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jeudi 9 mai 2019

Une Pluie sans Fin (Bàoxuě jiāng zhì) de Dong Yue (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Lorsque l'on pense ''thriller'', on évoque généralement les États-Unis, les pays scandinaves, voire la France. Pourtant, depuis un certain nombre d'années, les amateurs ont le regard rivé vers l'Asie. Surtout depuis que des cinéastes tels que Park Chan-wook, Kim Jee-Woon ou Na Hong-jin ont mis tout le monde d'accord pour dire que le Japon, la Corée du Sud ou bien les Philippines ont tout autant de choses à nous raconter à nous autres, occidentaux, et qu'ils n'ont surtout rien à nous envier en la matière. Des cinéastes venus d'Asie, on pourrait en citer d'autres pas poignées de dix. Quant aux films, ils sont si nombreux que les relever tous sans en omettre un seul serait une véritable gageure. S'il est une contrée dont on n'attendait pas forcément grand chose en la matière (et je sais qu'en écrivant cela, certains penseront sans doute que je manque d'objectivité), c'est bien la Chine. Avec ses traditions, ses quelques incartades dans le domaine fantastiques qui n'appartiennent qu'à cette immense nation. Premier long-métrage du cinéaste Dong Yue, Une Pluie sans Fin (Bàoxuě jiāng zhì pour le titre original) agira sur le mental de ceux qui s'y connaissent en matière de thrillers comme un véritable bain de jouvence les renvoyant à quelques-unes des expériences cinématographiques les plus fortes dans le domaine du polar le plus sombre.

Avec ses trombes d'eau incessantes, l’œuvre de Dong Yue rappellera d'excellents souvenirs à celles et ceux qui découvrirent à l'époque de leur sortie, le déjà lointain (presque un quart de siècle tout de même) Seven du cinéaste américain David Fincher ou le beaucoup plus nihiliste MR73 du français Olivier Marchal. Derrière son titre poétique qui aurait pu laisser présager un drame intimiste (et pourquoi pas pompeux) marqué par la présence d'une Chine ancrée dans une tradition ancestrale, le long-métrage du cinéaste fait au contraire table rase de toute connotation historique (enfin, presque puisqu'une très grande partie du scénario se situe au moment où Hong Kong va se voir rétrocédé à la Chine, le film couvrant une période située entre 1996 et 1997) pour plonger son héros, admirablement incarné (c'est le mot) par l'acteur Duan Yihong qui à l'époque de la sortie de Une Pluie sans Fin a déjà derrière lui une vingtaine de long-métrages à son actif depuis ses débuts d'acteurs dont la carrière fut entamée en 2000.
Il s'agit là, par contre, du premier film de Dong Yue qui d'entrée de jeu, marque les esprits par sa grande maîtrise des espaces et de la mise en scène. Auteur du scénario, le cinéaste chinois signe sans aucun doute possible l'un des plus grands thrillers asiatiques toutes périodes confondues.

D'une noirceur désespérée et d'un nihilisme jusqu’au-boutiste (et superbement mis en musique par le compositeur Ding Ke), Une Pluie sans Fin prend des airs de thriller de fin du monde avec son esthétique quasi-monochromatique que l'on doit au talentueux directeur artistique Liu Qiang et au photographe Cao Tao . Du moins, de celle D'UN monde. Non seulement, celui d'un individu qui n'aura finalement vu sont pays changer qu'à travers les barreaux de sa cellule (vous comprendrez pourquoi en découvrant le film), mais également à travers sa seule existence de flic obnubilé à l'idée de mettre la main sur un tueur en série qui sévit aux abords d'une usine désaffectée et d'une voie de chemin de fer. Dong Yue maîtrise son bébé de bout en bout, et ce qui fait la différence entre son œuvre et celles de certains cinéastes, eux, sud-coréens, japonais ou encore philippins, c'est son approche relativement humble du genre. Sans surenchère, qu'il s'agisse de combats au corps à corps ou d'affrontements par armes à feu. Ces dernières semblent d'ailleurs ici, bannies, et seule la patience et l'endurance du héros pourront éventuellement l'aider à mener à bien sa mission. Mais le héros de Dong Yue est un être bien ordinaire. Tout sauf infaillible.
Outre l'acteur principal incarnant ce flic écorché vif, l’œuvre du cinéaste chinois nous révèle également la présence de la sublime actrice chinoise Jiang Yiyan. Autant pour sa beauté que pour son interprétation, la jeune actrice (alors âgée de trente-trois ans) nous subjugue, surtout lors de sa confrontation avec le héros lors d'une séquence qui fend le cœur et l'esprit. L'une des grandes forces de Une Pluie sans Fin se recèle également dans les quelques moments de bravoure hallucinants de beauté glaciale dont la longue course-poursuite entre le flic Yu Guowei et celui qu'il suppose être le tueur en série, entre une usine abandonnée et une voie de chemin de fer dans un décor de désolation totale n'est pas des moindre. Une Pluie sans Fin est un grand thriller, et même, un grand film, tout simplement...

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