Lorsque toutes les
cartouches sont épuisées, que les méthodes employées sont usées
jusqu'à la corde, il devient alors difficile d'innover en matière
d'horreur et d'épouvante. Triturer les chairs jusqu'à en extraire
la moindre goutte d'hémoglobine ou pousser à fond le volume pour
accentuer la peur ne sert plus à rien. La seule matière sur
laquelle il convient alors d'exercer une pression, c'est la grise.
Notre cerveau. Cette machine complexe qui peut tout autant générer
l'effroi d'un individu tout en laissant indifférent son semblable.
De la pure impulsion électrique capable de transformer n'importe
quelle personne dès lors que l'on sait où appuyer exactement... The
Invitation
est de ces long-métrages qui remplacent peu à peu ce vieux concept
qu'est le cinéma d'horreur et d'épouvante. Finis les vampires, les
loups-garous, ou les zombies. Terminés les tueurs en série, masqués
ou non. Abhorrés les esprits frappeurs et les revenants. C'est
désormais Votre mental que les meilleurs cinéastes devront
entreprendre de titiller. Pourtant, si l'on y réfléchie un instant,
ne faut-il pas être un peu fou pour croire aux vampires ou aux
poltergeists. Ou pour simplement se délecter d'un individu décimant
ses semblables ? Faisons l'effort de regarder le cinéma
d'épouvante dans le blanc des yeux et réalisons enfin que tout ce
que nous avons vu jusque là (ou presque) n'était que parodie.
La
recette de The Invitation ?
Le scénario de Cuisine et dépendances
écrit par un scientologue atteint de troubles
paranoïaques...
La
réalisatrice et scénariste américaine Karyn Kusana oppose deux
points de vue qui dans un cas comme dans l'autre ne se révèlent
jamais rassurants. L'histoire ? Will et sa compagne Kira son
conviés à participer à une soirée organisée par Eden, l'ex-femme
de Will, et par son nouvel époux David. Will et Eden ont divorcé
après la mort accidentelle de leur fils et ont depuis tenté de se
reconstruire chacun de leur côté. Cette soirée est l'occasion pour
Will et Eden de se revoir et de retrouver en outre tous les amis
qu'ils ont en commun. Alors que l'un des invités tarde à venir,
deux autres, que personnes ne connaît à part Eden et David, ont été
invités : Pruitt et Sadie. Si le groupe, constitué d'une
douzaine de personne est enjoué à l'idée de participer à cette
soirée, Will, lui, reste distant. En errant dans cette maison qui
fut la sienne et celle d'Eden, celui-ci remarque des détails
inquiétants. Persuadé que quelque chose d'anormal est en train de
se produire, il en est définitivement convaincu lorsqu'Eden et David
décident de montrer à leur invités une vidéo d'un groupe appelé
The Invitation
que Will assimile immédiatement à une secte...
Une ambiance plombée par un twist final virant à l'absurde... Entre Charles Manson et le récent Us de Jordan Peele...
L'un
des points de vue que la cinéaste exploite est celui qui convint le
personnage interprété par l'acteur Logan Marshall-Green que son
ex-épouse évolue dans une secte. Divers éléments corroborent cet
aspect du récit mais c'est bien le comportement étrange de Will
lui-même qui laisse planer un doute et permet à un second point de
vue de s'imposer : celui selon lequel Will serait victime de
paranoïa. Karyn Kusana joue au yoyo avec ces deux points de vue,
renversant la vapeur à divers endroits et ne laissant aucun répit
au spectateur. Du moins, lors des soixante-quinze premières minutes
puisque après cela, tout s'emballe. Et c'est bien là que le bât
blesse. L'explosion d'énergie contenue jusque là a des chances de
provoquer le rejet parmi certains spectateurs bien que la
réalisatrice apporte une solution évidente. Non pas que l'on aurait
aimé qu'elle entretienne le doute jusqu'à la dernière minute, mais
qu'elle s'en tienne à une explication toute en apesanteur et non pas
ce déploiement qui après tant d'incertitudes fini par plomber le
récit. Et je ne parle même pas de la minute précédent le
générique de fin qui laisse augurer des conséquences dépassant
très largement le cadre de la soirée organisée par Eden et David.
Les vingt dernières minutes (si l'on exclue les cinq que dure le
générique de fin) dénaturent complètement l'atmosphère du
long-métrage de Karyn Kusana ce qui l'empêche d'atteindre les cimes
de l'horreur psychologique. Préférez donc l'horreur ordinaire façon
Préjudice
d'Antoine Cuypers...
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