Qui n'a jamais mis les
pieds dans un vidéoclub (et lorsque je parle de vidéoclub, je parle
de ces magasins bénis des Diables qui ne nous servaient, à l'époque,
que des longs-métrages sur bandes magnétiques) n'a sans doute
jamais bavé devant ces innombrables jaquettes qui, trônant sur les
étagères du rayon Horreur,
laissaient envisager des spectacles peu ragoutants mais hautement
réjouissants pour l'amateur de boucheries et autres joyeusetés
sanguinolentes. Des intitulés bien gras, bien rouges, certains
semblant avoir été écrits de la main d'un polyarthrite ou de celle
d'une proie victime d'un tueur en série ou d'une créature sur le
point de rendre l'âme. Une écriture hésitante, tremblante, mais en
tout cas, une signature commune à bon nombre de films d'horreur et
d'épouvante dont le seul titre évoquait par avance d'hypothétiques
carnages. Avec, à la clé, parfois, une déception. Pulsions
Cannibales
(Apocalypse Domani
dans sa version originale) fit partie de ces bobines prometteuses,
sortie notamment chez American
Video.
Une belle jaquette couleur carmin. Une cité comme engloutie par une
mâchoire sanguinolentes, gavée de chair humaine. Celle que
promettait le titre français.
Derrière
ce titre, l'auteur d'une pléthore de longs-métrages. Le cinéaste
italien Antonio Margheriti, notamment réalisateur du western E
Dio disse a Caino
en 1970, de Flesh for Frankenstein
aux côtés de Paul Morrissey en 1973 ou du nanar de science-fiction
Yor, le Chasseur du Futur en
1983.
Pulsions
Cannibales,
c'est d'abord un sujet intéressant. Le traumatisme post-Vietnam vu à
travers le regard d'anciens combattants ayant contracté une maladie
suite à certaines pratiques dont certains prisonniers américains se
sont rendus responsables. En effet, lorsque le capitaine Norman
Hooper récupère dans un camp de prisonniers deux de ses hommes,
TomThompson et Charlie Bukowski (oui... je sais...) enfermés depuis
des semaines dans un trou à même le sol, il découvre qu'ils se
sont adonnés au cannibalisme. De retour à la vie civile, les trois
hommes ne sont plus tout à fait ceux qu'ils étaient avant de partir
au combat. En effet, ils ont contracté une maladie qui les pousse
instinctivement à mordre et à dévorer leurs congénères. Mary,
l'épouse de Hooper constate alors avec effroi que le comportement de
l'homme qu'elle aime a changé. Surtout depuis que Charlie a refait
surface, libéré de l’hôpital psychiatrique dans lequel il était
retenu enfermé aux cotés de Thompson depuis leur retour du
Vietnam...
Alors
que Pulsions Cannibales
évoque tout d'abord le drame vécu par une partie des soldats
américains ayant mal supporté l'expérience du Vietnam, le film
d'Antonio Margheriti bifurque vers un autre registre, enfantant ainsi
d'un hybride entre drame social et pur film d'horreur. Dans l'esprit
d'un Cannibal Holocaust
urbain côtoyant le Rabid
de David Cronenberg, Pulsions Cannibales
est une œuvre horrifique plutôt efficace malgré des moyens
financier visiblement revus à la baisse. Le film du cinéaste
italien repose avant tout sur les performances de l'américain John
Saxon et de l'italien Giovanni Lombardo Radice, lequel allait
également hanter de son inquiétante trogne le Cannibal
Ferox
d'Ulmberto Lenzi ou le pesant Paura nella Città
dei Morti Viventi
de Lucio Fulci. Une pellicule qui au regard du fantasme que généra
la jaquette généralement proposée dans les vidéoclubs à l'époque
fait pâle figure mais témoigne d'un cinéma horrifique transgressif
et morbide commun à pas mal de cinéastes transalpins... Sympa !!!
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