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mercredi 8 mai 2019

The Invitation de Karyn Kusana (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Lorsque toutes les cartouches sont épuisées, que les méthodes employées sont usées jusqu'à la corde, il devient alors difficile d'innover en matière d'horreur et d'épouvante. Triturer les chairs jusqu'à en extraire la moindre goutte d'hémoglobine ou pousser à fond le volume pour accentuer la peur ne sert plus à rien. La seule matière sur laquelle il convient alors d'exercer une pression, c'est la grise. Notre cerveau. Cette machine complexe qui peut tout autant générer l'effroi d'un individu tout en laissant indifférent son semblable. De la pure impulsion électrique capable de transformer n'importe quelle personne dès lors que l'on sait où appuyer exactement... The Invitation est de ces long-métrages qui remplacent peu à peu ce vieux concept qu'est le cinéma d'horreur et d'épouvante. Finis les vampires, les loups-garous, ou les zombies. Terminés les tueurs en série, masqués ou non. Abhorrés les esprits frappeurs et les revenants. C'est désormais Votre mental que les meilleurs cinéastes devront entreprendre de titiller. Pourtant, si l'on y réfléchie un instant, ne faut-il pas être un peu fou pour croire aux vampires ou aux poltergeists. Ou pour simplement se délecter d'un individu décimant ses semblables ? Faisons l'effort de regarder le cinéma d'épouvante dans le blanc des yeux et réalisons enfin que tout ce que nous avons vu jusque là (ou presque) n'était que parodie.

La recette de The Invitation ? Le scénario de Cuisine et dépendances écrit par un scientologue atteint de troubles paranoïaques...

La réalisatrice et scénariste américaine Karyn Kusana oppose deux points de vue qui dans un cas comme dans l'autre ne se révèlent jamais rassurants. L'histoire ? Will et sa compagne Kira son conviés à participer à une soirée organisée par Eden, l'ex-femme de Will, et par son nouvel époux David. Will et Eden ont divorcé après la mort accidentelle de leur fils et ont depuis tenté de se reconstruire chacun de leur côté. Cette soirée est l'occasion pour Will et Eden de se revoir et de retrouver en outre tous les amis qu'ils ont en commun. Alors que l'un des invités tarde à venir, deux autres, que personnes ne connaît à part Eden et David, ont été invités : Pruitt et Sadie. Si le groupe, constitué d'une douzaine de personne est enjoué à l'idée de participer à cette soirée, Will, lui, reste distant. En errant dans cette maison qui fut la sienne et celle d'Eden, celui-ci remarque des détails inquiétants. Persuadé que quelque chose d'anormal est en train de se produire, il en est définitivement convaincu lorsqu'Eden et David décident de montrer à leur invités une vidéo d'un groupe appelé The Invitation que Will assimile immédiatement à une secte...

Une ambiance plombée par un twist final virant à l'absurde... Entre Charles Manson et le récent Us de Jordan Peele...

L'un des points de vue que la cinéaste exploite est celui qui convint le personnage interprété par l'acteur Logan Marshall-Green que son ex-épouse évolue dans une secte. Divers éléments corroborent cet aspect du récit mais c'est bien le comportement étrange de Will lui-même qui laisse planer un doute et permet à un second point de vue de s'imposer : celui selon lequel Will serait victime de paranoïa. Karyn Kusana joue au yoyo avec ces deux points de vue, renversant la vapeur à divers endroits et ne laissant aucun répit au spectateur. Du moins, lors des soixante-quinze premières minutes puisque après cela, tout s'emballe. Et c'est bien là que le bât blesse. L'explosion d'énergie contenue jusque là a des chances de provoquer le rejet parmi certains spectateurs bien que la réalisatrice apporte une solution évidente. Non pas que l'on aurait aimé qu'elle entretienne le doute jusqu'à la dernière minute, mais qu'elle s'en tienne à une explication toute en apesanteur et non pas ce déploiement qui après tant d'incertitudes fini par plomber le récit. Et je ne parle même pas de la minute précédent le générique de fin qui laisse augurer des conséquences dépassant très largement le cadre de la soirée organisée par Eden et David. Les vingt dernières minutes (si l'on exclue les cinq que dure le générique de fin) dénaturent complètement l'atmosphère du long-métrage de Karyn Kusana ce qui l'empêche d'atteindre les cimes de l'horreur psychologique. Préférez donc l'horreur ordinaire façon Préjudice d'Antoine Cuypers...

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