Si le cinéaste italien
Ruggero Deodato n'avait pas réalisé en 1980 le monumental Cannibal
Holocaust,
son image aurait-elle l'aura qu'elle connaît auprès des cinéphiles
et cinéphages du monde entier ? Que l'on aime ou pas, que l'on
considère ce long-métrage comme l’œuvre majeure du genre ''films
de cannibales'',
qu'on ne parvienne pas à lui trouver le moindre défaut ou qu'au
contraire l'on souligne ses nombreux problèmes en matière de mise
en scène ou d'interprétation, que l'on reste indifférent à la
somme conséquente d'atrocités qui y sont commises ou que les
meurtres gratuits et bien réels d'animaux révulsent les estomacs,
on peut très objectivement considérer Cannibal
Holocaust
comme une sorte d'aboutissement qui aura au moins eu le mérite de
mettre à jour le principe du ''Found
Footage''.
Le sujet, le cinéaste l'avait déjà abordé trois ans
auparavant en 1977 avec Ultimo Mondo Cannibale
et allait quelque peu persévérer sur le sujet en 1985 avec
l'intéressant Inferno in Diretta
même si le thème central se situe ailleurs.
Quelques
années après cela, le réalisateur s'éloigne de ce sujet que l'on
pourrait considérer de prédilection pour nous proposer en 1986, sa
vision du ''slasher''.
ENFIN ! auraient pu évoquer ceux que le cinéma voyeuriste et
crapoteux de l'italien ont laissé, au pire, indifférent, au mieux,
écœurés. Son Camping del Terrore
est ''PRESQUE'' aux antipodes de son Cannibal
Holocaust.
Ici, pas de tribu primitive chassant l'homme pour s'en nourrir. Rien
que des gens comme vous et moi, excepté le personnage incarné par
David ''La Dernière Maison sur la Gauche''
Hess dont Ruggero Deodato avait déjà loué les services pour son
très moyens La Casa sperduta nel Parco
en 1980. Mari trompé, père d'un jeune soldat revenu à la vie
civile, il y incarne un individu obsédé à l'idée de prendre dans
l'un des pièges qu'il a bâtit dans la forêt attenante à sa
maison, l'esprit d'un chaman indien (celui qui orne généralement
les affiches et jaquettes du film).
C'est
au moment même où ce dernier décide de sévir qu'une bande
d'adolescents plus ou moins obsédés par le sexe (une donnée
essentielle à tout bon ''slasher''), par les deux roues, et
intrigués par un ancien camping abandonné aux mains de Mère Nature
que le film ouvre les hostilités pour un résultat ou le terme de
''mitigé'' ne suffit très largement pas à décrire la déception
que provoque le spectacle racoleur (nichons et jolies fesses rondes)
de ce ''slasher'' du pauvre. C'est mauvais, mais mauvais, à tel
point que l'on pourrait croire que derrière le nom de Ruggero
Deodato se cache celui, beaucoup moins ''glorieux'', de Lamberto
Bava. Auteur d'une ribambelle de navets dont le diptyque Démons
1
& 2
demeure encore ce qu'il a fait de mieux (avec son Macabro).
Mis
en musique par Claudio Simonetti (auteur de plusieurs partitions pour
Dario Argento mais également Lucio Fulci, Sergio Martino ou encore
Umberto Lenzi) et scénarisé par Dardano Sachetti (La
Baie Sanglante,
L'Au-Delà,
La Maison près du Cimetière,
Inferno in Dirett,
etc...) Camping del Terrore
est épouvantablement laid, ponctué d'innombrables séquences de
remplissage, répétitives et inutiles qui n'arrivent même pas à
égaler celles des classiques Vendredi 13
et Halloween (qui
pour le coup, peuvent être considérés comme deux chefs-d’œuvre
même si je leur ai toujours préféré The
Prowler
de Joseph Zito et The Burning
de Tony Maylam). Ruggero Deodato ne propose rien de neuf qu'une
relecture italienne d'un sous-genre déjà encombré et à laquelle
ont notamment participé (on se demande pour quelle raison. L'argent?)
les acteurs américains Charles Napier et Mimsy Farmer. D'un ennui
abyssal, constitué de quelques scènes d'horreur très peu sanglantes, Camping del Terrore est
digne des pires séries B horrifiques italiennes de la fin des années
quatre-vingt, Lamberto Bava en tête. Une nullité sans nom. Perso,
je retourne découvrir Cannibal Holocaust...
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