Remarqué au PIFFF (Paris
International Fantastic Film Festival) en 2014 où il fut nommé dans
les catégories Œil d'Or du public et Prix spécial Ciné + Frisson,
Starry Eyes,
premier long-métrage du binôme formé par Dennis Widmyer et Kevin
Kölsch, est inévitablement le genre de long-métrage qui ne peut
souffrir d'une quelconque indifférence de la part de celui ou celle
qui le découvre pour la toute première fois. Raccourcir cette œuvre
d'une ampleur horrifique remarquable à son seul statut de film
d''horreur serait réduire le travail accompli par ses auteurs. En
forme d'allégorie convoquant le Diable et ses suppôts, les deux
réalisateurs américains vampirisent non seulement leur héroïne
mais également leur long-métrage. Si le sujet semble d'abord
principalement basé sur l'ambition d'une jeune femme qui pour
subvenir à ses besoins travaille dans un snack mais veut avant tout
devenir actrice, Dennis Widmyer et Kevin Kölsch emploient des
modèles entraperçus chez d'autres cinéastes (l'ombre de Rosemary's
Baby
de Roman Polanski et de Contracted
d'Eric England semble planer au dessus de Starry
Eyes).
Leur premier long-métrage ne pourra donc être totalement considéré
d'original dans son déroulement même s'ils édifient un modèle
pour le moins inattendu. De ces œuvres qui dans le tout Hollywood
nappé de dorures laissent vomi, stupre et hémoglobine se déverser
dans des flots qui donnent parfois la nausée...
Si
le choix est d'abord laissé au spectateur d'évaluer la situation
dans laquelle évolue l'héroïne Sarah Walker, formidablement
interprétée par l'actrice Alexandra Essoe (ses cauchemars
récurrents peuvent laisser supposer dans un premier temps qu'une
partie des événements ne sont le fruit que de son imagination,
voire de ses rêves), Dennis Widmyer et Kevin Kölsch ont l'étrange
idée de faire intervenir à mi-parcours une secte hollywoodienne
dirigée par un effrayant producteur de cinéma (l'inquiétant Louis
Dezseran). C'est ici que l'allégorie commence à tourner à plein
régime et que le spectateur vacille entre ce qu'il suppose être
réel et ce qui demeure du domaine de l'abstrait. En noircissant le
trait à travers ces producteurs véreux dont les deux réalisateurs
trouveront un écho retentissant et surtout impossible à prévoir
trois ans à l'avance (l'affaire Harvey Weinstein), les deux
réalisateurs prennent le parti de développer les conséquences
d'une industrie pas toujours honnête envers ses employés et dont
les répercussions peuvent s'avérer dramatiques sur une toute jeune
actrice en devenir.
Plus
qu'un film d'horreur dont la terminologie reste réductrice, Starry
Eyes évoque
également les névroses de ces jeunes actrices prêtes à tout pour
réussir quitte à écraser la concurrence. À ce titre, le constat
est saisissant, et même si Dennis Widmyer et Kevin Kölsch
outrepassent parfois les limites du raisonnable lors de débordements
sanglants absolument effroyables (on pense notamment à la lente
dégradation physique de Sarah, synonyme d'agonie pestilentielle),
les deux réalisateurs dressent un portrait psychologique de
l'héroïne plutôt subtil. Reste que sous certains aspects, et
notamment l'hallucinant final en forme de rite satanique suivi de la
transformation de l’héroïne, le film demeure à de rares
occasions, grossier voire ridicule. Surtout, Dennis Widmyer et Kevin
Kölsch semblent n'avoir pas idée de comment mettre un terme à leur
histoire. Pour autant, Starry Eyes
est une brillante réussite, parfaitement interprété et qui de
surcroît s'avère esthétiquement remarquable...
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