes
contre-nature absolument monstrueux. À l’écran, Ted Levine crée
un personnage à la sexualité ambiguë et dont les racines de l'acte
homicide ne sont pas clairement établies.
The Silence of the
Lambs est
un modèle de construction et de mise en scène. Porté par une
musique composée par Howard Shore (le compositeur attitré de David
Cronenberg), le film est non seulement un excellent thriller
policier, mais explore efficacement des sous-genres tels que
l'épouvante et l'horreur. Si l’œuvre de Jonathan Demme n'est
jamais aussi glaçante que celle de Michael Mann, le spectateur est
tout de même confronté à une œuvre absolument remarquable,
formidablement interprétée. Le succès aidant, Thomas Harris écrira
les troisième et quatrième volets consacrés à la tétralogie
Hannibal Lecter
en 1999 (Hannibal) et 2006 (Hannibal
Rising).
Quant au cinéma, il se penchera à nouveau sur ce passionnant
personnage à travers plusieurs adaptations. Ridley Scott adaptera
Hannibal
en 2001 avec un long-métrage éponyme tandis qu'en 2002, Brett
Ratner offrira aux cinéphiles, une deuxième adaptation du premier
roman Dragon
Rouge.
Quant à Peter Webber, il réalisera en 2007 le film
Hannibal Lecter : Les Origines du mal
adapté du quatrième roman de la tétralogie. Enfin, la télévision
elle-même s'intéressera au mythe puisqu'en 2013 sera produite la
série Hannibal
dans laquelle l'acteur danois Mads Mikkelsen interprétera le célèbre
psychiatre...
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