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jeudi 9 mai 2019

Camping del Terrore de Ruggero Deodato (1985) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Si le cinéaste italien Ruggero Deodato n'avait pas réalisé en 1980 le monumental Cannibal Holocaust, son image aurait-elle l'aura qu'elle connaît auprès des cinéphiles et cinéphages du monde entier ? Que l'on aime ou pas, que l'on considère ce long-métrage comme l’œuvre majeure du genre ''films de cannibales'', qu'on ne parvienne pas à lui trouver le moindre défaut ou qu'au contraire l'on souligne ses nombreux problèmes en matière de mise en scène ou d'interprétation, que l'on reste indifférent à la somme conséquente d'atrocités qui y sont commises ou que les meurtres gratuits et bien réels d'animaux révulsent les estomacs, on peut très objectivement considérer Cannibal Holocaust comme une sorte d'aboutissement qui aura au moins eu le mérite de mettre à jour le principe du ''Found Footage''. Le sujet, le cinéaste l'avait déjà abordé trois ans auparavant en 1977 avec Ultimo Mondo Cannibale et allait quelque peu persévérer sur le sujet en 1985 avec l'intéressant Inferno in Diretta même si le thème central se situe ailleurs.

Quelques années après cela, le réalisateur s'éloigne de ce sujet que l'on pourrait considérer de prédilection pour nous proposer en 1986, sa vision du ''slasher''. ENFIN ! auraient pu évoquer ceux que le cinéma voyeuriste et crapoteux de l'italien ont laissé, au pire, indifférent, au mieux, écœurés. Son Camping del Terrore est ''PRESQUE'' aux antipodes de son Cannibal Holocaust. Ici, pas de tribu primitive chassant l'homme pour s'en nourrir. Rien que des gens comme vous et moi, excepté le personnage incarné par David ''La Dernière Maison sur la Gauche'' Hess dont Ruggero Deodato avait déjà loué les services pour son très moyens La Casa sperduta nel Parco en 1980. Mari trompé, père d'un jeune soldat revenu à la vie civile, il y incarne un individu obsédé à l'idée de prendre dans l'un des pièges qu'il a bâtit dans la forêt attenante à sa maison, l'esprit d'un chaman indien (celui qui orne généralement les affiches et jaquettes du film).

C'est au moment même où ce dernier décide de sévir qu'une bande d'adolescents plus ou moins obsédés par le sexe (une donnée essentielle à tout bon ''slasher''), par les deux roues, et intrigués par un ancien camping abandonné aux mains de Mère Nature que le film ouvre les hostilités pour un résultat ou le terme de ''mitigé'' ne suffit très largement pas à décrire la déception que provoque le spectacle racoleur (nichons et jolies fesses rondes) de ce ''slasher'' du pauvre. C'est mauvais, mais mauvais, à tel point que l'on pourrait croire que derrière le nom de Ruggero Deodato se cache celui, beaucoup moins ''glorieux'', de Lamberto Bava. Auteur d'une ribambelle de navets dont le diptyque Démons 1 & 2 demeure encore ce qu'il a fait de mieux (avec son Macabro).

Mis en musique par Claudio Simonetti (auteur de plusieurs partitions pour Dario Argento mais également Lucio Fulci, Sergio Martino ou encore Umberto Lenzi) et scénarisé par Dardano Sachetti (La Baie Sanglante, L'Au-Delà, La Maison près du Cimetière, Inferno in Dirett, etc...) Camping del Terrore est épouvantablement laid, ponctué d'innombrables séquences de remplissage, répétitives et inutiles qui n'arrivent même pas à égaler celles des classiques Vendredi 13 et Halloween (qui pour le coup, peuvent être considérés comme deux chefs-d’œuvre même si je leur ai toujours préféré The Prowler de Joseph Zito et The Burning de Tony Maylam). Ruggero Deodato ne propose rien de neuf qu'une relecture italienne d'un sous-genre déjà encombré et à laquelle ont notamment participé (on se demande pour quelle raison. L'argent?) les acteurs américains Charles Napier et Mimsy Farmer. D'un ennui abyssal, constitué de quelques scènes d'horreur très peu sanglantes, Camping del Terrore est digne des pires séries B horrifiques italiennes de la fin des années quatre-vingt, Lamberto Bava en tête. Une nullité sans nom. Perso, je retourne découvrir Cannibal Holocaust...

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